C’est ce soir qu’avait lieu le vernissage de la nouvelle exposition solo de l’artiste new-yorkais Dan Witz, Recent Works, à la galerie Addict de Paris.
Dès les années 80, Dan Witz est reconnu internationalement pour sa pratique du Street Art. Il peint sur les murs de New York de petits trompe-l’œil tels ses « hoodies », personnages sans visage dissimulés sous leur capuche. Sa maîtrise parfaite de la peinture lui permet d’embellir les espaces urbains en les agrémentant d’oiseaux, de bateaux ou encore de personnages surgissantderrière des grilles. Ces œuvres murales nous proposent une vision poétique de la ville en nous adressant un message social teinté d’humour. (…)
(…) Outre ce travail de rues, les toiles de Dan Witz nous dévoilent une vision très personnelle de la banlieue. L’atmosphère urbaine angoissante qu’elles reflètent rappelle la peinture des anciens maîtres flamands poussant le réalisme jusqu’au malaise. Utilisant toutes les ressources de la peinture à l’huile, l’artiste fait intervenir dans ses références urbaines issues de son expérience de la rue une culture très classique. Il en surgit un univers proche du chaos.
La série des “Mosh Pit”, hordes d’hommes ou d’animaux en mouvement, renvoie à la chorégraphie punk rock qui ritualise la violence. Cet amas de corps sans humanité envahit tout l’espace de la toile et donne le vertige. Les toiles de Dan Witz expriment avec violence une vision de la nature humaine qui à la fois séduit et inconforte.
Autre approche, les “Night Paintings” restituent une banlieue sans âme à la facture en apparence classique et aux lignes épurées. Jaillissent de l’obscurité les façades de boutiques et de maisons dans la quiétude d’une lumière feutrée qui abandonne une impression de vide et de mystère.C’est que devenue outil et sujet principal de toutes les œuvres du peintre, la lumière lui permet de révéler les contours d’un monde flou et effrayant dans lequel chacun peut se perdre.
Dan Witz est aussi le portraitiste de ces icônes contemporaines à la présence fantomatique pieuse et silencieuse, de ces visages saisis par le seul faisceau de téléphones portables. Rarement, l’aliénation de notre mode de vie mêlant chaleur humaine et rayonnement artificiel ne nous aura été aussi subtilement révélée. Il s’agit là d’une approche résolument moderne qui transcende la représentation classique des madones dans leur halo de lumière pour saisir dangers et angoisses de la société actuelle.
Jusqu’au 24 juin.