Category Archives: Art

ROBERT LEBLANC – GLORYLAND

L’artiste Robert LeBlanc, installé à Los Angeles, est un photographe autodidacte qui a le don de capturer des communautés non traditionnelles. Des pompiers aux survivants des ouragans, ses images de la vie en marge de la société offrent un aperçu excentrique d’espaces et d’événements sociaux rarement photographiés. Dans son dernier projet GLORYLAND publié par les éditions britanniques Setanta Books, il continue d’explorer sa fascination pour l’étrange et l’inhabituel. Pendant plus de cinq ans, LeBlanc a documenté une sous-culture typiquement américaine : l’une des rares églises Holiness de Virginie-Occidentale où l’on manipule des serpents. Pour son projet à long terme, LeBlanc a passé ses journées à étudier ces pratiques funestes en voie d’extinction, tout en établissant des relations de confiance avec ses sujets. Il a été accueilli à bras ouverts, ce qui lui a permis de photographier la communauté et sa démonstration de foi dévote en la Bible du roi Jacques dans une position d’immédiateté et de proximité. Ce sens de l’engagement mutuel et de la transparence est apparent dans sa série d’images en noir et blanc, brutes et sans fard, qui traversent les univers du documentaire et du surréalisme. À une époque de grands bouleversements sociaux et d’escalade des conséquences environnementales, l’oeuvre de LeBlanc contribue à une meilleure compréhension de l’expérience humaine contemporaine. Le livre de 378 pages, grande réussite éditoriale, est conçu comme une réplique de la bible avec du papier biblique Scritta, et est présenté dans un coffret original avec gaufrage. Il est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Setanta Books. Une édition limitée à 50 exemplaires avec deux tirages du photographe signés et numérotés est également disponible ici.

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KRASS CLEMENT – TIMESLAG

Krass Clement (né en 1946) est l’un des photographes danois les plus remarquables de sa génération. Toutes ses photographies abordent les questions existentielles de la condition humaine. Elles nous parlent des sentiments de perte, d’angoisse et de solitude. De cette part de vécu que nous essayons tous de maintenir à distance. Si son univers photographique nous touche si profondément, cela tient non seulement à son grand talent visuel, mais également à son aptitude à rendre ces thèmes proches et abordables. Fondée sur le réalisme de la photographie documentaire, la démarche artistique de Krass Clement consiste à travailler les images comme des métaphores. Il compare volontiers sa photographie à la poésie, où quelques mots suffisent à générer chez le lecteur des souvenirs ou un univers entier. Publié par les éditions danoises Gyldendal, Timeslag se compose d’images prises dans les années 1980, mettant en scène le quartier de Nørrebro situé près du cœur de Copenhague. Cette zone, connue pour la diversité de sa population immigrée, a été fortement réaménagé dans les années 1970 et 1980, et a ainsi vu disparaître ses maisons et ses rues, créant un paysage qui rappelle un terrain vague déchiré par la guerre. Les photographies en noir et blanc de Krass Clement servent de narration lyrique et de documentation historique culturelle, capturant le sentiment de perte et de changement. Le livre présente le Nørrebro disparu, mais sert également de réflexion artistique et personnelle sur une époque révolue, à la fois caractéristique et peu familière. Il s’agit d’une histoire culturelle précieuse, qui reflète l’histoire d’une telle ville. Le livre de 144 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Gyldendal.

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FRANCK BOHBOT – BACK TO THE ARCADE

Dans sa série Back to the Arcade publiée par les éditions britanniques Setanta Books, Franck Bohbot fait preuve d’une grande maîtrise des couleurs et d’une grande capacité à cadrer une narration. À travers son objectif, les salles d’arcades s’ouvrent au spectateur comme un court métrage étroitement tissé, noir-esque même. Les photos dégagent une impression de criminalité, comme si vous aviez pénétré dans un bar clandestin où se déroulent des actes cachés, marginaux et célébrés par les quelques chanceux capables de fournir le mot de passe au portier. Et au milieu de tout cela, il y a les machines elles-mêmes : regroupées en collections par ceux qui en sont obsédés, il est tentant de les toucher, d’en jouer. L’œil du photographe parisien, grand fan de cinéma et de jeux vidéos, nous dévoile cette facette de Los Angeles, où les habitants d’aujourd’hui se sont regroupés pour expérimenter les arcanes, pour être solitaires tout en étant en groupe, pour se délecter de la poursuite fantaisiste de leurs rêves. Tout cela baigne dans la lumière unique de Bohbot, à l’image de la ville de Los Angeles elle-même, un lieu où la joie chasse le soleil et où, lorsqu’il se couche, les occupants de la ville trouvent les lieux secrets. Back to the Arcade est une série magistrale qui capture le temps. Le temps qu’il faut à l’objectif complètement ouvert de Bohbot pour enregistrer le peu de lumière à l’intérieur de chaque salle d’arcade. Le temps que les sujets des photos passent devant chaque machine. Et l’idée du temps lui-même, qui semble s’être arrêté à l’intérieur de ces salles d’arcade. Publié à 500 exemplaires seulement, l’ouvrage de 164 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Setanta Books. Une édition limitée avec un tirage du photographe limité à 20 exemplaires signés (trois clichés possibles) est également disponible ici.

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LARA SHIPLEY – DESIRE LINES

Publié par les éditions britanniques Overlapse, Desire Lines, le nouvel ouvrage de la photographe Lara Shipley, suit les mouvements anciens et nouveaux à travers le paysage désertique des frontières de la région de Sonoran, aux États-Unis et au Mexique : les chemins empruntés par les migrants et les agents frontaliers, les missionnaires et les conquistadors, les populations autochtones et les industriels. La collision désordonnée et parfois violente des peuples a créé une région qui défie les récits réducteurs et préjudiciables que l’on attribue si souvent à nos frontières. Les images de la photographe américaine se concentrent sur l’expérience désorientante de ce paysage – un lieu de beauté ou de danger selon le point de vue de ceux qui s’y déplacent. Faussement vide, le paysage est constamment surveillé et contrôlé, avec une présence militaire toujours plus importante qui s’est immiscée dans le quotidien des habitants des communautés environnantes. S’intéressant aux récits de vie inscrits dans le temps, ou sur les territoires, Shipley tente de percer à jour le concept d’identité, et plus particulièrement celle des Américains. La photographe explique: « J’ai commencé à me rendre régulièrement dans les zones frontalières lorsque j’étais étudiante diplômée et que je vivais non loin de là, il y a environ dix ans. La majorité des photographies du livre datent des premières années de l’administration Trump – une période où j’ai été véritablement stupéfaite de l’intensification des patrouilles et de la surveillance des frontières. J’ai tendance à développer des projets sur plusieurs années. Cette approche m’aide à me faire une idée de l’évolution d’un lieu. Je me suis donc intéressée à ce à quoi ont ressemblé les deux dernières décennies, puis les cent, deux cents et trois cents dernières années – depuis que les Anglo-Saxons ont commencé à se déplacer dans la région. » Le livre de 208 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Overlapse.

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BERTIEN VAN MANEN – GLUCKAUF

Née aux Pays-Bas en 1942, Bertien van Manen vit actuellement à Amsterdam. Après avoir commencé sa carrière en tant que mannequin, la photographe est passée derrière l’objectif et a réalisé des photos de mode. En 1976, elle découvre le livre The American, de Robert Frank, qui l’amène vers la photographie documentaire. Travaillant ses sujets en profondeur, avec sensibilité, elle documente les pays de l’Est (A Hundred Summers, A Hundred Winters, 1991), la Chine (East Wind, West Wind, 2001) ou encore les Appalaches (Moonshine, 2014). À chaque série, la photographe explore des modes de présentation différents. Van Manen s’est imposée comme une personnalité exceptionnelle dans le domaine de la photographie documentaire, son langage visuel étant empreint d’empathie et de respect pour la vie quotidienne de ses sujets. Publié par les éditions néerlandaises Fw:Books, Gluckauf aborde un sujet récurrent dans l’œuvre de Van Manen, qui s’est développée jusqu’à la fin des années 1990 : la vie dans les communautés minières. L’intérêt de Bertien van Manen pour la vie minière l’a conduite en 1979 dans le Yorkshire, au Royaume-Uni, où l’exploitation minière était une industrie majeure. Entre 1985 et 2013, elle s’est rendue à huit reprises dans les Appalaches, aux États-Unis, pour photographier d’abord des femmes mineurs, puis régulièrement une famille de mineurs du Kentucky avec laquelle elle s’est liée d’amitié. Au début des années 1990, elle a rendu visite aux habitants d’un village situé dans l’une des plus grandes régions minières du monde, en Sibérie, en Russie. Tout aussi révélatrices sont les photographies que Bertien a prises de Most, une ville de la République tchèque, qui a dû céder toute sa place à l’expansion d’une mine. Le thème des communautés minières est directement lié au parcours de la photographe. Bertien van Manen a grandi à Heerlen, le centre de l’ancienne région minière de l’Est. Son père était ingénieur électricien pour De Staatsmijnen et, enfant, elle aimait rentrer à la maison avec les enfants des mineurs, où l’atmosphère était sans prétention, cordiale et chaleureuse ; une expérience qui l’a profondément marquée. Après avoir quitté le bassin minier de l’Est, Bertien a visité ces lieux à maintes reprises, concentrant ses photographies non pas tant sur les changements socio-économiques, mais plutôt sur les interactions humaines, les relations de toute une vie, l’amour et la souffrance, et les liens tissés par la tradition et la famille. Ce superbe ouvrage de 168 pages avec des clichés de la photographe en noir et blanc et en couleur, est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Fw:Books.

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LARRY SULTAN – SWIMMERS

Né en 1946 à New York, Larry Sultan étudie les sciences politiques à l’université de Californie (1968) puis la photographie au San Francisco Art Institute (1973), où il enseignera ensuite la même discipline de 1978 à 1988, avant d’intégrer le California College of Arts. Il commence sa carrière en combinant des photographies d’archives – des documents d’entreprises ou d’institutions, des publicités, des quotidiens – de manière à laisser percevoir la multiplicité de lectures possibles de ses documents décontextualisés. À cette fin, en 1977, il publie avec un étudiant, Mike Mandel, le livre Evidence (preuve) qui présente 59 photographies sans légende et sans lien évident entre elles. Il montre ainsi que les photographies ne peuvent être utilisées comme une preuve et se situent alors dans le domaine de l’art. Cette démarche novatrice, qui sera reprise par la suite, dérange le milieu culturel. Les éditions britanniques MACK publient aujourd’hui Swimmers, un livre consacré à un projet totalement différent. Entre 1978 et 1982, s’éloignant du travail conceptuel collaboratif pour lequel il s’était fait connaître, Larry Sultan photographie des personnes apprenant à nager dans des piscines publiques de San Francisco. Initialement inspiré par des photographies documentaires en noir et blanc qu’il avait trouvées dans un manuel de natation de la Croix-Rouge, Sultan a rapidement commencé à explorer le besoin de créer des images physiques, sensuelles, immersives et picturales. Les œuvres qui en résultent sont saturées de couleurs et influencées par les formes imprévisibles et les abstractions fortuites qui émergent à travers les réfractions déformées de l’eau comme seconde lentille. Souvent belle et fréquemment troublante dans son ambiguïté, la série se construit pour créer un sentiment d’immersion sensorielle animé par les atmosphères fluides et incertaines vers lesquelles Sultan était attiré. Ce recueil présente toutes les images de la série que Sultan a lui-même choisie et exposée, et s’enrichit d’images supplémentaires qu’il a marquées sur des planches contact, ainsi que d’autres sélections de ses archives qu’il n’a probablement jamais consultées. Le livre de 144 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions MACK.

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FRANCESCA WOODMAN – THE ARTIST’S BOOKS

L’oeuvre de la photographe américaine Francesca Woodman (1958-1981) est pour le moins fulgurante. Par son travail profondément intime et sensible, fondé sur l’exploration perpétuelle du soi et du médium, elle fait de la photographie sa seconde peau. Francesca Woodman a quasi exclusivement utilisé son corps dans ses images, ainsi je suis toujours à portée de main, explique-t-elle, quand l’urgence de la représentation se manifeste. Malgré sa disparition prématurée à l’âge de vingt-deux ans, Francesca Woodman laisse une impressionnante production visuelle. Ses photographies dévoilent de multiples influences allant notamment du symbolisme au surréalisme mais sa précocité est prodigieuse. Elle prend en effet ses premiers clichés à l’âge de treize ans et crée un ensemble d’œuvres salué par la critique pour la singularité de son style et son approche novatrice de la photographie. Malgré les succès – notamment des expositions individuelles et collectives et la publication d’un de ses livres – et la célébration de son travail dans les années qui ont suivi sa mort prématurée en 1981, très peu de choses ont été publiées jusqu’à présent sur sa remarquable série de livres d’artiste. Publié par les éditions britanniques MACK, Francesca Woodman : The Artist’s Books rassemble pour la première fois toutes les pages des huit livres d’artiste uniques de Francesca Woodman en un seul volume complet, y compris deux ouvrages récemment découverts qui n’ont jamais été vus auparavant, à côté de titres plus connus tels que Some Disordered Interior Geometries. Ces œuvres sont basées sur des journaux et des carnets en lambeaux datant du XIXe et du début du XXe siècle, que Woodman déniche dans des librairies et des marchés aux puces de Rome à la fin des années 1970. Elle a par la suite transformé ces volumes chinés, en attachant ses gravures, ses transparents et ses annotations écrites à leurs pages évocatrices. Ces livres témoignent d’une relation sophistiquée à la narration et à la séquence et permettent de mieux comprendre l’étendue de l’engagement de Woodman dans la forme du livre. Ce magnifique ouvrage de 416 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions MACK.

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JASON LEE – TX | CA 17

L’acteur/photographe (ancien skateur professionnel) Jason Lee vient de publier son nouvel ouvrage: TX | CA 17. Il s’agit du nouveau volet d’une exploration photographique en cours de l’Amérique rurale, qui a démarré il y a presque deux décennies sur les routes secondaires de Californie, avec des films Polaroid grand format. Les clichés présentés dans l’ouvrage publié par les éditions britanniques Stanley / Barker ont été pris au cours de l’été 2017 lors d’un voyage en voiture entre le Texas, son État d’adoption, et Los Angeles, où Lee avait vécu auparavant et d’où il avait commencé à photographier sur la route en 2006. C’est la première fois que le photographe publie des images provenant d’une seule sortie. Elles sont présentées par ordre géographique et chronologique (approximatif) : le nord du Texas, le Nouveau-Mexique, l’Arizona, le désert californien et enfin DTLA, où l’on voit l’homme qui attend son bus. Les photos en noir et blanc ont été prises principalement le long des autoroutes 287, 40/66, 62 et 10 et dans leurs environs. « J’ai appris, explique Jason Lee, à bien connaître la plupart de ces lieux, dont certains ont été documentés fréquemment avant et depuis ce voyage. C’est toujours un plaisir de revoir ce qui nous est familier – ces points de repère quelque peu réconfortants, ces rappels – et tout aussi excitant de découvrir de nouveaux sites, de faire de nouvelles photos et d’accumuler de nouveaux souvenirs. C’est ainsi que l’on continue. Après tant d’années de photographie en extérieur, je reste fasciné par le paysage américain et toutes ses parties à la fois belles et curieuses ». Le photographe fait une fois de plus preuve d’une grande maîtrise de la narration et d’une capacité unique à capturer la beauté naturelle et brute, principalement en jouant avec la lumière naturelle. Le livre de 112 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Stanley / Barker.

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MASAHISA FUKASE – PRIVATE SCENES

En se concentrant sur sa vie personnelle, Masahisa Fukase s’est taillé une place unique dans l’histoire de la photographie japonaise des années 1960. Tout en explorant les origines de la photographie, Fukase a développé une pratique majeure au sein d’un groupe d’artistes associés à ce qui fut plus tard connu sous le nom de shi-shashin (I-photography). Fukase a braqué son appareil photo sur son entourage immédiat, y compris sa femme et sa famille. Tout en exposant sa propre vie privée, il a consciemment exploré la folie qui sommeillait au plus profond de lui-même. Publié par les éditions françaises Atelier EXB, cet ouvrage rassemble, pour la première fois, l’intégralité de la série photographique Private Scenes dans laquelle nous découvrons une nouvelle dimension du travail de Masahisa Fukase, celle de l’artiste aux prises avec son médium. Ce corpus singulier se compose d’images dans lesquelles l’artiste s’insère lui-même. Comme l’explique le photographe : « Le moi qui voit est aussi le moi qui est vu. Chaque fois que je pointe le viseur, je suis également regardé. […] Je suis arrivé à un point où je me demande comment j’apparais comme faisant partie intégrante de ce processus. Le sujet du regard est également son objet. » La série est composée de deux ensembles : Letters from Journeys qui présente les photographies prises en 1989 dans différentes villes du monde (Paris, Londres, Bruxelles, Anvers, etc.), et Private Scenes ‘92 qui se concentre sur son quotidien à Tokyo où désormais chaque tirage est réhaussé de peintures de couleur, devenant ainsi une œuvre unique. Il y change d’appareil et ajoute la date sur ses photographies, mais continue de se représenter sur l’image. Cette ultime série témoigne des questionnements de Fukase sur sa propre pratique de la photographie à la fin de sa vie, et de la place du photographe dans son œuvre, lorsque sujet et objet se chevauchent, évoquant également la pratique actuelle du selfie. Tomo Kosuga, directeur des Archives Masahisa Fukase, et Masako Toda, historienne de la photographie japonaise, explorent ce travail à travers deux essais. » Le livre de 192 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne de l’Atelier EXB. Une édition de tête comprenant l’ouvrage sous coffret numéroté de 1 à 30, avec une photographie issue du livre et réalisée en collotypie par l’atelier Benrido à Kyoto sur du papier Washi, est également disponible ici.

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TINA BARNEY – THE BEGINNING

Tina Barney (née en 1945) entreprend à la fin des années 1970 de photographier ses proches et amis, issus, comme elle, des classes aisées de la côte Est des États-Unis. Fine observatrice des rituels familiaux, elle s’intéresse particulièrement aux relations entre les générations, aux codes vestimentaires, aux liens du modèle à son cadre de vie. Ses portraits colorés, souvent de groupe et de grand format, tiennent à la fois de l’instantané familial et de la mise en scène millimétrée, tout en établissant un dialogue avec la peinture classique. Barney a par ailleurs abondamment photographié sur commande (portraits de célébrités pour la presse, travaux de mode), réalisant des clichés dans lesquels elle fait preuve de la même complexité, de la même sensibilité et parfois du même humour que dans ses travaux personnels. Explorant la relation complexe entre artiste et sujet, la photographe américaine capture – et produit – les manifestations d’une ambiguïé sociale et émotive. Les éditions américaines Radius Books publient aujourd’hui son nouvel ouvrage intitulé The Beginning. Au cours de l’été 2020, au plus fort des restrictions imposées par le covid et la quarantaine, barney a commencé à trier ses archives, qui contiennent des centaines de négatifs 35 mm pris entre 1976 et 1980. La découverte de ces images oubliées depuis longtemps lui permet de redécouvrir certains de ses souvenirs les plus intimes de jeune artiste : « Les photographies de ce livre ressemblent à des radiographies de mon esprit et de mes pensées pendant les étés que j’ai passés avec ma famille et mes amis sur la côte Est et à Sun Valley, dans l’Idaho. » En revoyant son travail des décennies passées, Barney s’est retrouvée à méditer sur qui et où elle était à l’époque, ainsi que sur les raisons et la manière dont elle abordait des sujets spécifiques. Qu’est-ce qui l’a poussée à capturer ces moments ? The Beginning englobe l’exploration nostalgique par Barney de ses premiers travaux dans le domaine de la photographie, et reflète en outre un examen de cette période de formation à travers un prisme critique. Le livre de 112 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Radius Books.

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MIRAGE MAGAZINE – ISSUE 6 – UNIVERS PARALLELE

Le magazine indépendant Mirage a été fondé en 2009 par le photographe de mode sud-africain Henrik Purienne et le directeur créatif allemand Frank Rocholl. Il s’agit d’un magazine de mode et de culture de 412 pages inspiré par l’esthétique photographique et la culture hédoniste des années 1960 et 1970. Mirage se concentre principalement sur l’esthétique intemporelle dans les domaines de l’architecture, de l’automobile et de la conception de produits, combinée à des fonctionnalités sur des utopies oubliées et des personnalités créatives influentes. Ses histoires de mode reflètent souvent la relation personnelle du photographe et du mannequin, les thèmes clés étant l’été, le soleil, la jeunesse, la liberté et la rébellion. Embrassant la beauté naturelle, les taches de rousseur et les lignes de bronzage qui l’accompagnent, Mirage crée un monde idéaliste de l’essentiel et de l’intemporel, qui éduque et provoque à la fois. Pour son 6ème numéro intitulé Univers Parallèle, le magazine propose une fois de plus une ambitieuse sélection de sujets: l’architecture et le design sont à l’honneur avec le japonais Kenzo Tange, l’italienne Gae Aulenti, le canadien Arthur Ericksson, l’américain Bruce Goff ou encore Josep Lluís Sert. On y retrouve également des articles sur les photographes Lucien Clergue, Fin Costello, sans oublier le design automobile avec les concept cars Alfa Romeo, le designer Robert Opron et le constructeur de moto italien Laverda. Enfin, le magazine consacre des articles au sculpteur et poète catalan Moisès Villèlia, au mannequin, photographe et réalisatrice française Sarah Moon, sans oublier la légende du basket US Walt Frazier. Devenu culte depuis ses premiers numéros, Mirage Magazine est une incontestable réussite éditoriale et ce dernier volume séduira encore par la richesse et l’audace de son contenu. Mirage Magazine No 6 est maintenant disponible sur la boutique en ligne miragemag.com.

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JASON FULFORD – THE HEART IS A SANDWICH

Photographe, designer, éditeur (J&L Books), Jason Fulford adopte avec talent le livre de photographie comme principal mode d’expression, dans lequel ses photos construisent plusieurs niveaux d’expression à travers leur séquence et leur agencement. S’intéressant à la façon dont les associations produisent du sens, ses images ont été qualifiées de métaphores ouvertes. L’artiste américain présente aujourd’hui The Heart is a Sandwich, publié par les éditions britanniques MACK. À la fois drôle, profond, absurde et d’une beauté inattendue, ce nouveau livre de photos est un recueil de douze histoires tirées d’une décennie de rencontres fortuites avec l’Italie. Sous la forme d’un livre de poche de la taille d’un roman, le livre comprend des rencontres avec des boulangers bavards, la cave d’un musée qui explose, les notes d’Aldo Rossi sur le bonheur, le centre de la Terre et le garage de Guido Guidi. Chaque histoire fonctionne d’une manière différente. « J’espère qu’elles représentent toutes un sentiment spécifique », déclare Fulford au sujet de la logique du livre. « Coriandoli est purement esthétique. Metamorfosi est littéralement un documentaire sur une expérience que j’ai vécue. The Heart is a Sandwich est personnel et un peu abstrait. J’aime vraiment toutes ces séquences pour des raisons multiples et changeantes. C’est un peu comme dans la vie, on se réveille chaque jour avec un équilibre différent d’émotions et de logique. J’espère que le livre représente ces façons d’être – d’une certaine manière, les différents soi que l’on a en soi ». Les images de Fulford sont d’une simplicité trompeuse, imprégnées d’un don certain pour la composition qui fait ressortir les métaphores et les significations. Reconnu internationalement pour ses talents d’éditeur, Fulford utilise une articulation en couches et un séquençage minutieux pour suggérer un sens ambigu et inviter à une lecture sans fin. Le livre de 320 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions MACK.

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