Category Archives: Art

JASON LEE – TX | CA 17

L’acteur/photographe (ancien skateur professionnel) Jason Lee vient de publier son nouvel ouvrage: TX | CA 17. Il s’agit du nouveau volet d’une exploration photographique en cours de l’Amérique rurale, qui a démarré il y a presque deux décennies sur les routes secondaires de Californie, avec des films Polaroid grand format. Les clichés présentés dans l’ouvrage publié par les éditions britanniques Stanley / Barker ont été pris au cours de l’été 2017 lors d’un voyage en voiture entre le Texas, son État d’adoption, et Los Angeles, où Lee avait vécu auparavant et d’où il avait commencé à photographier sur la route en 2006. C’est la première fois que le photographe publie des images provenant d’une seule sortie. Elles sont présentées par ordre géographique et chronologique (approximatif) : le nord du Texas, le Nouveau-Mexique, l’Arizona, le désert californien et enfin DTLA, où l’on voit l’homme qui attend son bus. Les photos en noir et blanc ont été prises principalement le long des autoroutes 287, 40/66, 62 et 10 et dans leurs environs. « J’ai appris, explique Jason Lee, à bien connaître la plupart de ces lieux, dont certains ont été documentés fréquemment avant et depuis ce voyage. C’est toujours un plaisir de revoir ce qui nous est familier – ces points de repère quelque peu réconfortants, ces rappels – et tout aussi excitant de découvrir de nouveaux sites, de faire de nouvelles photos et d’accumuler de nouveaux souvenirs. C’est ainsi que l’on continue. Après tant d’années de photographie en extérieur, je reste fasciné par le paysage américain et toutes ses parties à la fois belles et curieuses ». Le photographe fait une fois de plus preuve d’une grande maîtrise de la narration et d’une capacité unique à capturer la beauté naturelle et brute, principalement en jouant avec la lumière naturelle. Le livre de 112 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Stanley / Barker.

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MASAHISA FUKASE – PRIVATE SCENES

En se concentrant sur sa vie personnelle, Masahisa Fukase s’est taillé une place unique dans l’histoire de la photographie japonaise des années 1960. Tout en explorant les origines de la photographie, Fukase a développé une pratique majeure au sein d’un groupe d’artistes associés à ce qui fut plus tard connu sous le nom de shi-shashin (I-photography). Fukase a braqué son appareil photo sur son entourage immédiat, y compris sa femme et sa famille. Tout en exposant sa propre vie privée, il a consciemment exploré la folie qui sommeillait au plus profond de lui-même. Publié par les éditions françaises Atelier EXB, cet ouvrage rassemble, pour la première fois, l’intégralité de la série photographique Private Scenes dans laquelle nous découvrons une nouvelle dimension du travail de Masahisa Fukase, celle de l’artiste aux prises avec son médium. Ce corpus singulier se compose d’images dans lesquelles l’artiste s’insère lui-même. Comme l’explique le photographe : « Le moi qui voit est aussi le moi qui est vu. Chaque fois que je pointe le viseur, je suis également regardé. […] Je suis arrivé à un point où je me demande comment j’apparais comme faisant partie intégrante de ce processus. Le sujet du regard est également son objet. » La série est composée de deux ensembles : Letters from Journeys qui présente les photographies prises en 1989 dans différentes villes du monde (Paris, Londres, Bruxelles, Anvers, etc.), et Private Scenes ‘92 qui se concentre sur son quotidien à Tokyo où désormais chaque tirage est réhaussé de peintures de couleur, devenant ainsi une œuvre unique. Il y change d’appareil et ajoute la date sur ses photographies, mais continue de se représenter sur l’image. Cette ultime série témoigne des questionnements de Fukase sur sa propre pratique de la photographie à la fin de sa vie, et de la place du photographe dans son œuvre, lorsque sujet et objet se chevauchent, évoquant également la pratique actuelle du selfie. Tomo Kosuga, directeur des Archives Masahisa Fukase, et Masako Toda, historienne de la photographie japonaise, explorent ce travail à travers deux essais. » Le livre de 192 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne de l’Atelier EXB. Une édition de tête comprenant l’ouvrage sous coffret numéroté de 1 à 30, avec une photographie issue du livre et réalisée en collotypie par l’atelier Benrido à Kyoto sur du papier Washi, est également disponible ici.

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TINA BARNEY – THE BEGINNING

Tina Barney (née en 1945) entreprend à la fin des années 1970 de photographier ses proches et amis, issus, comme elle, des classes aisées de la côte Est des États-Unis. Fine observatrice des rituels familiaux, elle s’intéresse particulièrement aux relations entre les générations, aux codes vestimentaires, aux liens du modèle à son cadre de vie. Ses portraits colorés, souvent de groupe et de grand format, tiennent à la fois de l’instantané familial et de la mise en scène millimétrée, tout en établissant un dialogue avec la peinture classique. Barney a par ailleurs abondamment photographié sur commande (portraits de célébrités pour la presse, travaux de mode), réalisant des clichés dans lesquels elle fait preuve de la même complexité, de la même sensibilité et parfois du même humour que dans ses travaux personnels. Explorant la relation complexe entre artiste et sujet, la photographe américaine capture – et produit – les manifestations d’une ambiguïé sociale et émotive. Les éditions américaines Radius Books publient aujourd’hui son nouvel ouvrage intitulé The Beginning. Au cours de l’été 2020, au plus fort des restrictions imposées par le covid et la quarantaine, barney a commencé à trier ses archives, qui contiennent des centaines de négatifs 35 mm pris entre 1976 et 1980. La découverte de ces images oubliées depuis longtemps lui permet de redécouvrir certains de ses souvenirs les plus intimes de jeune artiste : « Les photographies de ce livre ressemblent à des radiographies de mon esprit et de mes pensées pendant les étés que j’ai passés avec ma famille et mes amis sur la côte Est et à Sun Valley, dans l’Idaho. » En revoyant son travail des décennies passées, Barney s’est retrouvée à méditer sur qui et où elle était à l’époque, ainsi que sur les raisons et la manière dont elle abordait des sujets spécifiques. Qu’est-ce qui l’a poussée à capturer ces moments ? The Beginning englobe l’exploration nostalgique par Barney de ses premiers travaux dans le domaine de la photographie, et reflète en outre un examen de cette période de formation à travers un prisme critique. Le livre de 112 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Radius Books.

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MIRAGE MAGAZINE – ISSUE 6 – UNIVERS PARALLELE

Le magazine indépendant Mirage a été fondé en 2009 par le photographe de mode sud-africain Henrik Purienne et le directeur créatif allemand Frank Rocholl. Il s’agit d’un magazine de mode et de culture de 412 pages inspiré par l’esthétique photographique et la culture hédoniste des années 1960 et 1970. Mirage se concentre principalement sur l’esthétique intemporelle dans les domaines de l’architecture, de l’automobile et de la conception de produits, combinée à des fonctionnalités sur des utopies oubliées et des personnalités créatives influentes. Ses histoires de mode reflètent souvent la relation personnelle du photographe et du mannequin, les thèmes clés étant l’été, le soleil, la jeunesse, la liberté et la rébellion. Embrassant la beauté naturelle, les taches de rousseur et les lignes de bronzage qui l’accompagnent, Mirage crée un monde idéaliste de l’essentiel et de l’intemporel, qui éduque et provoque à la fois. Pour son 6ème numéro intitulé Univers Parallèle, le magazine propose une fois de plus une ambitieuse sélection de sujets: l’architecture et le design sont à l’honneur avec le japonais Kenzo Tange, l’italienne Gae Aulenti, le canadien Arthur Ericksson, l’américain Bruce Goff ou encore Josep Lluís Sert. On y retrouve également des articles sur les photographes Lucien Clergue, Fin Costello, sans oublier le design automobile avec les concept cars Alfa Romeo, le designer Robert Opron et le constructeur de moto italien Laverda. Enfin, le magazine consacre des articles au sculpteur et poète catalan Moisès Villèlia, au mannequin, photographe et réalisatrice française Sarah Moon, sans oublier la légende du basket US Walt Frazier. Devenu culte depuis ses premiers numéros, Mirage Magazine est une incontestable réussite éditoriale et ce dernier volume séduira encore par la richesse et l’audace de son contenu. Mirage Magazine No 6 est maintenant disponible sur la boutique en ligne miragemag.com.

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JASON FULFORD – THE HEART IS A SANDWICH

Photographe, designer, éditeur (J&L Books), Jason Fulford adopte avec talent le livre de photographie comme principal mode d’expression, dans lequel ses photos construisent plusieurs niveaux d’expression à travers leur séquence et leur agencement. S’intéressant à la façon dont les associations produisent du sens, ses images ont été qualifiées de métaphores ouvertes. L’artiste américain présente aujourd’hui The Heart is a Sandwich, publié par les éditions britanniques MACK. À la fois drôle, profond, absurde et d’une beauté inattendue, ce nouveau livre de photos est un recueil de douze histoires tirées d’une décennie de rencontres fortuites avec l’Italie. Sous la forme d’un livre de poche de la taille d’un roman, le livre comprend des rencontres avec des boulangers bavards, la cave d’un musée qui explose, les notes d’Aldo Rossi sur le bonheur, le centre de la Terre et le garage de Guido Guidi. Chaque histoire fonctionne d’une manière différente. « J’espère qu’elles représentent toutes un sentiment spécifique », déclare Fulford au sujet de la logique du livre. « Coriandoli est purement esthétique. Metamorfosi est littéralement un documentaire sur une expérience que j’ai vécue. The Heart is a Sandwich est personnel et un peu abstrait. J’aime vraiment toutes ces séquences pour des raisons multiples et changeantes. C’est un peu comme dans la vie, on se réveille chaque jour avec un équilibre différent d’émotions et de logique. J’espère que le livre représente ces façons d’être – d’une certaine manière, les différents soi que l’on a en soi ». Les images de Fulford sont d’une simplicité trompeuse, imprégnées d’un don certain pour la composition qui fait ressortir les métaphores et les significations. Reconnu internationalement pour ses talents d’éditeur, Fulford utilise une articulation en couches et un séquençage minutieux pour suggérer un sens ambigu et inviter à une lecture sans fin. Le livre de 320 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions MACK.

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IAN HOWORTH – A COUNTRY KIND OF SILENCE

Ian Howorth est un photographe actuellement installé à Brighton, au Royaume-Uni. Travaillant presque exclusivement sur pellicule analogique, son œil est attiré par la nature parfois kitsch des villes balnéaires anglaises. Ayant vécu dans différents endroits pendant son enfance, Howorth cherche à retrouver dans son travail la nostalgie de sa jeunesse, lorsqu’il se rendait en Grande-Bretagne avec son père. Son oeuvre s’inspire des pionniers américains de la photographie en couleur, Stephen Shore et William Eggleston, ainsi que d’artistes européens tels que Luigi Ghirri. Il s’inspire de ces langages visuels pour explorer le paysage unique du Royaume-Uni, souvent avec des juxtapositions pleines d’esprit qui rappellent les premiers travaux de Martin Parr. Le sens immaculé de la composition de Howorth attire l’attention sur les détails perdus du quotidien ou du banal. Les éditions britanniques Setanta Books publient aujourd’hui son troisième ouvrage intitulé A Country Kind of Silence. Le photographe y explore la perspective visuelle de l’Angleterre, les lieux physiques et les paysages en relation avec le temps, du point de vue d’un individu qui n’est pas originaire de ce pays. Howorth explique : « Je pense que le fait de ne pas être originaire d’un endroit vous permet de le voir légèrement différemment, presque comme s’il contrastait avec quelque chose d’autre plutôt que d’être simplement regardé de manière singulière. (…) Je veux célébrer cette période de transition que connait actuellement la Grande Bretagne avec des images qui montrent un calme tranquille, un moment de silence capturant divers éléments du passé avant qu’ils ne soient perdus et oubliés. » Ce superbe ouvrage de 156 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Setanta Books.

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WILL VOGT – THESE AMERICANS

La photographie a une longue et complexe histoire de documentation sur les plus démunis, mais il est rare, voire inexistant, que les privilégiés soient vus sous le même jour sans fard. Au cours des 50 dernières années, tout en menant des carrières dans le pétrole et le gaz, la chasse et l’élevage, Will Vogt a photographié son cercle social. Ses images de sa famille et de ses amis, prises principalement à Watch Hill (Rhode Island), dans son ranch du sud du Texas et dans les lieux qu’il fréquente, comme les domaines de chasse au Royaume-Uni, offrent un aperçu brut d’une classe supérieure américaine inaccessible à la plupart des gens et remarquablement inchangée par la société contemporaine. Qui mieux qu’un initié pouvait faire la chronique de ce monde privilégié ? Le photographe explique: « J’étais le type avec l’appareil photo et, à l’époque, c’était une nouveauté », explique Vogt. « Les gens n’étaient pas contre le fait d’être photographiés parce qu’ils n’allaient pas être publiés sur les réseaux sociaux de quelqu’un le lendemain. Il n’y avait aucune appréhension. » Publié par les éditions néerlandaises Schilt Publishing & Gallery, These Americans, édités par les photographes Jennifer Garza-Cuen et Jordan Baumgarten, est une description intime de la vie d’un homme et un portrait révélateur des élites américaines de 1969 à 1996. L’ouvrage contient un essai introductif rédigé par Jay McInerney, sensation littéraire, salué comme la voix d’une génération. Le livre de 240 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Schilt Publishing & Gallery.

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MASAHISA FUKASE – 1961-1991 RETROSPECTIVE

À l’occasion de la grande rétrospective du photographe japonais Masahisa Fukase au Tokyo Photographic Art Museum, les éditions Akaaka publient Masahisa Fukase – 1961-1991 Retrospective, un très beau catalogue de l’exposition qui se tient jusqu’au 4 juin 2023. En se concentrant sur sa vie personnelle, Masahisa Fukase s’est taillé une place unique dans l’histoire de la photographie japonaise des années 1960. Tout en explorant les origines de la photographie, Fukase a développé une pratique majeure au sein d’un groupe d’artistes associés à ce qui fut plus tard connu sous le nom de shi-shashin (I-photography). Fukase a braqué son appareil photo sur son entourage immédiat, y compris sa femme et sa famille. Tout en exposant sa propre vie privée, il a consciemment exploré la folie qui sommeillait au plus profond de lui-même. Cette liberté a donné naissance à des œuvres remarquables et inégalées qui combinent le regard bienveillant de Fukase pour ses sujets et son sens de l’humour insouciant. Le livre présente un ensemble substantiel d’œuvres, y compris des pièces de la collection du musée tirées d’œuvres majeures de Fukase, telles que « Y?gi (Homo Ludence) », « Karasu (Ravens) » et « Kazoku (Family) ». Parmi les autres œuvres marquantes, citons « Y?ko » (qui fait partie de la série From Window), « Karasu (Ravens) », acquise par le Nihon University College of Art au début des années 1980, ainsi que « Bukubuku » et « Sasuke », qui proviennent tous deux d’une collection privée. Retraçant la trajectoire de Fukase des années 1960 au début des années 1990, l’ouvrage de 216 pages – disponible sur la boutique en ligne des éditions Akaaka – offre aux lecteurs l’occasion de découvrir l’univers unique de l’artiste.

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HENRI CARTIER-BRESSON, HELEN LEVITT – MEXIQUE MEXICO

hen cartier-bresson helen levitt

À l’occasion du dialogue inédit entre les photographies mexicaines de Helen Levitt (1913-2009) et celles de Henri Cartier-Bresson (1908-2004) à la Fondation HCB de Paris, les éditions allemandes Verlag Der Buchhandlung Walther König publient Mexique Mexico, le catalogue de l’exposition. En 1934, Henri Cartier-Bresson part au Mexique pour suivre une mission ethnographique interrompue en cours de route, faute de financement. Très séduit par le pays, il décide d’y rester neuf mois. « Ce n’est pas une curiosité à visiter mais une vie à vivre », écrit-il à ses parents. Il y rencontre de nombreux artistes et y expose en mars 1935 avec Manuel Álvarez Bravo au Palacio de Bellas Artes à Mexico, avant de partir pour New York. En avril 1935, âgée de 21 ans et n’ayant encore jamais voyagé, Helen Levitt est subjuguée par les images mexicaines du Français qu’elle découvre à l’occasion de l’exposition Documentary & Anti-Graphic Photographs présentée à la galerie Julien Levy à New York. Les photographies d’Henri Cartier-Bresson côtoient celles de Manuel Álvarez Bravo et de Walker Evans. « Walker Evans était brillant, très brillant, mais Cartier-Bresson était un génie ! » aimait-elle à dire. La rencontre avec ces deux derniers décide Helen Levitt à devenir elle-même photographe. Elle aide aussi Henri Cartier-Bresson pour ses tirages car « il n’aimait pas tirer », racontera-t-elle des années plus tard. Quelques années après, en 1941, Helen Levitt embarque pour le Mexique en compagnie d’Alma Agee, épouse du romancier James Agee, et de son fils Joel. De toute sa longue carrière photographique, c’est le seul voyage à l’étranger qu’elle fera. Elle reste dans la ville de Mexico s’attachant à explorer les territoires encore à la limite de la campagne. Comme à New York, c’est l’intimité avec les personnages de ses images qu’elle recherche. Et comme Cartier-Bresson, c’est aussi le pittoresque qu’elle fuit. Mexique Mexico présente une sélection de clichés issus de ces deux périples au Mexique, qui s’avèrent décisifs au début de leurs longues carrières, Henri Cartier-Bresson et Helen Levitt y forgeant leurs conceptions respectives de la photographie. Le livre de 156 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Verlag Der Buchhandlung Walther König.

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GAURI GILL & RAJESH CHAITYA VANGAD – FIELDS OF SIGHT

Gauri Gill

Depuis plus de vingt ans, la photographe indienne Gauri Gill observe, en noir et blanc et couleurs, le quotidien de la population rurale et périurbaine du Rajasthan en Inde, s’attachant notamment aux communautés devant inventer des modes de survie et d’affirmation identitaire, Gill ayant développé une approche collaborative avec des artistes locaux. C’est notamment le cas avec la série Fields of Sight, conçu en collaboration avec le célèbre artiste indigène Rajesh Chaitya Vangad, et dont les éditions suisses Edition Patrick Frey publient aujourd’hui le livre. La série a commencé début 2013 à Ganjad, Dahanu, un village adivasi de la côte du Maharashtra. Un nouveau langage visuel a émergé en symbiose des premières expériences de Gill en matière de photographie du paysage. En regardant ses planches contact, elle s’est aperçue que même si l’appareil photo capturait la peau « caméléon » du paysage, il manquait des aspects vitaux de ce qui n’était pas apparent à l’œil, mais qui était vivement relayé dans les grandes histoires mythiques et expérientielles que lui avait racontées Vangad. Les photographies de Gill, accompagnées des dessins de Vangad, reconfigurent le site photographique tant sur le plan formel que conceptuel, pour aboutir à de nouveaux documents de vérités multiples et de systèmes de connaissance. En regardant le paysage à travers les yeux de Vangad, Gill ravive le besoin de remettre en question la façon dont nous voyons les choses aujourd’hui, ce que nos yeux captent et ce qui peut leur échapper. « C’est comme si l’on photographiait une vieille maison et que son habitant sortait et commençait à parler », explique la photographe. L’ouvrage de 372 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Edition Patrick Frey.

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ROSE EKEN – SHRINE

rose eken

Publié par les éditions danoises Book Lab, Shrine est le nouvel ouvrage de Rose Eken, qui présente une collection de son travail des cinq dernières années (2018 – 2022) et est accompagné d’essais de la critique et historienne de l’art Maria Kjær Themsen, ainsi que du critique d’art et auteur britannique Jonathan Griffin et du docteur en philosophie, Heine Hansen. L’œuvre de l’artiste originaire de Copenhague a de nombreux supports et comprend notamment la sculpture en céramique, la broderie, la peinture, la vidéo et l’installation. Son univers englobe en particulier la culture des fans et les traces de la création artistique qui sont visualisées du point de vue de l’artiste. Les déchets et les objets laissés par les musiciens de rock, par exemple : instruments, canettes de bière, mégots de cigarettes, sont au centre de l’attention et reçoivent une touche féminine dans des matériaux tels que la broderie de soie et la fragile céramique. En juxtaposant des objets et en ramenant l’art de la nature morte, Eken crée des récits qui déclenchent l’imagination et la mémoire du public. Un lustre cassé, des urnes émaillées, des godemichés, des cartes de tarot et des fleurs fanées. Au cours des cinq dernières années, les motifs de l’artiste ont changé de nature. Les installations colorées en céramique ont été remplacées par des éléments noirs et une atmosphère de décomposition. L’obscurité et la mort occupent désorais une place centrale dans son oeuvre. Cette évolution est étroitement liée aux crises mondiales et aux événements survenus dans la vie de Rose Eken. L’artiste explique: « Nous portons tous en nous une part d’ombre, qu’elle soit liée à notre personnalité ou à des circonstances extérieures. Mais les pensées sombres ont tendance à être taboues, cachées ou supprimées. À un moment donné, nous devons choisir entre nous perdre dans la douleur ou tirer de la force de la blessure ». « À l’heure de la monoculture induite par l’internet, il est encore plus important d’accepter l’obscurité – les cicatrices, les traumatismes, le chagrin, la peur, la mort et même le mal. Ces thèmes sont importants si nous voulons reconnaître notre vrai moi. J’ai essayé de créer un espace de contemplation et d’immersion dans l’obscurité et la mort », précise t-elle. Le livre de 288 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Book Lab.

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WILLY SPILLER – HELL ON WHEELS

WILLY SPILLER

À l’occasion de la grande rétrospective consacrée au photographe suisse Willy Spiller, les éditions de la galerie de Zurich/Amsterdam Bildhalle viennent de rééditer son ouvrage phare: Hell On Wheels. À l’instar des États-Unis entant que melting-pot, le métro, protagoniste incontestable de cette série, peut se définir comme un “boiling-pot” : un vivier cosmopolite bouillonnant mêlant hommes d’affaires, dealers, femmes au foyer, policiers et chefs de gang. Publiées pour la première fois en 1984, les scènes du photographe suisse dans le métro new-yorkais, reconnu comme l’un des métros les plus dangereux au monde, racontent rétrospectivement une histoire différente: celle du glamour et de la couleur, de la curiosité et du divertissement. On apprécie aujourd’hui ces images d’une façon plus objective, sans le sensationnalisme, le danger et le voyeurisme proclamés par les médias à l’époque, mais plutôt avec la fascination de ce jeune européen fraichement débarqué à New York pour son peuple, ses néons, son agitation et son énergie implacable. Saisie sur pellicules de diapositives couleur Kodachrome, la vision de Spiller du système de transport souterrain sordide de la ville s’inscrit dans la lignée de celle d’autres pionniers qui ont documenté New York en couleur (on pense notamment à Bruce Davidson avec son projet Subway ou encore à l’œuvre de Joel Meyerowitz). Pris entre 1977 et 1984, les clichés de Willy Spiller nous font revivre avec une certaine nostalgie le New York d’il y a quelques décennies, avec l’émergence du rap et du graffiti, une ville en effervescence culturelle et au dynamisme créatif hors-norme. Ses images chargées d’émotion sont autant un document visuel incomparable du quotidien des new-yorkais dans le métro, qu’une ode colorée à la ville de New York et à ses habitants. Cette nouvelle édition comprend une introduction de Bill Shapiro (ancien rédacteur en chef du magazine LIFE), des textes de Paul Nizon et Willy Spiller, et des images inédites. L’ouvrage de 128 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Bildhalle. Une édition signée et une édition limitée à 150 exemplaires avec un tirage du photographe au format A4 est également disponible.

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