Category Archives: Art

HENRI CARTIER-BRESSON, HELEN LEVITT – MEXIQUE MEXICO

hen cartier-bresson helen levitt

À l’occasion du dialogue inédit entre les photographies mexicaines de Helen Levitt (1913-2009) et celles de Henri Cartier-Bresson (1908-2004) à la Fondation HCB de Paris, les éditions allemandes Verlag Der Buchhandlung Walther König publient Mexique Mexico, le catalogue de l’exposition. En 1934, Henri Cartier-Bresson part au Mexique pour suivre une mission ethnographique interrompue en cours de route, faute de financement. Très séduit par le pays, il décide d’y rester neuf mois. « Ce n’est pas une curiosité à visiter mais une vie à vivre », écrit-il à ses parents. Il y rencontre de nombreux artistes et y expose en mars 1935 avec Manuel Álvarez Bravo au Palacio de Bellas Artes à Mexico, avant de partir pour New York. En avril 1935, âgée de 21 ans et n’ayant encore jamais voyagé, Helen Levitt est subjuguée par les images mexicaines du Français qu’elle découvre à l’occasion de l’exposition Documentary & Anti-Graphic Photographs présentée à la galerie Julien Levy à New York. Les photographies d’Henri Cartier-Bresson côtoient celles de Manuel Álvarez Bravo et de Walker Evans. « Walker Evans était brillant, très brillant, mais Cartier-Bresson était un génie ! » aimait-elle à dire. La rencontre avec ces deux derniers décide Helen Levitt à devenir elle-même photographe. Elle aide aussi Henri Cartier-Bresson pour ses tirages car « il n’aimait pas tirer », racontera-t-elle des années plus tard. Quelques années après, en 1941, Helen Levitt embarque pour le Mexique en compagnie d’Alma Agee, épouse du romancier James Agee, et de son fils Joel. De toute sa longue carrière photographique, c’est le seul voyage à l’étranger qu’elle fera. Elle reste dans la ville de Mexico s’attachant à explorer les territoires encore à la limite de la campagne. Comme à New York, c’est l’intimité avec les personnages de ses images qu’elle recherche. Et comme Cartier-Bresson, c’est aussi le pittoresque qu’elle fuit. Mexique Mexico présente une sélection de clichés issus de ces deux périples au Mexique, qui s’avèrent décisifs au début de leurs longues carrières, Henri Cartier-Bresson et Helen Levitt y forgeant leurs conceptions respectives de la photographie. Le livre de 156 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Verlag Der Buchhandlung Walther König.

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GAURI GILL & RAJESH CHAITYA VANGAD – FIELDS OF SIGHT

Gauri Gill

Depuis plus de vingt ans, la photographe indienne Gauri Gill observe, en noir et blanc et couleurs, le quotidien de la population rurale et périurbaine du Rajasthan en Inde, s’attachant notamment aux communautés devant inventer des modes de survie et d’affirmation identitaire, Gill ayant développé une approche collaborative avec des artistes locaux. C’est notamment le cas avec la série Fields of Sight, conçu en collaboration avec le célèbre artiste indigène Rajesh Chaitya Vangad, et dont les éditions suisses Edition Patrick Frey publient aujourd’hui le livre. La série a commencé début 2013 à Ganjad, Dahanu, un village adivasi de la côte du Maharashtra. Un nouveau langage visuel a émergé en symbiose des premières expériences de Gill en matière de photographie du paysage. En regardant ses planches contact, elle s’est aperçue que même si l’appareil photo capturait la peau « caméléon » du paysage, il manquait des aspects vitaux de ce qui n’était pas apparent à l’œil, mais qui était vivement relayé dans les grandes histoires mythiques et expérientielles que lui avait racontées Vangad. Les photographies de Gill, accompagnées des dessins de Vangad, reconfigurent le site photographique tant sur le plan formel que conceptuel, pour aboutir à de nouveaux documents de vérités multiples et de systèmes de connaissance. En regardant le paysage à travers les yeux de Vangad, Gill ravive le besoin de remettre en question la façon dont nous voyons les choses aujourd’hui, ce que nos yeux captent et ce qui peut leur échapper. « C’est comme si l’on photographiait une vieille maison et que son habitant sortait et commençait à parler », explique la photographe. L’ouvrage de 372 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Edition Patrick Frey.

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ROSE EKEN – SHRINE

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Publié par les éditions danoises Book Lab, Shrine est le nouvel ouvrage de Rose Eken, qui présente une collection de son travail des cinq dernières années (2018 – 2022) et est accompagné d’essais de la critique et historienne de l’art Maria Kjær Themsen, ainsi que du critique d’art et auteur britannique Jonathan Griffin et du docteur en philosophie, Heine Hansen. L’œuvre de l’artiste originaire de Copenhague a de nombreux supports et comprend notamment la sculpture en céramique, la broderie, la peinture, la vidéo et l’installation. Son univers englobe en particulier la culture des fans et les traces de la création artistique qui sont visualisées du point de vue de l’artiste. Les déchets et les objets laissés par les musiciens de rock, par exemple : instruments, canettes de bière, mégots de cigarettes, sont au centre de l’attention et reçoivent une touche féminine dans des matériaux tels que la broderie de soie et la fragile céramique. En juxtaposant des objets et en ramenant l’art de la nature morte, Eken crée des récits qui déclenchent l’imagination et la mémoire du public. Un lustre cassé, des urnes émaillées, des godemichés, des cartes de tarot et des fleurs fanées. Au cours des cinq dernières années, les motifs de l’artiste ont changé de nature. Les installations colorées en céramique ont été remplacées par des éléments noirs et une atmosphère de décomposition. L’obscurité et la mort occupent désorais une place centrale dans son oeuvre. Cette évolution est étroitement liée aux crises mondiales et aux événements survenus dans la vie de Rose Eken. L’artiste explique: « Nous portons tous en nous une part d’ombre, qu’elle soit liée à notre personnalité ou à des circonstances extérieures. Mais les pensées sombres ont tendance à être taboues, cachées ou supprimées. À un moment donné, nous devons choisir entre nous perdre dans la douleur ou tirer de la force de la blessure ». « À l’heure de la monoculture induite par l’internet, il est encore plus important d’accepter l’obscurité – les cicatrices, les traumatismes, le chagrin, la peur, la mort et même le mal. Ces thèmes sont importants si nous voulons reconnaître notre vrai moi. J’ai essayé de créer un espace de contemplation et d’immersion dans l’obscurité et la mort », précise t-elle. Le livre de 288 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Book Lab.

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WILLY SPILLER – HELL ON WHEELS

WILLY SPILLER

À l’occasion de la grande rétrospective consacrée au photographe suisse Willy Spiller, les éditions de la galerie de Zurich/Amsterdam Bildhalle viennent de rééditer son ouvrage phare: Hell On Wheels. À l’instar des États-Unis entant que melting-pot, le métro, protagoniste incontestable de cette série, peut se définir comme un “boiling-pot” : un vivier cosmopolite bouillonnant mêlant hommes d’affaires, dealers, femmes au foyer, policiers et chefs de gang. Publiées pour la première fois en 1984, les scènes du photographe suisse dans le métro new-yorkais, reconnu comme l’un des métros les plus dangereux au monde, racontent rétrospectivement une histoire différente: celle du glamour et de la couleur, de la curiosité et du divertissement. On apprécie aujourd’hui ces images d’une façon plus objective, sans le sensationnalisme, le danger et le voyeurisme proclamés par les médias à l’époque, mais plutôt avec la fascination de ce jeune européen fraichement débarqué à New York pour son peuple, ses néons, son agitation et son énergie implacable. Saisie sur pellicules de diapositives couleur Kodachrome, la vision de Spiller du système de transport souterrain sordide de la ville s’inscrit dans la lignée de celle d’autres pionniers qui ont documenté New York en couleur (on pense notamment à Bruce Davidson avec son projet Subway ou encore à l’œuvre de Joel Meyerowitz). Pris entre 1977 et 1984, les clichés de Willy Spiller nous font revivre avec une certaine nostalgie le New York d’il y a quelques décennies, avec l’émergence du rap et du graffiti, une ville en effervescence culturelle et au dynamisme créatif hors-norme. Ses images chargées d’émotion sont autant un document visuel incomparable du quotidien des new-yorkais dans le métro, qu’une ode colorée à la ville de New York et à ses habitants. Cette nouvelle édition comprend une introduction de Bill Shapiro (ancien rédacteur en chef du magazine LIFE), des textes de Paul Nizon et Willy Spiller, et des images inédites. L’ouvrage de 128 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Bildhalle. Une édition signée et une édition limitée à 150 exemplaires avec un tirage du photographe au format A4 est également disponible.

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MAGNUM SQUARE PRINT SALE 2023 – VITAL SIGNS

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Pour la première fois en neuf ans d’existence de la Magnum Square Print Sale, les photographes de Magnum ont invité un groupe hétéroclite d' »amis », d’artistes, de cinéastes et de collègues photographes à participer au dernier volet du triptyque Then. Now. Next. La vente des clichés se déroule du lundi 17 avril au dimanche 23 avril 2023. Chaque photographe participant offre sa propre interprétation du thème. La vente comprend plus d’une centaine de tirages réalisés par certains des plus grands photographes de notre époque. Les tirages, 15,2×15,2cm, de qualité muséale, signés ou tamponnés par l’estate, sont en vente pour 7 jours seulement, à $110 sur le site magnumphotos.com/shop/.

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GUIDO GUIDI – DI SGUINCIO, 1969–81

guido guidi

Architecte de formation, Guido Guidi adopte la photographie comme langage dans les années 60, attiré par le travail de Walker Evans, de Lee Friedlander, le cinéma néoréaliste italien et l’art conceptuel. Considéré comme l’une des figures incontournables de la photographie italienne, Guido Guidi n’a cessé d’explorer les paysages du Nord de l’Italie. Publié par les éditions britanniques MACK, Di sguincio – qui signifie de biais, de côté ou vu du coin de l’œil – rassemble plus d’une centaine de photographies en noir et blanc réalisées par l’artiste avec des appareils photo de petit format entre 1969 et 1981. Ces images témoignent des premiers dialogues expérimentaux entre Guidi et son appareil photo : réalisées sans regarder dans le viseur et éclairées par un flash lumineux, elles capturent des personnes, des corps, des gestes, des événements mineurs et des fragments d’espace dans des moments de rencontre soudaine, voire insidieuse. Bien que formellement austères et même à la limite de l’abstraction, elles documentent des personnes et des lieux proches – sa maison familiale à Cesena, les amis avec lesquels il partageait un appartement à Trévise, les collègues de l’Institut d’architecture de l’Université de Venise – formant des œuvres personnelles affectueuses qui explorent la tension performative au cœur de l’image. Ce livre reproduit les tirages de Guidi de l’époque, avec leur contraste élevé, leur flou et leur définition inhabituels, et leurs annotations manuscrites obliques, parfois indiscernables. Évoquant les joies de l’invention et de la collaboration au début d’une carrière artistique, ces fragments reflètent également l’agitation psychologique, sociale et politique de l’Italie à une époque de crise et de contestation des valeurs sociales, mêlant les influences du néoréalisme et du postmodernisme à la recherche de nouvelles formes. Le thème photographique fondamental du temps – tel qu’il est enregistré, vécu et manipulé – est leur constante insaisissable. Avec Di sguincio, nous découvrons un ensemble d’anti-documents ou de documents anachroniques – tamponnés, annotés et parfois artificiellement vieillis – qui commentent avec ironie les prétentions de la photographie à la vérité et révèlent les fondements d’un engagement de toute une vie avec les possibilités du médium. L’ouvrage de 144 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions MACK.

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RYUICHI TASHIRO – TANGLED UP IN BLUE

Ryuichi Tashiro

Le photographe japonais Ryuichi Tashiro publie en auto-édition son nouvel ouvrage intitulé Tangled Up in Blue. Ryuichi Tashiro est né à Kameido, Tokyo en 1948, et est diplômé du Tokyo College of Photography. Dans la seconde moitié des années 1970, il publie des photographies dans la célèbre revue mensuelle japonaise Camera Mainichi, mais disparaît du monde de la photographie après le numéro de janvier 1980 de la publication intitulé Good Day Departure. En 2022, après un long silence, Tangled Up in Blue est le tout premier livre de photographies de Ryuichi Tashiro. Le titre de l’ouvrage est tiré de la célèbre chanson de Bob Dylan du même nom. Dylan a dit un jour avec humour que cette chanson avait était « écrite sur deux ans de sa vie durant près de dix ans », et ce livre photo de Tashiro est lui aussi un chef-d’œuvre qui résume le travail de sa vie depuis les années 70. Dans les années 1970, alors que des photographes de premier plan tels que Daido Moriyama, Takuma Nakahira et Kazunari Suda prenaient des photos de rue en noir et blanc, Tashiro commence très tôt à prendre des photos de rue en couleur. Les clichés « sans fioritures » de Tashiro laissent de côté les sentiments personnels des sujets photographiés, mais maintiennent une certaine distance et ne les repoussent pas, capturant de manière vivante les expressions parfois humoristiques et cocasses des gens ordinaires. Les photographies de cette série, prises avec la perspective décontractée de Tashiro, donnent au lecteur l’impression d’aller et venir entre le quotidien et l’extraordinaire, et entre les époques. Le livre de 160 pages, présenté dans un étui en carton, est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions japonaises Pressman Books.

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HEADS TOGETHER – WEED AND THE UNDERGROUND PRESS SYNDICATE 1965-1973

Les éditions suisses Edition Patrick Frey viennent de publier le livre Heads Together – Weed and the Underground Press Syndicate 1965-1973. Le soulèvement de la jeunesse, aujourd’hui simplement appelé « les années 60 », a été alimenté par l’un des plus grands booms de l’histoire de l’édition. L’Underground Press Syndicate (UPS) a commencé comme une confédération de cinq journaux en 1966, et en quelques années, il a fédéré plus de 500 titres à travers le monde, touchant des millions de lecteurs. Ils se sont « répandus comme de la mauvaise herbe », a déclaré Tom Forcade, directeur de l’UPS, marchand de mauvaises herbes et futur fondateur de la revue High Times. La métaphore était appropriée : l’UPS a impulsé le mouvement de légalisation, et l’herbe est devenue son totem. L’herbe était si répandue qu’elle est devenue un prétexte utile pour les agences gouvernementales pour sévir contre l’UPS. La weed est devenue l’emblème des groupes d’activistes, et a ajouté une touche de style aux titres de l’UPS. Elle a envahi les pages de l’UPS, les trous dans le texte étant remplis d’illustrations ponctuelles inspirées par la marijuana. Heads Together rassemble ces dessins, mettant en lumière des noms moins connus dans le canon de l’art du stoner, et beaucoup de ceux qui n’étaient pas des noms du tout, car aucune signature n’était attachée. Il compile également des guides de culture de l’herbe de l’époque, qui étaient traités comme de la contrebande par la CIA. Les papiers à rouler psychédéliques à vocation militante sont également présentés. Alors que la légalisation de la marijuana progresse rapidement aux États-Unis et ailleurs, son statut autrefois sulfureux prend un relief étrange. Les profiteurs du marché de l’herbe d’aujourd’hui ne reflètent pas ceux qui se sont battus pour la légalisation, ni les populations noires et latinos qui ont été stratégiquement criminalisées pour l’herbe bien avant que les hippies ne soient pris pour cible, et bien après. La production graphique rassemblée dans ce livre témoigne d’une époque où le joint était fumé avec optimisme, comme quelque chose de potentiellement bon pour la société et les gens, capable d’activer une transformation profonde face à des forces corrompues et puissantes. L’ouvrage de 566 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Edition Patrick Frey.

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STEPHEN SHORE – TOPOGRAPHIES: AERIAL SURVEYS OF THE AMERICAN LANDSCAPE

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Reconnu sur la scène internationale pour ses clichés de paysages américains, Stephen Shore s’est servi du drone pour actualiser ses obsessions. Depuis le ciel, il immortalise un territoire artificiel qui l’a emporté sur l’espace rural naturel. Publié par les éditions britanniques MACK, Topographies: Aerial Surveys of the American Landscape est un nouveau volet de son travail sur la transformation du paysage américain. Cette série de photographies prises par drone à partir de 2020, révèle avec des détails saisissants l’interaction entre les paysages naturels et artificiels du Montana, de la Caroline du Nord, de New York et d’ailleurs. Dans ce nouveau corpus d’œuvres, Shore revisite les ambitions initiales de la célèbre exposition de 1975 New Topographics, en utilisant un nouveau point de vue aérien pour reconsidérer les préoccupations du mouvement – l’objectif, le lieu commun et la relation entre le naturel et l’artificiel dans le paysage américain – en réfléchissant à la manière dont elles peuvent s’appliquer au XXIe siècle. Les images de Shore dévoilent des forêts, des lacs, des parkings, des usines et des rues… Des paysages tantôt ruraux, tantôt urbains, mais qui montrent comment les deux s’imbriquent et dévoilent ainsi l’empreinte de l’homme sur le milieu naturel. Tout en explorant les possibilités formelles de la photographie aérienne, Topographies fait également preuve d’un grand sens du détail et de la surprise, dans lequel le moindre coude d’une rivière ou la moindre ombre révèle les textures et les couleurs des paysages urbains et suburbains de l’Amérique, le tout étudié avec la rigueur caractéristique de Shore. Le photographe explique: « Quand je suis dans la rue avec un appareil photo, je peux voir toutes les possibilités. Je sais à quoi ça va ressembler, comment la photo va changer si je fais un pas en avant ou si je regarde à ma gauche. J’ai déjà un modèle en tête, comme n’importe qui marchant dans la rue. Avec un drone, si je le tourne vers la gauche ou la droite, je ne sais pas ce que je vais trouver. Si je le déplace de 30 mètres en avant, je ne sais pas ce que je vais trouver. C’est vraiment comme de l’exploration ». Le livre de 208 pages, qui s’inscrit dans la ligne des deux chefs-d’oeuvres que sont American Surfaces et Uncommon Places, est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions MACK.

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WILLIAM EGGLESTON – MYSTERY OF THE ORDINARY

william eggleston

À l’ocassion de la grande rétrospective consacrée au photographe américain William Eggleston au musée C/O Berlin (du 28 janvier au 4 mai 2023), les éditions Steidl publient Mystery of the Ordinary, un magnifique catalogue de l’exposition. Au cours d’une carrière qui s’étend sur plus de cinq décennies, William Eggleston a été reconnu pour avoir, presque à lui seul, élevé la photographie couleur au rang d’œuvre d’art. Avec Stephen Shore et Evelyn Hofer, Eggleston a été l’un des premiers photographes à reconnaître le pouvoir distinctif de la couleur et sa capacité unique à créer des images qui remettent continuellement en question le quotidien. Un bouquet bleu sur la porte d’une maison, une façade colorée, un plafond peint en rouge sang éclatant : l’intensité de la couleur et la sensibilité constante d’Eggleston à son égard constituaient à elles seules une provocation formelle et analytique. Eggleston reconnaissait la beauté et le mystère dans le quotidien et imprégnait ses images d’un élément de mystère, rendu particulièrement visible par la relation unique de la couleur avec la perception. Sa fascination pour la visualité poétique du Sud américain l’a poussé à étudier son environnement immédiat, même si, au cours de sa carrière, il s’est aventuré à travers les États-Unis et le monde entier, toujours muni de son appareil photo et appliquant le même discernement à tout ce qu’il photographiait. Sa réputation de pionnier de la photographie couleur s’est ainsi répandue dans le monde entier. Mystery of the Ordinary présente l’ensemble de l’évolution et de l’héritage d’Eggleston : de ses premiers travaux en noir et blanc de la fin des années 1950, dans lesquels nous assistons à la découverte et à l’exploration de thèmes et de cadrages non conventionnels, jusqu’à certaines de ses images couleur les plus emblématiques. Le livre de 208 pages vient juste de sortir et est dès maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions allemandes Steidl.

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GIOVANNI PILIARVU & LEE CHAPMAN – TOKYO CONVERSATIONS

Giovanni Piliarvu Lee Chapman

Tokyo Conversations est une sélection de clichés du photographe italien Giovanni Piliarvu et du photographe britannique Lee Chapman. Tous deux ont un faible pour les vieux quartiers de la ville, mais ils aiment avant tout documenter les aspects incroyablement variés de la vie tokyoïte. Parfois ensemble, mais la plupart du temps séparément, ils réalisent tous les deux des photos à Tokyo depuis des années. « Nos intérêts se recoupent à bien des égards, mais les images que nous finissons par prendre sont toujours différentes. Si l’on ajoute à cela les possibilités presque infinies qu’offre la capitale japonaise, nous avons pensé qu’il serait intéressant d’avoir une conversation sur la ville que nous avons tous les deux fini par considérer comme notre maison. » Giovanni, qui vit à Tokyo depuis 2006, connaît bien la riche beauté naturelle du Japon, mais il est également attiré par les zones situées au cœur de la ville. Ces paysages ne sont peut-être pas beaux au sens religieux du terme, mais le mélange constant de mouvement frénétique, de modernité et de paysages tranquilles qui s’estompent lentement, qui constitue la majeure partie de la ville, le captive. Ces moments semblent très japonais et d’une certaine manière harmonieux. Lee, lui aussi, a quitté le cadre délavé de son Angleterre natale et s’est trouvé attiré par les rues désertes de Tokyo et par le Japon lui-même. La situation et l’aspect de la ville sont universels et pourtant typiquement japonais. C’est donc cet aspect du Japon que Lee photographie principalement et qu’il recherche activement aujourd’hui, bien des années après son arrivée au Japon. Le passé japonais, qui se perd peu à peu, existe toujours et est désespérément nécessaire. L’ouvrage comprend 40 pages en couleur et 40 pages en noir et blanc. Restaurants de yakitori traditionels, tavernes surveillées, ivrognes dormant sur des bancs, rues de Kabukicho et d’Ameyoko, vieilles dames regardant à travers les volets… ces moments capturés par les deux photographes étrangers sont aussi nostalgiques qu’attachants. Ce très beau livre de 80 pages, publié dans une édition limitée à 1000 exemplaires, est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Pressman Books.

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LA NEIGE REND AVEUGLE

Les éditions Empreintes & Digitales ont récemment publié l’ouvrage La Neige Rend Aveugle, avec un thème imaginé et porté par le photographe Jean-Yves Camus : la neige. Celle-ci figure aussi bien un enjeu politique et économique que poétique et esthétique. Six artistes visuels et un critique d’art philosophe proposent d’observer la neige sous divers angles qui, une fois rassemblés, font de cette édition un surprenant kaléidoscope. Parfois les images portent le regard vers la haute montagne, d’autres se concentrent sur une tache de neige en train de fondre, tandis que d’autres encore tentent de percer la pénombre pour susciter d’étranges émotions. La Neige rend aveugle est à la fois une plongée dans un état de la matière, une invitation à considérer ce qui nous entoure avec plus d’attention et une pensée poétique qui oscille entre territoires imaginaires et concrets. L’ouvrage de 172 pages présente ainsi des oeuvres d’Émilie Salquebre, Sébastien Lacroix, Sandy Avignon, Joël Van Audenhaege et Jean-Yves Camus. Dans son très bel essai sur le thème de la neige, le critique d’art philosophe Antonio Guzman écrit: « Il y a des dénivelés dans ce projet. Du milieu marin à l’alpin, des rives boréales chez Joël Van Audenhaege aux ascensions septentrionales chez Jean-Yves Camus. Des déclivités de pentes et de techniques. Sur le terrain, en chemin, Émilie Salquèbre en randonneuse solitaire déambule à la rencontre photographique et à la recherche des passages du visible à l’invisible. D’un lyrisme post-apocalyptique chez Sandy Avignon, les étoffes font cortège, portant un deuil d’avance et des signes auspicieux d’un futur antérieur en attente. Des substrats chez Sébastien Lacroix, d’interférences et d’intervalles intermittents d’autres rayonnements, d’autres accords et d’autres mesures, liens et réseaux, d’autres fréquences et d’autres ondes. La Neige rend aveugle est un projet elliptique, en déplacement, du tangible à l’intangible et retour. La nuit de quel oubli. À venir la nostalgie déjà de quel avenir. » Le livre est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Empreintes & Digitales.

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