Après le succès de la réédition de A1- The Great North Road (2020) et de Beyond Caring (2021), les éditions britanniques MACK ressortent Troubled Land, le troisième et dernier volet de la célèbre trilogie de Paul Graham. Oeuvre emblématique réalisée au plus fort de son projet, l’ouvrage aborde les signes, petits mais insistants, de division politique inscrits dans le paysage de l’Irlande du Nord. Au cœur du conflit irlandais se trouve la terre – qui la possède, qui la contrôle, dont elle exprime l’histoire. Le livre, subtilement radical, garde cette vérité matérielle à l’esprit en combinant de manière unique des photographies de paysages et de conflits, et nous captive avec des scènes bucoliques dans lesquelles des détails révélateurs n’apparaissent que progressivement : des bordures de trottoirs peintes, des soldats ou des hélicoptères au loin, des drapeaux et des graffitis, des routes éclaboussées de peinture, chacun alignant tacitement cet endroit sur son allégeance républicaine ou loyaliste. Les photographies pastorales de champs verts et de haies se révèlent être des images de conflit et de dispute – malgré la stabilité du cadre photographique et la clarté de la vision de Graham, il s’agit d’une terre instable. Publié à l’origine en 1986, Troubled Land est réimprimé ici pour la première fois en trente-cinq ans. Controversé à l’époque pour son utilisation de la couleur et son refus de suivre les clichés du photojournalisme, ce livre a joué un rôle essentiel en offrant une perspective nouvelle sur la période de violences et d’agitation politique en Irlande du Nord appelée Les Troubles. Le livre de 80 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions MACK.
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THOMAS BOIVIN – BELLEVILLE
Les éditions britanniques Stanley/Barker publient Belleville, le nouvel ouvrage du photographe Thomas Boivin, qui nous présente la ville à l’état organique, désordonnée. Ces images sont délibérément dépourvues des marqueurs habituels de la ville planifiée par Hausmann mais elles n’en sont pas moins belles, parfois romantiques. Belleville est issue de l’expérience vécue de Thomas Boivin, photographiant des lieux et des personnes proches de chez lui, fixant les limites du projet au quartier qu’il pouvait parcourir lentement en une journée. Belleville reflète le passage du temps, des saisons, le mouvement de l’œil du sol à l’arbre, d’une clôture à un visage. Boivin reste dans les espaces ouverts, en documentant les limites – clôtures, trottoirs, vitrines à rideaux à travers lesquelles nous ne pouvons pas voir. Il capture des moments privés dans des espaces publics, ses sujets savent qu’il est là et sont complices et confortables même s’il reste toujours une distance. Les images collectées dansent sur une ligne fine, suffisamment proche pour émouvoir, tout en évitant l’intrusion. Ses sujets sont clairement au courant de la présence du photographe. Prises ensemble comme série, ces oeuvres soulignent l’échange entre le sujet et l’artiste et la profondeur de ce geste simple: témoigner de l’existence d’une personne en demandant de faire son portrait. Le projet tient légèrement à distance la nostalgie et la mélancolie profonde de Paris. Au contraire, en enracinant sa pratique dans son propre quartier, les images de Thomas Boivin expriment plutôt une curiosité pour son environnement immédiat, un désir d’une forme d’intimité dans l’espace public et, surtout, un souci des autres. Le photographe explique: “J’ai commencé à photographier ses rues et ses habitants dès que je me suis installé là-bas, et j’ai continué à le faire pendant des années. Je trouvais que photographier les gens, avant tout, avait du sens. Bien que les photographies ne dépeignent guère la ville, je trouve qu’elles transmettent la sensation que j’ai eue en marchant dans les rues de Belleville : Un mélange de beauté et de décrépitude, de moments de joie et de tristesse, la sensation chaleureuse de la lumière et la sensation douce amère que l’on peut éprouver en marchant toute la journée, à la recherche des yeux d’un étranger…” Le livre de 100 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Stanley/Barker.
JEAN-CHRISTOPHE BÉCHET – MACADAM COLOR STREET PHOTO
Jean-Christophe Béchet poursuit depuis plusieurs décennies une œuvre photographique qui se déploie dans l’univers urbain et notamment dans la rue. Il s’inscrit alors dans ce courant photographique nommé Street Photography qui puise ses racines dans la tradition américaine. Dans Macadam Color Street Photo, son nouvel ouvrage publié par les éditions parisiennes Éditions Loco, il revisite son travail et sélectionne une centaine de photographies prises tout au long de sa carrière qui interrogent directement les différentes situations propres à ce genre photographique. Trois entretiens approfondis avec Michel Poivert, Jean-Luc Monterosso et Sylvie Hugues, accompagnent ce parcours. Ils sont l’occasion de réfléchir sur la spécificité de cette pratique, de questionner sa nature même, de voir ce qu’elle peut mettre en jeu, et de tenter d’en définir certains contours. De là nait l’idée de faire émerger un Manifeste photographique qui propose une lecture singulière et contemporaine de la Street Photography. Pour Jean-Christophe Béchet « la Street Photography, longtemps associé au reportage, est devenu un genre autonome et spécifique à la culture photographique. Le portrait, le paysage, le nu, la nature morte… viennent de la peinture. La notion de reportage existe aussi en vidéo, cinéma ou radio. Alors que l’exploration de la rue, de son quotidien, de son «extraordinaire» banalité n’existe réellement qu’en photographie. Et la plupart des vocations de photographes sont nées en voyant des instantanés saisis dans l’espace urbain, ceux d’André Kertész, Henri Cartier-Bresson, Robert Frank et tant d’autres (…). Le reporter, et plus encore le photojournaliste, travaille soit sur des instants de crise (dans le cadre du «news») soit sur des histoires fortes et scénarisées (sujets magazines). Le «Street Photographer», lui, capture des instantanés uniques en s’intéressant à des temps faibles, à des situations quotidiennes et banales, sans événement marquant. Sur le plan visuel, il n’est pas aidé par la puissance de son sujet, tout l’intérêt de sa photo vient de son art du cadrage, de sa rapidité d’action, de son impertinence, de sa lecture de la lumière. Et aussi, bien sûr, de sa vision du monde. » L’ouvrage de 192 pages, publié à 1000 exemplaires, est maintenant disponible sur la boutique en ligne d’Éditions Loco.
CRAIG EASTON – BANK TOP
La série Bank Top de Craig Easton, créée en partenariat avec l’écrivain et poète Abdul Aziz Hafiz, remet en question la représentation et la fausse représentation des communautés du nord de l’Angleterre. Elle est aujourd’hui publiée par les éditions britanniques GOST Books. Cette oeuvre du photographe britannique est le résultat de l’initiative du musée et galerie d’art de Blackburn, Kick Down the Barriers, un projet lancé en réponse à des articles de presse décrivant la ville comme « la plus isolée de Grande Bretagne ». Dans le but de contester ce portait, le musée a invité des artistes et des écrivains à collaborer avec les habitants de divers quartiers pour présenter une représentation fiable et authentique de leurs communautés. Pendant un an, Easton et Hafiz ont travaillé en étroite collaboration avec les habitants pour explorer leurs histoires et leurs expériences à travers une série de portraits en noir et blanc commentés. Leur travail met en lumière les problèmes de dénuement social, de logement, de chômage, d’immigration et de représentation, ainsi que l’impact des politiques étrangères passées et actuelles. Il combat les généralisations simplistes et vise à contextualiser comment ces communautés se sont réunies et à mieux comprendre comment elles s’épanouissent ensemble aujourd’hui. Le photographe explique: « Je photographie pour apprendre, pour essayer de comprendre, pour documenter et partager des histoires. C’est un privilège de pouvoir le faire et de remettre en question les perceptions et les stéréotypes, ce combat m’est particulièrement cher. » Le livre de 134 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions GOST Books.
MARTIN CHAMBI – FOTOGRAFIA
Les éditions espagnoles Editorial RM publient Fotografía, le nouveau livre du photographe Martín Chambi. D’origine indigène, celui-ci a consacré une grande partie de sa vie à photographier les Andes péruviennes, se réappropriant le passé préhispanique à travers les images des ruines incas et les portraits de la vie des communautés andines au début du XXe siècle. Chambi apporte une nouvelle perspective à la photographie locale de l’époque, en proposant un regard unificateur sur le Pérou et sur le discours indigène émergent qui commençait à s’imposer sur ce territoire. Onze ans après que Hiram Bingham a photographié la citadelle inca Machu Picchu pour un reportage exclusif du National Geographic, Martín Chambi l’a photographiée à travers son propre objectif. Après cette expérience, son travail est entré dans une phase différente, dans laquelle la gestion de la lumière, de la forme, de l’espace et de la texture évolue vers des angles singuliers et une esthétique très personnelle, faisant de lui un emblème de la photographie documentaire contemporaine au Pérou et en Amérique latine. Les photographies de Chambi constituent pour l’observateur contemporain une captivante source de documents à caractère anthropologique, sociologique et historique sur le Pérou des années 20 et 30. cependant, l’intérêt de son travail ne se résume pas à la simple curiosité pittoresque. ses images décrivent avant tout le parcours sensible d’un photographe qui, du bout du monde et loin de l’effervescence artistique de l’occident, sut constituer une oeuvre singulière qui le place à l’égal des plus grands photographes du XXe siècle. L’ouvrage de 194 pages est maintenant disponible en version espagnole ou anglaise sur la boutique en ligne des éditions Editorial RM.
IOANNA SAKELLARAKI – THE TRUTH IS IN THE SOIL
Inspirée par le chant des lamentations dans la Grèce antique, Ioanna Sakellaraki a vécu pendant près de cinq ans auprès des dernières communautés de pleureuses traditionnelles de la péninsule du Magne afin de saisir des traces du deuil et du chagrin. Considérée comme un art, la « moirologia » (chants du destin) remonte aux chœurs des tragédies grecques et, au fil des siècles, elle est devenue une profession réservée aux femmes. Aujourd’hui vivent là certaines des dernières pleureuses professionnelles grecques. Son projet The Truth is in the Soil , aujourd’hui publié par les éditions britanniques GOST Books, répond à une réflexion personnelle autour du deuil impossible de son père et de sa propre construction dans sa culture et sa famille. En rapprochant son expérience personnelle des performances dramatiques des pleureuses, elle étudie la subjectivité spirituelle des rites funéraires grecs. Ces images aux supports originaux sont un ensemble de transition entre l’état de chagrin et l’état de libération vis-à-vis de la mort. La jeune photographe explique: « Dans ce projet, la mort elle-même devient l’espace, les silhouettes de femmes en deuil se transforment en paysages, des figures informes, obéissant à leurs propres lois. D’une certaine manière, ce processus m’a aidé à me distancer du concret, du présent. La Grèce est une source d’inspiration constante pour moi, mais la façon dont je la représente est imaginaire. J’aime l’idée que notre terre natale existe en dehors de notre mémoire, qu’elle rejaillit lorsqu’on s’y rend, comme un cycle infini. » Ce superbe ouvrage de 112 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions GOST Books.
MIMI PLUMB – THE GOLDEN CITY
Les éditions britanniques Stanley/Barker publient The Golden City, une série de photographies en noir et blanc réalisée à San Francisco entre 1984 et 2020 par la photographe américaine Mimi Plumb. Née à Berkeley et élevée dans la banlieue de Walnut Creek, Plumb a reçu sa maîtrise en beaux-arts du San Francisco Art Institute en 1986. Elle a enseigné la photographie aux niveaux national et régional, notamment à la School of Art Institute de Chicago, au San Francisco Art Institute, à l’Université de Stanford et à l’Université d’État de San Jose. Mimi Plumb a longtemps vécu à la périphérie de San Francisco, là où les loyers étaient bon marché. Non loin de là, au sommet de la colline, se trouvaient des couches stratifiées de calcaire avec des restes fossilisés de créatures microscopiques appelées radiolaires. Une large crevasse dans le flanc de la colline rappelait la menace toujours omniprésente d’un tremblement de terre. Warm Water Cove, le long de la baie, était un spectacle de pneus et de voitures abandonnées. Un jour, Plumb a photographié la cheminée de la centrale électrique au-dessus de la destruction par le feu de la jetée de la 25e rue. Elle a regardé les avions survoler la décharge urbaine de collines en carton. La vie de la jeune photographe était rythmée par les nuits passées à danser au Crystal Pistol dans le quartier de Mission, à écouter un groupe de polka punk à l’Oasis ou à jouer au billard au Palace Billiards. Au bal exotique/érotique, un homme oiseau et une infirmière se cachaient dans les coins. Un homme argenté au regard d’acier dans son smoking fixait Plumb derrière son masque, le flash de la caméra l’éclairant. Les journées de Plumb étaient consacrées à la visite d’écoles abandonnées et de stations-service désaffectées. Pour elle, le cliquetis magique des téléphériques de San Francisco était un monde à part, et l’idéalisme des années 1960 semblait bien loin. La ville dorée de San Francisco, dont les contours s’effilochent, témoignait du fossé grandissant entre les riches et les pauvres. Ce très bel ouvrage est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Stanley/Barker.
CHLOE SELLS – HOT DAMN!
De 2003 à 2005, la photographe américaine Chloe Sells travailla en tant qu’assistante personnelle du célèbre écrivain et journaliste américain Hunter D. Thompson. Hot Damn!, publié par GOST Books, rassemble les photos qu’elle a prise de la maison du journaliste, ses possessions personnelles et ses notes manuscrites. L’ouvrage capture également le paysage d’Aspen dans le Colorado. Imprimées à la main, certaines photos ont été superposées à des techniques de marbrures traditionnelles du Japon et de l’Italie et créent ainsi une balade psychédélique au cœur de la vie d’un des auteurs les plus marquants de sa génération. La série a vu le jour, entre autres, grâce à la volonté de Thompson de voir son lieu de vie documenté. Comme il le relatait à la photographe à l’époque, il s’agissait du dernier et seul pan de sa vie à ne pas avoir fait l’objet d’une histoire. Il a laissé alors à sa jeune assistante le choix d’endosser ce rôle, ce qu’elle fit peu de temps avant que l’un des plus grands écrivains de sa génération ne s’ôte la vie dans cette même maison d’Aspen. La photographe raconte: « Officiellement, j’étais une assistante personnelle. Officieusement, je faisais tout ce qui devait être fait. Un soir, Hunter m’a fait signe de m’asseoir sur sa chaise dans la cuisine et m’a dit : « Alors, vous dites que vous êtes photographe. Eh bien, Taschen publie un livre de mes photographies », suivi d’un « Ha, Ha » moqueur. Cela ne m’a pas dérangé, Hunter était Hunter. Un moment plus tard, son visage a changé et, l’air penaud et désolé d’avoir malmené sa jeune assistante, il a commencé à expliquer que presque toute sa vie avait été documentée – à l’exception de sa maison – le foyer délabré et remarquable de la créativité qu’était Owl Farm. Il fallait l’archiver visuellement, m’a-t-il dit, et c’était à moi de le photographier si j’en avais envie ». Ce très beau livre de 184 pages, essentiel pour les fans de l’inventeur du journalisme Gonzo, est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions GOST Books.
LUIGI GHIRRI – PUGLIA. TRA ALBE E TRAMONTI
Géomètre de formation, Luigi Ghirri commence à photographier durant le week-end au début des années 1970, arpentant les rues, places et faubourgs de Modène, échafaudant des projets et des thématiques. Il pose sur les signes du monde extérieur un regard attentionné et affectueux en observant, sans les commenter ouvertement, les modifications apportées par l’homme au paysage et à l’habitat de sa province d’origine, l’Émilie-Romagne, baromètre d’un vernaculaire local exposé à l’avènement de nouvelles formes d’habitat, de loisirs et de publicité. «Je m’intéresse à l’architecture éphémère, à l’univers de la province, aux objets considérés comme de mauvais goût, kitsch, mais qui, pour moi, ne l’ont jamais été, aux objets chargés de désirs, de rêves, de souvenirs collectifs […] fenêtres, miroirs, étoiles, palmiers, atlas, globes, livres, musées et êtres humains vus par l’image.» Publié par les éditions britanniques MACK, Puglia. Tra albe e tramonti offre un récit brillant de la relation de Luigi Ghirri avec les Pouilles – une région particulière située au talon de l’Italie, qui a joué un rôle essentiel dans la carrière du photographe et a continué à l’inspirer tout au long de celle-ci. Une première visite en 1982 a permis à Ghirri de découvrir les rues blanchies à la chaux, les nuits lumineuses, les portes et les arches, les cactus en pot, les fêtes foraines et les plages des Pouilles, ainsi qu’un groupe d’artistes, de critiques et de conservateurs qui allaient devenir ses amis proches et ses collaborateurs. Au cours de la décennie suivante, Ghirri est retourné dans la région presque chaque année, photographiant, exposant et approfondissant sa compréhension de ce terrain subtil. Ces photographies, qui sont presque toutes peu connues et inédites, capturent les textures et les rythmes de la vie urbaine, se délectant de coïncidences visuelles et de détails tactiles. Leur sens de la découverte tranquille – et la pellicule couleur sur laquelle elles sont prises – évoque chaleureusement l’identité de la région en tant que destination de vacances populaire. Ghirri cartographie le territoire des Pouilles à travers les traces laissées par ses habitants et ses visiteurs dans des images inondées de la lumière caractéristique de l’Italie du Sud – le soleil brillant et ses ombres éloquentes, et l’aura étrange des néons et des lampadaires à la nuit tombée. Le livre de 288 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions MACK.
FENG LI – GOOD NIGHT
Originaire de Chengdu dans la province du Sichuan, Feng Li exerce la photographie à la fois en tant que fonctionnaire pour le gouvernement local et comme indépendant. De fait, il gravite constamment entre l’imagerie officielle et des photos personnelles en décalage complet avec la propagande dont il est l’artisan. Les éditions chinoises Jiazazhi Press publient aujourd’hui Good Night, le deuxième ouvrage du photographe après le succès de son premier livre White Night. L’éditeur explique: « En 2017, lorsque nous avons débuté la conception du livre White Night pour Feng Li, il nous avait apporté de nombreux clichés dans notre studio. Nous avons immédiatement été frappés par ses photos en couleur. Les photos en noir et blanc avaient alors été mises de côté. Mais il nous a expliqué par la suite que le noir et blanc était le véritable point de départ de sa série White Night. Dès lors, le sens de la « nuit blanche » devint sa muse. « C’est le chemin du monde, et c’est un état d’incertitude », dit-il. Depuis ce moment, il conserve toujours un regard instinctif et une manière directe d’immortaliser des instants sur la pellicule. » Feng Li n’a d’œil que pour le quotidien et c’est sans effort qu’il décèle les scènes les plus insolites du grand spectacle de la vie de tous les jours. Malgré la différence de couleur entre White Night et Good Night, on retrouve toujours la façon dont Feng Li voit ce monde. Pour lui, ces photos sont monochromatiques et non pas en noir et blanc au sens traditionnel du terme. À ses yeux, le noir est plus que du noir. Pour lui, ce livre est un adieu, un adieu au bon vieux temps. Le livre de 352 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Jiazazhi Press.
ALEC SOTH – A POUND OF PICTURES
Les photographies d’Alec Soth puisent leurs racines dans la tradition de Walker Evans, Robert Frank et Stephen Shore. Sa représentation du quotidien fait apparaître la complexité d’une société américaine construite sur des idéaux d’indépendance, de liberté, de spiritualité, et d’individualisme. Son nouvel ouvrage intitulé A Pound of Pictures, publié par les éditions britanniques MACK, est une célébration du flux de conscience du médium photographique, réunissant une nouvelle série inédite d’œuvres réalisées entre 2018 et 2021. Grand collectionneur de clichés de particuliers qu’il acquiert dans des brocantes ou sur eBay, le photographe explique: « Je rassemblais ces objets, je les regardais simplement et je réfléchissais à ce médium. Sur ce que cela signifie d’être un photographe, et sur les différentes façons dont les photographies vivent dans le monde. » Dépeignant un éventail de sujets très varié – statues bouddhistes, ornithologues ou de chercheurs de soleil, bustes d’Abe Lincoln – ce livre réfléchit au désir photographique d’épingler et de cristalliser le vécu et les expériences, en particulier lorsqu’ils sont représentés par des images imprimées. Dans cette séquence éclectique, on retrouve les présences récurrentes de l’iconographie, des souvenirs et des mémoires, et des créateurs d’images qui nous entourent au quotidien. Les photographies de Soth sont suivies de ses propres notes et réflexions dans une longue postface, formant ainsi un voyage sinueux et ruminatif. « Si les photos de ce livre parlent d’autre chose que de leurs surfaces chatoyantes, écrit-il, elles parlent du processus de leur propre création. Il s’agit de pénétrer dans un monde extatiquement spécifique et de créer un lien entre l’éphémère (la lumière, le temps) et le physique (les yeux, le film)”. Le livre de 156 pages, contenant cinq reproductions aléatoires de photographies vernaculaires insérées au hasard des pages, est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions MACK.
GERRY JOHANSSON – SPANISH SUMMER
Gerry Johansson est un photographe absorbé par la quête de lieux silencieux et dépeuplés. Avec la même attention opportuniste aux rencontres improbables du regard, il arrête les instants de l’œil sur l’éphémère vision de coïncidences signifiantes de formes, de lumières ou de matières. Dans ses images droites et immobiles, la rectitude des traits et la pureté des dégradés de blancs laissent à croire la vérité des trames et des peaux homochromes de l’architecture anodine de la ville, sur lesquelles la lumière fait son jeu parfait. Parce qu’il se donne à voir dans la scène de l’image capturée, ce travail de longue durée nous rend remarquable le monde multiple, complexe et fragmenté de notre quotidien, avec la même volonté fondatrice et flagrante que l’architecture projetée. Dans son nouvel ouvrage Spanish Summer, publié par les éditions britanniques Mack, Johansson retourne dans l’un des premiers endroits qui a captivé son imagination: les plaines du centre de l’Espagne. La péninsule ibérique est restée gravée dans la mémoire de M. Johansson et l’a incité, des décennies plus tard, à y retourner et à redécouvrir le patrimoine architectural, la signification religieuse et la beauté du pays. Avec ces images, un voyage est fait à travers un paysage dans lequel des milliers d’années de traces culturelles se sont installées. La composition exacte de Johansson et les délicates teintes de noir et blanc révèlent un territoire de transition où les fils téléphoniques transcendent les vieux crucifix, le plâtre moderne rencontre la pierre usée par le temps et les ombres des mégalithes industriels s’étendent aveuglément sur la poussière. Ce très beau livre de 320 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Mack. Une édition spéciale déclinée en 5 sets, comprenant chacun une première édition signée de Spanish Summer, présentée dans un coffret en carton, avec l’un des cinq tirages à la gélatine argentique (signés et numérotés) est également disponible ici.