Nobuyoshi Araki, né à Tokyo en 1940, a publié au cours de sa carrière plus de cinq cents livres de photographies, ce qui fait de cet artiste le plus prolifique des photographes. Sa notoriété mondiale a souvent reposé sur l’érotisme de son art, et notamment sur les séries sulfureuses consacrées à l’art du kinbaku (bondage japonais né de l’art martial traditionnel du ligotage, le hojojutsu). Les éditions allemandes Taschen publient aujourd’hui Bondage, magnifique édition XL consacrée à l’une de ses fascinations de longue date et à l’un de ses sujets les plus significatifs : Kinbaku-bi, littéralement « la beauté des liens serrés ». Le bondage, dans un contexte sexuel, est apparu au Japon à la fin de la période Edo (milieu des années 1800), mais n’a été popularisé que dans les années 1950, lorsque des magazines comme Kitan Club et Yomikiri Romance ont commencé à publier les premières photographies de bondage nu, et dans les années 1960, lorsque les Nawashi (maîtres des cordes) ont commencé à apparaître dans des spectacles S&M en direct. Le kinbaku se pratique généralement avec des cordes de six à huit mètres de long et se base sur des modèles de cordes spécifiques pour le ligotage et la suspension. Araki joue avec les motifs de la soumission et de l’émancipation, de la mort et du désir et le glissement dans l’image entre sérénité et scandale. Au sens propre ou au figuré, ses modèles sont incontestablement immobilisés, mais de la manière la plus captivante: des femmes étendues, ligotées mais défiantes, suspendues au plafond, en habit traditionnel ou nues, de face, une fleur parfois subtilement posée entre leurs jambes. Les images de cet impresioonant ouvrage de 288 pages varient en humeur et en subtilité. Le sujet a certainement quelque chose d’hypnotique, qu’il s’agisse de la nature intrigante et séduisante de la tradition du ligotage ou simplement de l’impudeur graphique de certaines des poses ; mais, que le contenu soit ou non du goût de chacun, on ne peut nier que les clichés démontrent la maîtrise de la composition, de la couleur et du ton d’Araki, si souvent applaudie : tantôt délavée et délicate, tantôt audacieuse et frappante. L’utilisation contrastée d’effets photographiques et le caractère plus ou moins explicite du sujet sont typiques de l’approche ouverte d’Araki et de sa tentative d’éviter toute classification moralisatrice : «Il n’y a pas de conclusion. C’est totalement ouvert. Cela ne va nulle part.» Ce magnifique volume est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Taschen.
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CINDY SHERMAN – 2023
Considérée comme l’une des artistes les plus influente de sa génération, Cindy Sherman a connu la célébrité à la fin des années 1970 avec le groupe d’artistes Pictures Generation. Du milieu des années 1970 à nos jours, elle a produit une œuvre photographique quasi intégralement consacrée au portrait, sans jamais recourir à d’autres modèles qu’elle-même. Paradoxalement, c’est en disparaissant derrière ses masques et ses costumes que Cindy Sherman est devenue une icône, bousculant l’idée même d’identité et les frontières entre réalité et fiction. Publié par les éditions de la galerie Hauser & Wirth de Zurich à l’occasion de l’exposition personnelle de Cindy Sherman, cette publication présente un nouveau corpus d’œuvres de l’artiste américaine qui poursuit ses explorations du genre du portrait depuis ses premiers travaux des années 1970. À travers trente-six photographies, l’artiste assemble des parties de son propre visage, découpé, déformé et recombiné, pour construire les identités de différentes personnes, en utilisant la manipulation numérique pour accentuer les aspects stratifiés et la plasticité du moi. Sherman a supprimé toute toile de fond scénique ou mise en scène – l’élément central de cette série est le visage. Comme pour les costumes, les perruques et le maquillage, l’application des prothèses est souvent laissée apparente, brisant ainsi l’illusion au lieu de la maintenir. Comme pour les prothèses, l’utilisation de la manipulation numérique dans sa nouvelle série exagère les tensions entre l’identité et l’artifice. En employant cette technique de superposition, Sherman crée un espace de multiplicité, explorant l’idée que l’identité est une caractéristique humaine complexe et souvent construite, qu’il est impossible de capturer dans une image singulière. Ses portraits sont autant de questionnements sur l’identité et les images d’aujourd’hui, et interrogent sur l’identité, le féminin, le masculin, le genre humain. Le livre de 84 pages comprend également un texte de Sherman décrivant son processus de travail en studio, offrant un aperçu intime de sa réflexion sur l’œuvre. Il est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Hauser & Wirth.
JIM GOLDBERG – COMING AND GOING
Entré chez Magnum Photos en 2002 en tant que membre associé, Jim Goldberg en est devenu membre à part entière en 2006. Pourtant, sa façon de raconter la réalité n’a pas grand chose à voir avec le photojournalisme. Publié par les éditions britanniques MACK, Coming and Going est l’œuvre autobiographique exceptionnelle du photographe de San Francisco. Depuis 1999, Goldberg photographie sa vie quotidienne dans toutes ses vicissitudes et retourne dans son studio pour réimaginer et étudier ces images à travers une pratique de collage, d’annotation, de montage et de reconstruction qui a fait sa renommée. Ce livre retrace le cheminement d’une personne à travers le deuil qui suit la mort de ses parents, la naissance d’un enfant qui bouleverse sa vie, le déchirement d’un divorce et la redécouverte de l’amour. Relaté à l’aide d’un mélange tumultueux d’images singulières et variées, de notes personnelles, de collages et de documents éphémères, le livre capture les réalités douces-amères d’une vie individuelle tout en réfléchissant aux allées et venues universelles et inéluctables qui nous façonnent et à la manière dont nous apprenons à devenir conscients de nous-mêmes. Reconnu pour ses célèbres ouvrages tels que Rich and Poor (1985), Raised by Wolves (1995) et Open See (2009), le langage visuel de Goldberg utilise la séquence et la narration avec une intensité fiévreuse. L’histoire, la mémoire et l’imagination s’entrechoquent dans une pratique matérielle vivante où les influences de la fiction et du cinéma, ainsi que la forme même du livre, sont centrales. Coming and Going offre un récit féroce, vulnérable et parfois bouleversant d’une vie et d’une recherche des universels insaisissables de l’expérience – une réalisation qui constitue l’œuvre maîtresse de Goldberg et une contribution significative à la création de livres contemporains. L’impressionnant ouvrage de 360 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions MACK. Une édition spéciale est également disponible sur ce lien. Celle-ci contient une première édition signée et numérotée du livre, présentée dans un coffret à clapet imprimé, ainsi qu’un collage fait main signé et numéroté et une estampe signée et numérotée, complété par un polaroïd unique de Goldberg, inséré à l’intérieur du coffret.
GEOFF MCFETRIDGE – THE ORGANIC INTERFACE
Geoff McFetridge présente depuis mercredi dernier sa nouvelle exposition personnelle, The Organic Interface, à la galerie V1 de Copenhague. L’artiste californien y dévoile ses nouvelles toiles, une série de dessins, ainsi que deux sculptures. Jusqu’au 23 septembre 2023.
YAYOI KUSAMA – 1945 TO NOW
L’œuvre de l’artiste japonaise Yayoi Kusama transcende deux des mouvements artistiques les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle : le pop art et le minimalisme. Sa carrière extraordinaire et très influente s’étend de la peinture à la performance, en passant par les présentations en salle, les installations sculpturales extérieures, les œuvres littéraires, les films, la mode, le design et les interventions dans les structures architecturales existantes, qui font à la fois référence aux univers microscopiques et macroscopiques. Publié par les éditions britanniques Thames & Hudson, Yayoi Kusama : 1945 to Now offre un panorama complet de l’œuvre de l’artiste et dresse le profil d’une créatrice qui, de son vivant, a connu une véritable consécration internationale. Au cours d’une carrière très variée qui s’étend sur sept décennies et sur de multiples supports, elle a établi des liens profonds avec des publics du monde entier. Apparue à la pointe de l’expérimentation artistique en Asie au milieu du XXe siècle, Kusama est rapidement devenue une figure centrale de la scène artistique new-yorkaise des années 1960. Aujourd’hui âgée de quatre-vingt-dix ans, Kusama continue de communiquer sa vision très personnelle et spirituelle du monde à travers son art. L’ouvrage s’articule autour de six sections thématiques : “Infinity”, “Accumulation”, “The Biocosmic”, “Radical Connectivity”, “Death”, et “Joy of Life”. Chacune de ces parties vise à élucider les préoccupations esthétiques et philosophiques qui sont au cœur de l’œuvre de l’artiste. Ce livre présente des extraits d’écrits inédits de Kusama, ainsi qu’une correspondance avec Georgia O’Keeffe, un entretien avec le critique et conservateur Yoshie Yoshida, et une table ronde réunissant d’éminents conservateurs et spécialistes de Kusama. L’ouvrage comprend également des essais explorant différents aspects de sa pratique, ainsi qu’une chronologie illustrée détaillée qui replace l’ensemble de son œuvre dans son contexte. S’adressant non seulement à ceux qui connaissent déjà Kusama et son œuvre, mais aussi à ceux qui la découvrent pour la première fois, cette monographie révèle une artiste qui, tout en étant façonnée par les courants artistiques internationaux, reste profondément liée aux traditions et à la culture de son pays d’origine, le Japon. Le livre de 400 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Thames & Hudson ainsi que dans les meilleures librairies indépendantes.
MASAO YAMAMOTO – KURAYAMI
L’œuvre de Masao Yamamoto est inspirée par la philosophie du Zen Japonais, où la méditation et la recherche de la beauté tiennent une place essentielle dans l’épanouissement de l’être humain. “Une vie idéale doit être faite d’harmonie et de contentement”, dit-il. Né en 1957 à Gamagori, dans la préfecture japonaise d’Aichi, le photographe commence ses études d’art en tant que peintre à l’huile sous la direction de Goro Saito dans sa ville natale. Il découvre par la suite que la photographie était le support idéal pour le thème qui l’intéressait le plus: la capacité de l’image à évoquer des souvenirs. Après la parution de leur premier livre de photos Sasanami (voir ici) en septembre 2020, le photographe Masao Yamamoto et le compositeur Akira Uchida poursuivent leur collaboration avec Kurayami, à l’initiative de la maison d’édition française I I K K I. Les clichés de Yamamoto immortalisent des vues et des événements du monde naturel – des fleurs éclairées à contre-jour, un simple nuage dans le ciel, la mer la nuit, un arbre la nuit contre les étoiles, trois canards endormis, la forme à peine visible d’une montagne derrière le brouillard – avec une admiration, une poésie et un sens de la beauté inégalés. Si la simplicité de ses compositions invite le lecteur à se perdre dans des images isolées, lorsqu’elles sont observées en séquence, les photographies construisent une vision plus large, une conscience plus aiguë de la richesse du monde. Akira Uchida fournit une fois de plus une bande sonore composée de mélodies atmosphériques qui renforcent les aspects essentiels et éphémères des images de Yamamoto. Sa création sonore est accessible soit avec un code digital pour pouvoir la télécharger, ou en pack livre + CD ou livre + vinyl. Poursuivant ce dialogue unique entre photographie et musique, Masao Yamamoto et AKira Uchida offrent une suite incroyable au merveilleux premier volume. Publié dans une édition unique limitée à 2000 exemplaires numérotés et tamponnés à la main, imprimé sur papier Symbol Tatami White 135g/m2, le livre est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions I I K K I.
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ED TEMPLETON – WIRES CROSSED
À la fois mémoire et document sur la sous-culture DIY et punk du skateboard telle qu’elle est apparue dans les années 1990 et au début des années 2000, Wires Crossed d’Ed Templeton – publié par les editions Aperture – est imprégné de l’énergie brute et brûlante des images créées par Templeton au cours des vingt dernières années. Illustré par des photographies, des collages, des textes, des cartes et d’autres documents éphémères tirés des carnets de Templeton, Wires Crossed offre un regard de l’intérieur sur une sous-culture en devenir et reflète l’empreinte esthétique unique qui a jailli du monde du skate qu’il a contribué à créer. Templeton occupe la position rare d’avoir été un skateur professionnel, deux fois champion du monde de skate, ainsi qu’un photographe et un artiste travaillant au sein de la communauté du skateboard, qui a gagné en importance culturelle dans les années 1990 et au-delà. Son travail a été reconnu pour la première fois en tant que membre du collectif Beautiful Losers, rassemblé autour de la galerie Alleged d’Aaron Rose, dans le Lower East Side de Manhattan. Ce nouvel ouvrage, dont les oeuvres sont en grande partie inédites, explore le parcours de Templeton en tant que créateur d’images, ainsi que la vie des skateurs professionnels qui passaient de longues heures à sillonner le monde en tournée, se délectant de leur nouveau statut de rock star et de l’éternelle recherche de nouveaux terrains à skater. Les interviews de Templeton et de ses amis skateurs professionnels offrent des détails fascinants sur les pressions et les plaisirs de la vie sur la route, et sur ce que c’est que de poursuivre une forme d’art de manière obsessionnelle, que ce soit sur leurs planches de skate ou derrière la caméra. Le livre de 264 pages, avec des contributions éditoriales de Brian Anderson, Erik Ellington, Justin Regan, Elissa Steamer et Deanna Templeton, est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Aperture ainsi que dans les meilleures librairies indépendantes.
JOE ROBERTS – LSD WORLDPEACE
Joe Roberts travaille comme artiste à San Francisco depuis plus d’une dizaine d’années. Ses œuvres en techniques variées, rappellant le travail de Jean-Michel Basquiat et de Joseph Cornell, ont été publiées sous différents formats au fil des ans et ont été exposées à travers tous les États-Unis, où elles ont reçu un accueil très favorable. Les peintures, les dessins et les œuvres multimédias de Joe Roberts sont de véritables vecteurs de transport, au sens cosmique du terme. Grâce à leur mélange intuitif de styles et de sujets, ils servent de portails vers un monde hallucinatoire chaleureux : un endroit où des mélanges joyeux de symboles de l’enfance (résidus de bandes dessinées, mascottes de dessins animés) coexistent avec des points de référence contre-culturels (planches ouija, livres de science-fiction, ovnis) et des éclairs sincères de l’intime (croquis diaristiques, comptes rendus de voyage hallucinatoires). Réédité pour la première fois depuis 2015 par les éditions américaines Anthology Editions, LSD Worldpeace témoigne de l’extraordinaire créativité et des méthodes rudimentaires du début de la carrière de Roberts, avec des collages, des figurines et des dioramas, en plus des peintures pour lesquelles il est devenu si célèbre. On y redécouvre ses peintures et illustrations fantaisistes qui établissent des analogies avec les œuvres d’art de la contre-culture des années 1960, désorientant les spectateurs avec des vagues de motifs géométriques, de couleurs et d’images cosmiques. Ses compositions de faux naïfs mettent en scène des personnages récurrents de la culture pop tels que Mickey Mouse, Freddy Krueger et les Tortues Ninja. Avec une introduction de Myla DalBesio et Matthew Ronay, LSD Worldpeace est le produit d’un artiste à l’imagination débordante qui passe librement d’un mode à l’autre, guidé par une vision sans limites. Le livre de 160 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Anthology Editions.
CHRIS KILLIP – 1946-2020
Les efforts continus de Chris Killip pour mettre en valeur et documenter la vie des personnes touchées par les changements économiques dans le nord de l’Angleterre, tout au long des années 1970 et 1980, ont fait de lui l’une des figures les plus influentes de la photographie britannique. Publié par les éditions britanniques Thames & Hudson à l’occasion de la première rétrospective complète de la vie et de l’œuvre de Killip à la Photographers’ Gallery de Londres, Chris Killip, 1946-2020, conçu par Niall Sweeney et Nigel Truswell de Pony Ltd, présente des photographies de chacune de ses principales séries ainsi que des œuvres moins connues. Fruit d’une immersion et d’une implication soutenues dans les communautés qu’il photographiait, l’observation minutieuse de Chris Killip a permis de faire la chronique de la vie des gens ordinaires avec des détails frappants, mais néanmoins bienveillants. Ses photographies sont reconnues comme l’un des documents visuels les plus importants de la Grande-Bretagne des années 1980 ; comme le souligne Ken Grant, éditeur de cet ouvrage, elles racontent l’histoire de ceux qui « ont subi l’histoire, qui ont ressenti son mépris malveillant et qui, pourtant, comme le photographe avec lequel ils ont partagé une grande partie de leur vie, ont refusé de céder ou de détourner le regard ». On retrouve parmi les séries présentées North East 1-2, Askam, Skinningrove, Seacoal, The Station (voir ici pour l’ouvrage consacré à cette série) ou encore Pirelli. Killip a pu participer à l’édition de sa dernière publication avant de succomber à une maladie à l’automne 2020. Son imprimeur de longue date, Steidl, a été associé à la production de ce magnifique livre de photos. L’ouvrage de 256 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Thames & Hudson ainsi que dans les meilleures librairies indépendantes.
ROBERT LEBLANC – GLORYLAND
L’artiste Robert LeBlanc, installé à Los Angeles, est un photographe autodidacte qui a le don de capturer des communautés non traditionnelles. Des pompiers aux survivants des ouragans, ses images de la vie en marge de la société offrent un aperçu excentrique d’espaces et d’événements sociaux rarement photographiés. Dans son dernier projet GLORYLAND publié par les éditions britanniques Setanta Books, il continue d’explorer sa fascination pour l’étrange et l’inhabituel. Pendant plus de cinq ans, LeBlanc a documenté une sous-culture typiquement américaine : l’une des rares églises Holiness de Virginie-Occidentale où l’on manipule des serpents. Pour son projet à long terme, LeBlanc a passé ses journées à étudier ces pratiques funestes en voie d’extinction, tout en établissant des relations de confiance avec ses sujets. Il a été accueilli à bras ouverts, ce qui lui a permis de photographier la communauté et sa démonstration de foi dévote en la Bible du roi Jacques dans une position d’immédiateté et de proximité. Ce sens de l’engagement mutuel et de la transparence est apparent dans sa série d’images en noir et blanc, brutes et sans fard, qui traversent les univers du documentaire et du surréalisme. À une époque de grands bouleversements sociaux et d’escalade des conséquences environnementales, l’oeuvre de LeBlanc contribue à une meilleure compréhension de l’expérience humaine contemporaine. Le livre de 378 pages, grande réussite éditoriale, est conçu comme une réplique de la bible avec du papier biblique Scritta, et est présenté dans un coffret original avec gaufrage. Il est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Setanta Books. Une édition limitée à 50 exemplaires avec deux tirages du photographe signés et numérotés est également disponible ici.
KRASS CLEMENT – TIMESLAG
Krass Clement (né en 1946) est l’un des photographes danois les plus remarquables de sa génération. Toutes ses photographies abordent les questions existentielles de la condition humaine. Elles nous parlent des sentiments de perte, d’angoisse et de solitude. De cette part de vécu que nous essayons tous de maintenir à distance. Si son univers photographique nous touche si profondément, cela tient non seulement à son grand talent visuel, mais également à son aptitude à rendre ces thèmes proches et abordables. Fondée sur le réalisme de la photographie documentaire, la démarche artistique de Krass Clement consiste à travailler les images comme des métaphores. Il compare volontiers sa photographie à la poésie, où quelques mots suffisent à générer chez le lecteur des souvenirs ou un univers entier. Publié par les éditions danoises Gyldendal, Timeslag se compose d’images prises dans les années 1980, mettant en scène le quartier de Nørrebro situé près du cœur de Copenhague. Cette zone, connue pour la diversité de sa population immigrée, a été fortement réaménagé dans les années 1970 et 1980, et a ainsi vu disparaître ses maisons et ses rues, créant un paysage qui rappelle un terrain vague déchiré par la guerre. Les photographies en noir et blanc de Krass Clement servent de narration lyrique et de documentation historique culturelle, capturant le sentiment de perte et de changement. Le livre présente le Nørrebro disparu, mais sert également de réflexion artistique et personnelle sur une époque révolue, à la fois caractéristique et peu familière. Il s’agit d’une histoire culturelle précieuse, qui reflète l’histoire d’une telle ville. Le livre de 144 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Gyldendal.
FRANCK BOHBOT – BACK TO THE ARCADE
Dans sa série Back to the Arcade publiée par les éditions britanniques Setanta Books, Franck Bohbot fait preuve d’une grande maîtrise des couleurs et d’une grande capacité à cadrer une narration. À travers son objectif, les salles d’arcades s’ouvrent au spectateur comme un court métrage étroitement tissé, noir-esque même. Les photos dégagent une impression de criminalité, comme si vous aviez pénétré dans un bar clandestin où se déroulent des actes cachés, marginaux et célébrés par les quelques chanceux capables de fournir le mot de passe au portier. Et au milieu de tout cela, il y a les machines elles-mêmes : regroupées en collections par ceux qui en sont obsédés, il est tentant de les toucher, d’en jouer. L’œil du photographe parisien, grand fan de cinéma et de jeux vidéos, nous dévoile cette facette de Los Angeles, où les habitants d’aujourd’hui se sont regroupés pour expérimenter les arcanes, pour être solitaires tout en étant en groupe, pour se délecter de la poursuite fantaisiste de leurs rêves. Tout cela baigne dans la lumière unique de Bohbot, à l’image de la ville de Los Angeles elle-même, un lieu où la joie chasse le soleil et où, lorsqu’il se couche, les occupants de la ville trouvent les lieux secrets. Back to the Arcade est une série magistrale qui capture le temps. Le temps qu’il faut à l’objectif complètement ouvert de Bohbot pour enregistrer le peu de lumière à l’intérieur de chaque salle d’arcade. Le temps que les sujets des photos passent devant chaque machine. Et l’idée du temps lui-même, qui semble s’être arrêté à l’intérieur de ces salles d’arcade. Publié à 500 exemplaires seulement, l’ouvrage de 164 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Setanta Books. Une édition limitée avec un tirage du photographe limité à 20 exemplaires signés (trois clichés possibles) est également disponible ici.