L’œuvre de l’artiste japonaise Yayoi Kusama transcende deux des mouvements artistiques les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle : le pop art et le minimalisme. Sa carrière extraordinaire et très influente s’étend de la peinture à la performance, en passant par les présentations en salle, les installations sculpturales extérieures, les œuvres littéraires, les films, la mode, le design et les interventions dans les structures architecturales existantes, qui font à la fois référence aux univers microscopiques et macroscopiques. Publié par les éditions britanniques Thames & Hudson, Yayoi Kusama : 1945 to Now offre un panorama complet de l’œuvre de l’artiste et dresse le profil d’une créatrice qui, de son vivant, a connu une véritable consécration internationale. Au cours d’une carrière très variée qui s’étend sur sept décennies et sur de multiples supports, elle a établi des liens profonds avec des publics du monde entier. Apparue à la pointe de l’expérimentation artistique en Asie au milieu du XXe siècle, Kusama est rapidement devenue une figure centrale de la scène artistique new-yorkaise des années 1960. Aujourd’hui âgée de quatre-vingt-dix ans, Kusama continue de communiquer sa vision très personnelle et spirituelle du monde à travers son art. L’ouvrage s’articule autour de six sections thématiques : “Infinity”, “Accumulation”, “The Biocosmic”, “Radical Connectivity”, “Death”, et “Joy of Life”. Chacune de ces parties vise à élucider les préoccupations esthétiques et philosophiques qui sont au cœur de l’œuvre de l’artiste. Ce livre présente des extraits d’écrits inédits de Kusama, ainsi qu’une correspondance avec Georgia O’Keeffe, un entretien avec le critique et conservateur Yoshie Yoshida, et une table ronde réunissant d’éminents conservateurs et spécialistes de Kusama. L’ouvrage comprend également des essais explorant différents aspects de sa pratique, ainsi qu’une chronologie illustrée détaillée qui replace l’ensemble de son œuvre dans son contexte. S’adressant non seulement à ceux qui connaissent déjà Kusama et son œuvre, mais aussi à ceux qui la découvrent pour la première fois, cette monographie révèle une artiste qui, tout en étant façonnée par les courants artistiques internationaux, reste profondément liée aux traditions et à la culture de son pays d’origine, le Japon. Le livre de 400 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Thames & Hudson ainsi que dans les meilleures librairies indépendantes.
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MASAO YAMAMOTO – KURAYAMI
L’œuvre de Masao Yamamoto est inspirée par la philosophie du Zen Japonais, où la méditation et la recherche de la beauté tiennent une place essentielle dans l’épanouissement de l’être humain. “Une vie idéale doit être faite d’harmonie et de contentement”, dit-il. Né en 1957 à Gamagori, dans la préfecture japonaise d’Aichi, le photographe commence ses études d’art en tant que peintre à l’huile sous la direction de Goro Saito dans sa ville natale. Il découvre par la suite que la photographie était le support idéal pour le thème qui l’intéressait le plus: la capacité de l’image à évoquer des souvenirs. Après la parution de leur premier livre de photos Sasanami (voir ici) en septembre 2020, le photographe Masao Yamamoto et le compositeur Akira Uchida poursuivent leur collaboration avec Kurayami, à l’initiative de la maison d’édition française I I K K I. Les clichés de Yamamoto immortalisent des vues et des événements du monde naturel – des fleurs éclairées à contre-jour, un simple nuage dans le ciel, la mer la nuit, un arbre la nuit contre les étoiles, trois canards endormis, la forme à peine visible d’une montagne derrière le brouillard – avec une admiration, une poésie et un sens de la beauté inégalés. Si la simplicité de ses compositions invite le lecteur à se perdre dans des images isolées, lorsqu’elles sont observées en séquence, les photographies construisent une vision plus large, une conscience plus aiguë de la richesse du monde. Akira Uchida fournit une fois de plus une bande sonore composée de mélodies atmosphériques qui renforcent les aspects essentiels et éphémères des images de Yamamoto. Sa création sonore est accessible soit avec un code digital pour pouvoir la télécharger, ou en pack livre + CD ou livre + vinyl. Poursuivant ce dialogue unique entre photographie et musique, Masao Yamamoto et AKira Uchida offrent une suite incroyable au merveilleux premier volume. Publié dans une édition unique limitée à 2000 exemplaires numérotés et tamponnés à la main, imprimé sur papier Symbol Tatami White 135g/m2, le livre est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions I I K K I.
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ED TEMPLETON – WIRES CROSSED
À la fois mémoire et document sur la sous-culture DIY et punk du skateboard telle qu’elle est apparue dans les années 1990 et au début des années 2000, Wires Crossed d’Ed Templeton – publié par les editions Aperture – est imprégné de l’énergie brute et brûlante des images créées par Templeton au cours des vingt dernières années. Illustré par des photographies, des collages, des textes, des cartes et d’autres documents éphémères tirés des carnets de Templeton, Wires Crossed offre un regard de l’intérieur sur une sous-culture en devenir et reflète l’empreinte esthétique unique qui a jailli du monde du skate qu’il a contribué à créer. Templeton occupe la position rare d’avoir été un skateur professionnel, deux fois champion du monde de skate, ainsi qu’un photographe et un artiste travaillant au sein de la communauté du skateboard, qui a gagné en importance culturelle dans les années 1990 et au-delà. Son travail a été reconnu pour la première fois en tant que membre du collectif Beautiful Losers, rassemblé autour de la galerie Alleged d’Aaron Rose, dans le Lower East Side de Manhattan. Ce nouvel ouvrage, dont les oeuvres sont en grande partie inédites, explore le parcours de Templeton en tant que créateur d’images, ainsi que la vie des skateurs professionnels qui passaient de longues heures à sillonner le monde en tournée, se délectant de leur nouveau statut de rock star et de l’éternelle recherche de nouveaux terrains à skater. Les interviews de Templeton et de ses amis skateurs professionnels offrent des détails fascinants sur les pressions et les plaisirs de la vie sur la route, et sur ce que c’est que de poursuivre une forme d’art de manière obsessionnelle, que ce soit sur leurs planches de skate ou derrière la caméra. Le livre de 264 pages, avec des contributions éditoriales de Brian Anderson, Erik Ellington, Justin Regan, Elissa Steamer et Deanna Templeton, est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Aperture ainsi que dans les meilleures librairies indépendantes.
JOE ROBERTS – LSD WORLDPEACE
Joe Roberts travaille comme artiste à San Francisco depuis plus d’une dizaine d’années. Ses œuvres en techniques variées, rappellant le travail de Jean-Michel Basquiat et de Joseph Cornell, ont été publiées sous différents formats au fil des ans et ont été exposées à travers tous les États-Unis, où elles ont reçu un accueil très favorable. Les peintures, les dessins et les œuvres multimédias de Joe Roberts sont de véritables vecteurs de transport, au sens cosmique du terme. Grâce à leur mélange intuitif de styles et de sujets, ils servent de portails vers un monde hallucinatoire chaleureux : un endroit où des mélanges joyeux de symboles de l’enfance (résidus de bandes dessinées, mascottes de dessins animés) coexistent avec des points de référence contre-culturels (planches ouija, livres de science-fiction, ovnis) et des éclairs sincères de l’intime (croquis diaristiques, comptes rendus de voyage hallucinatoires). Réédité pour la première fois depuis 2015 par les éditions américaines Anthology Editions, LSD Worldpeace témoigne de l’extraordinaire créativité et des méthodes rudimentaires du début de la carrière de Roberts, avec des collages, des figurines et des dioramas, en plus des peintures pour lesquelles il est devenu si célèbre. On y redécouvre ses peintures et illustrations fantaisistes qui établissent des analogies avec les œuvres d’art de la contre-culture des années 1960, désorientant les spectateurs avec des vagues de motifs géométriques, de couleurs et d’images cosmiques. Ses compositions de faux naïfs mettent en scène des personnages récurrents de la culture pop tels que Mickey Mouse, Freddy Krueger et les Tortues Ninja. Avec une introduction de Myla DalBesio et Matthew Ronay, LSD Worldpeace est le produit d’un artiste à l’imagination débordante qui passe librement d’un mode à l’autre, guidé par une vision sans limites. Le livre de 160 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Anthology Editions.
CHRIS KILLIP – 1946-2020
Les efforts continus de Chris Killip pour mettre en valeur et documenter la vie des personnes touchées par les changements économiques dans le nord de l’Angleterre, tout au long des années 1970 et 1980, ont fait de lui l’une des figures les plus influentes de la photographie britannique. Publié par les éditions britanniques Thames & Hudson à l’occasion de la première rétrospective complète de la vie et de l’œuvre de Killip à la Photographers’ Gallery de Londres, Chris Killip, 1946-2020, conçu par Niall Sweeney et Nigel Truswell de Pony Ltd, présente des photographies de chacune de ses principales séries ainsi que des œuvres moins connues. Fruit d’une immersion et d’une implication soutenues dans les communautés qu’il photographiait, l’observation minutieuse de Chris Killip a permis de faire la chronique de la vie des gens ordinaires avec des détails frappants, mais néanmoins bienveillants. Ses photographies sont reconnues comme l’un des documents visuels les plus importants de la Grande-Bretagne des années 1980 ; comme le souligne Ken Grant, éditeur de cet ouvrage, elles racontent l’histoire de ceux qui « ont subi l’histoire, qui ont ressenti son mépris malveillant et qui, pourtant, comme le photographe avec lequel ils ont partagé une grande partie de leur vie, ont refusé de céder ou de détourner le regard ». On retrouve parmi les séries présentées North East 1-2, Askam, Skinningrove, Seacoal, The Station (voir ici pour l’ouvrage consacré à cette série) ou encore Pirelli. Killip a pu participer à l’édition de sa dernière publication avant de succomber à une maladie à l’automne 2020. Son imprimeur de longue date, Steidl, a été associé à la production de ce magnifique livre de photos. L’ouvrage de 256 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Thames & Hudson ainsi que dans les meilleures librairies indépendantes.
ROBERT LEBLANC – GLORYLAND
L’artiste Robert LeBlanc, installé à Los Angeles, est un photographe autodidacte qui a le don de capturer des communautés non traditionnelles. Des pompiers aux survivants des ouragans, ses images de la vie en marge de la société offrent un aperçu excentrique d’espaces et d’événements sociaux rarement photographiés. Dans son dernier projet GLORYLAND publié par les éditions britanniques Setanta Books, il continue d’explorer sa fascination pour l’étrange et l’inhabituel. Pendant plus de cinq ans, LeBlanc a documenté une sous-culture typiquement américaine : l’une des rares églises Holiness de Virginie-Occidentale où l’on manipule des serpents. Pour son projet à long terme, LeBlanc a passé ses journées à étudier ces pratiques funestes en voie d’extinction, tout en établissant des relations de confiance avec ses sujets. Il a été accueilli à bras ouverts, ce qui lui a permis de photographier la communauté et sa démonstration de foi dévote en la Bible du roi Jacques dans une position d’immédiateté et de proximité. Ce sens de l’engagement mutuel et de la transparence est apparent dans sa série d’images en noir et blanc, brutes et sans fard, qui traversent les univers du documentaire et du surréalisme. À une époque de grands bouleversements sociaux et d’escalade des conséquences environnementales, l’oeuvre de LeBlanc contribue à une meilleure compréhension de l’expérience humaine contemporaine. Le livre de 378 pages, grande réussite éditoriale, est conçu comme une réplique de la bible avec du papier biblique Scritta, et est présenté dans un coffret original avec gaufrage. Il est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Setanta Books. Une édition limitée à 50 exemplaires avec deux tirages du photographe signés et numérotés est également disponible ici.
KRASS CLEMENT – TIMESLAG
Krass Clement (né en 1946) est l’un des photographes danois les plus remarquables de sa génération. Toutes ses photographies abordent les questions existentielles de la condition humaine. Elles nous parlent des sentiments de perte, d’angoisse et de solitude. De cette part de vécu que nous essayons tous de maintenir à distance. Si son univers photographique nous touche si profondément, cela tient non seulement à son grand talent visuel, mais également à son aptitude à rendre ces thèmes proches et abordables. Fondée sur le réalisme de la photographie documentaire, la démarche artistique de Krass Clement consiste à travailler les images comme des métaphores. Il compare volontiers sa photographie à la poésie, où quelques mots suffisent à générer chez le lecteur des souvenirs ou un univers entier. Publié par les éditions danoises Gyldendal, Timeslag se compose d’images prises dans les années 1980, mettant en scène le quartier de Nørrebro situé près du cœur de Copenhague. Cette zone, connue pour la diversité de sa population immigrée, a été fortement réaménagé dans les années 1970 et 1980, et a ainsi vu disparaître ses maisons et ses rues, créant un paysage qui rappelle un terrain vague déchiré par la guerre. Les photographies en noir et blanc de Krass Clement servent de narration lyrique et de documentation historique culturelle, capturant le sentiment de perte et de changement. Le livre présente le Nørrebro disparu, mais sert également de réflexion artistique et personnelle sur une époque révolue, à la fois caractéristique et peu familière. Il s’agit d’une histoire culturelle précieuse, qui reflète l’histoire d’une telle ville. Le livre de 144 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Gyldendal.
FRANCK BOHBOT – BACK TO THE ARCADE
Dans sa série Back to the Arcade publiée par les éditions britanniques Setanta Books, Franck Bohbot fait preuve d’une grande maîtrise des couleurs et d’une grande capacité à cadrer une narration. À travers son objectif, les salles d’arcades s’ouvrent au spectateur comme un court métrage étroitement tissé, noir-esque même. Les photos dégagent une impression de criminalité, comme si vous aviez pénétré dans un bar clandestin où se déroulent des actes cachés, marginaux et célébrés par les quelques chanceux capables de fournir le mot de passe au portier. Et au milieu de tout cela, il y a les machines elles-mêmes : regroupées en collections par ceux qui en sont obsédés, il est tentant de les toucher, d’en jouer. L’œil du photographe parisien, grand fan de cinéma et de jeux vidéos, nous dévoile cette facette de Los Angeles, où les habitants d’aujourd’hui se sont regroupés pour expérimenter les arcanes, pour être solitaires tout en étant en groupe, pour se délecter de la poursuite fantaisiste de leurs rêves. Tout cela baigne dans la lumière unique de Bohbot, à l’image de la ville de Los Angeles elle-même, un lieu où la joie chasse le soleil et où, lorsqu’il se couche, les occupants de la ville trouvent les lieux secrets. Back to the Arcade est une série magistrale qui capture le temps. Le temps qu’il faut à l’objectif complètement ouvert de Bohbot pour enregistrer le peu de lumière à l’intérieur de chaque salle d’arcade. Le temps que les sujets des photos passent devant chaque machine. Et l’idée du temps lui-même, qui semble s’être arrêté à l’intérieur de ces salles d’arcade. Publié à 500 exemplaires seulement, l’ouvrage de 164 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Setanta Books. Une édition limitée avec un tirage du photographe limité à 20 exemplaires signés (trois clichés possibles) est également disponible ici.
LARA SHIPLEY – DESIRE LINES
Publié par les éditions britanniques Overlapse, Desire Lines, le nouvel ouvrage de la photographe Lara Shipley, suit les mouvements anciens et nouveaux à travers le paysage désertique des frontières de la région de Sonoran, aux États-Unis et au Mexique : les chemins empruntés par les migrants et les agents frontaliers, les missionnaires et les conquistadors, les populations autochtones et les industriels. La collision désordonnée et parfois violente des peuples a créé une région qui défie les récits réducteurs et préjudiciables que l’on attribue si souvent à nos frontières. Les images de la photographe américaine se concentrent sur l’expérience désorientante de ce paysage – un lieu de beauté ou de danger selon le point de vue de ceux qui s’y déplacent. Faussement vide, le paysage est constamment surveillé et contrôlé, avec une présence militaire toujours plus importante qui s’est immiscée dans le quotidien des habitants des communautés environnantes. S’intéressant aux récits de vie inscrits dans le temps, ou sur les territoires, Shipley tente de percer à jour le concept d’identité, et plus particulièrement celle des Américains. La photographe explique: « J’ai commencé à me rendre régulièrement dans les zones frontalières lorsque j’étais étudiante diplômée et que je vivais non loin de là, il y a environ dix ans. La majorité des photographies du livre datent des premières années de l’administration Trump – une période où j’ai été véritablement stupéfaite de l’intensification des patrouilles et de la surveillance des frontières. J’ai tendance à développer des projets sur plusieurs années. Cette approche m’aide à me faire une idée de l’évolution d’un lieu. Je me suis donc intéressée à ce à quoi ont ressemblé les deux dernières décennies, puis les cent, deux cents et trois cents dernières années – depuis que les Anglo-Saxons ont commencé à se déplacer dans la région. » Le livre de 208 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Overlapse.
BERTIEN VAN MANEN – GLUCKAUF
Née aux Pays-Bas en 1942, Bertien van Manen vit actuellement à Amsterdam. Après avoir commencé sa carrière en tant que mannequin, la photographe est passée derrière l’objectif et a réalisé des photos de mode. En 1976, elle découvre le livre The American, de Robert Frank, qui l’amène vers la photographie documentaire. Travaillant ses sujets en profondeur, avec sensibilité, elle documente les pays de l’Est (A Hundred Summers, A Hundred Winters, 1991), la Chine (East Wind, West Wind, 2001) ou encore les Appalaches (Moonshine, 2014). À chaque série, la photographe explore des modes de présentation différents. Van Manen s’est imposée comme une personnalité exceptionnelle dans le domaine de la photographie documentaire, son langage visuel étant empreint d’empathie et de respect pour la vie quotidienne de ses sujets. Publié par les éditions néerlandaises Fw:Books, Gluckauf aborde un sujet récurrent dans l’œuvre de Van Manen, qui s’est développée jusqu’à la fin des années 1990 : la vie dans les communautés minières. L’intérêt de Bertien van Manen pour la vie minière l’a conduite en 1979 dans le Yorkshire, au Royaume-Uni, où l’exploitation minière était une industrie majeure. Entre 1985 et 2013, elle s’est rendue à huit reprises dans les Appalaches, aux États-Unis, pour photographier d’abord des femmes mineurs, puis régulièrement une famille de mineurs du Kentucky avec laquelle elle s’est liée d’amitié. Au début des années 1990, elle a rendu visite aux habitants d’un village situé dans l’une des plus grandes régions minières du monde, en Sibérie, en Russie. Tout aussi révélatrices sont les photographies que Bertien a prises de Most, une ville de la République tchèque, qui a dû céder toute sa place à l’expansion d’une mine. Le thème des communautés minières est directement lié au parcours de la photographe. Bertien van Manen a grandi à Heerlen, le centre de l’ancienne région minière de l’Est. Son père était ingénieur électricien pour De Staatsmijnen et, enfant, elle aimait rentrer à la maison avec les enfants des mineurs, où l’atmosphère était sans prétention, cordiale et chaleureuse ; une expérience qui l’a profondément marquée. Après avoir quitté le bassin minier de l’Est, Bertien a visité ces lieux à maintes reprises, concentrant ses photographies non pas tant sur les changements socio-économiques, mais plutôt sur les interactions humaines, les relations de toute une vie, l’amour et la souffrance, et les liens tissés par la tradition et la famille. Ce superbe ouvrage de 168 pages avec des clichés de la photographe en noir et blanc et en couleur, est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Fw:Books.
LARRY SULTAN – SWIMMERS
Né en 1946 à New York, Larry Sultan étudie les sciences politiques à l’université de Californie (1968) puis la photographie au San Francisco Art Institute (1973), où il enseignera ensuite la même discipline de 1978 à 1988, avant d’intégrer le California College of Arts. Il commence sa carrière en combinant des photographies d’archives – des documents d’entreprises ou d’institutions, des publicités, des quotidiens – de manière à laisser percevoir la multiplicité de lectures possibles de ses documents décontextualisés. À cette fin, en 1977, il publie avec un étudiant, Mike Mandel, le livre Evidence (preuve) qui présente 59 photographies sans légende et sans lien évident entre elles. Il montre ainsi que les photographies ne peuvent être utilisées comme une preuve et se situent alors dans le domaine de l’art. Cette démarche novatrice, qui sera reprise par la suite, dérange le milieu culturel. Les éditions britanniques MACK publient aujourd’hui Swimmers, un livre consacré à un projet totalement différent. Entre 1978 et 1982, s’éloignant du travail conceptuel collaboratif pour lequel il s’était fait connaître, Larry Sultan photographie des personnes apprenant à nager dans des piscines publiques de San Francisco. Initialement inspiré par des photographies documentaires en noir et blanc qu’il avait trouvées dans un manuel de natation de la Croix-Rouge, Sultan a rapidement commencé à explorer le besoin de créer des images physiques, sensuelles, immersives et picturales. Les œuvres qui en résultent sont saturées de couleurs et influencées par les formes imprévisibles et les abstractions fortuites qui émergent à travers les réfractions déformées de l’eau comme seconde lentille. Souvent belle et fréquemment troublante dans son ambiguïté, la série se construit pour créer un sentiment d’immersion sensorielle animé par les atmosphères fluides et incertaines vers lesquelles Sultan était attiré. Ce recueil présente toutes les images de la série que Sultan a lui-même choisie et exposée, et s’enrichit d’images supplémentaires qu’il a marquées sur des planches contact, ainsi que d’autres sélections de ses archives qu’il n’a probablement jamais consultées. Le livre de 144 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions MACK.
FRANCESCA WOODMAN – THE ARTIST’S BOOKS
L’oeuvre de la photographe américaine Francesca Woodman (1958-1981) est pour le moins fulgurante. Par son travail profondément intime et sensible, fondé sur l’exploration perpétuelle du soi et du médium, elle fait de la photographie sa seconde peau. Francesca Woodman a quasi exclusivement utilisé son corps dans ses images, ainsi je suis toujours à portée de main, explique-t-elle, quand l’urgence de la représentation se manifeste. Malgré sa disparition prématurée à l’âge de vingt-deux ans, Francesca Woodman laisse une impressionnante production visuelle. Ses photographies dévoilent de multiples influences allant notamment du symbolisme au surréalisme mais sa précocité est prodigieuse. Elle prend en effet ses premiers clichés à l’âge de treize ans et crée un ensemble d’œuvres salué par la critique pour la singularité de son style et son approche novatrice de la photographie. Malgré les succès – notamment des expositions individuelles et collectives et la publication d’un de ses livres – et la célébration de son travail dans les années qui ont suivi sa mort prématurée en 1981, très peu de choses ont été publiées jusqu’à présent sur sa remarquable série de livres d’artiste. Publié par les éditions britanniques MACK, Francesca Woodman : The Artist’s Books rassemble pour la première fois toutes les pages des huit livres d’artiste uniques de Francesca Woodman en un seul volume complet, y compris deux ouvrages récemment découverts qui n’ont jamais été vus auparavant, à côté de titres plus connus tels que Some Disordered Interior Geometries. Ces œuvres sont basées sur des journaux et des carnets en lambeaux datant du XIXe et du début du XXe siècle, que Woodman déniche dans des librairies et des marchés aux puces de Rome à la fin des années 1970. Elle a par la suite transformé ces volumes chinés, en attachant ses gravures, ses transparents et ses annotations écrites à leurs pages évocatrices. Ces livres témoignent d’une relation sophistiquée à la narration et à la séquence et permettent de mieux comprendre l’étendue de l’engagement de Woodman dans la forme du livre. Ce magnifique ouvrage de 416 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions MACK.