Category Archives: Art

SAKIKO NOMURA – TENDER IS THE NIGHT

Avec Tender is the Night (piublié par les édtions Prestel en collaboration avec la Fondation MAPFRE), Sakiko Nomura prolonge une recherche photographique centrée sur la nuit comme espace esthétique et conceptuel. Le titre, emprunté à F. Scott Fitzgerald, ne fonctionne pas comme une référence narrative mais comme une clé affective, orientant la lecture vers la fragilité, l’ambivalence du désir et la suspension du temps. L’ouvrage s’inscrit dans la continuité du travail de Nomura sur le corps masculin, abordé non comme sujet érotique explicite, mais comme surface sensible et instable. Les corps sont fragmentés, souvent privés de visage, réduits à des zones de peau, des gestes inachevés. Cette stratégie visuelle empêche toute identification directe et déplace l’attention vers l’expérience perceptive du regardeur. La nuit joue ici un rôle structurant. Elle n’est pas un simple cadre mais un dispositif qui conditionne la visibilité. L’obscurité permet une économie du dévoilement, dans laquelle la photographie oscille entre apparition et effacement. Le choix du noir et blanc, associé à un grain argentique dense, renforce cette tension. La matière photographique devient presque tactile, soulignant la physicalité du médium autant que celle des corps représentés. L’intervention critique de Simon Baker joue un rôle déterminant dans la lecture de l’ouvrage. Historien de la photographie et ancien conservateur, Baker inscrit le travail de Nomura dans une réflexion plus large sur le regard, le désir et la temporalité photographique. Son texte n’impose pas une interprétation fermée, mais propose un cadre analytique qui éclaire la cohérence formelle et conceptuelle du livre. En soulignant l’importance du rythme, de la répétition et du silence, Baker met en évidence la manière dont Tender is the Night se construit comme une expérience temporelle plutôt qu’un récit linéaire. Son approche critique dialogue avec les images sans les surdéterminer, renforçant la position active du spectateur. L’absence de texte explicatif dans le livre participe de cette logique. Elle refuse toute interprétation autoritaire et place le spectateur dans une position active, confronté à une suite d’images ouvertes, non hiérarchisées. Tender is the Night se construit ainsi comme une expérience temporelle plutôt qu’un récit. La répétition des motifs, la lenteur du rythme et la retenue expressive instaurent une forme de contemplation critique. Par cette approche, Sakiko Nomura, protégée de Nobuyoshi Araki, interroge les modalités contemporaines du regard, du désir et de la représentation du corps. L’ouvrage s’impose comme un objet photographique rigoureux, où la sensualité devient un enjeu formel et théorique. Le livre de 232 pages est maintenant disponible en librairie ainsi que sur Amazon.com.

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GEORGES JOUVE

Icône du design français, Georges Jouve retrouve la lumière à travers un ouvrage aussi élégant que rigoureux publié par les éditions françaises NORMA, pensé comme un véritable livre-objet et une immersion dans l’univers du maître. Céramiste, sculpteur, architecte de formes, Jouve échappe aux catégories, développant une œuvre radicale et sensuelle où la matière semble toujours en mouvement, entre noirs profonds, blancs crayeux et émaux vibrants. Le livre retrace une trajectoire libre, des années d’après-guerre à une abstraction souveraine, révélant une recherche constante d’équilibre entre rigueur moderniste et lyrisme méditerranéen. La direction artistique privilégie l’épure, avec de grandes photographies et des détails qui donnent à voir les traces de la main et la tension des surfaces, tandis que les textes contextualisent sans figer, éclairant une pensée exigeante et résolument contemporaine. Une place essentielle est accordée au travail de Karine Lacquement, dont le regard sensible et précis renouvelle la lecture de l’œuvre : ses images, à la fois analytiques et poétiques, captent la profondeur des émaux, la vibration des volumes et l’intimité des formes, donnant à voir Georges Jouve au plus près de la matière. Loin du simple catalogue, l’ouvrage se lit comme un récit visuel, un dialogue continu entre formes et idées, rappelant combien Georges Jouve fut un créateur total, à la croisée de l’art, du design et de l’architecture, dont l’influence internationale et la modernité demeurent intactes. À la fois référence pour les amateurs de céramique, outil pour les collectionneurs et source d’inspiration pour les designers, ce livre dense et sobre invite à la contemplation et s’impose comme un indispensable de toute bibliothèque dédiée au design. Le livre de 288 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions NORMA.

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KUSUKAZU URAGUCHI – SHIMA NO AMA

Kusukazu Uraguchi (1922-1988) est un photographe japonais connu pour son approche intime et spontanée de la photographie de rue. Son travail capte des scènes ordinaires du quotidien avec une attention particulière aux détails, aux gestes et à l’atmosphère urbaine. Il s’inscrit dans la tradition japonaise du snapshot, privilégiant l’instant et la sensibilité personnelle plutôt que la mise en scène. Publié pour la première fois au Japon en 1981, son ouvrage phare Shima no Ama est aujourd’hui republié pour la seconde fois par les éditions françaises Atelier EXB. Depuis plusieurs siècles, les ama – pêcheuses-plongeuses japonaises – nourrissent l’imaginaire nippon. Ces plongeuses en apnée collectent des ormeaux, coquillages et algues dont la vente leur assure l’autonomie financière au sein de leur foyer. Depuis le milieu des années 1950 et pendant plus de trente ans, Uraguchi  les a photographiées dans la région de Shima, le long de la côte Pacifique du Japon. Fruit d’un important travail de recherche parmi près de 40 000 négatifs – pour la quasi-totalité inédits –, cette archive remarquable de paysages, portraits et vues sous-marines raconte à la fois le quotidien et la place particulière de la communauté des ama au sein de la société japonaise. Les images de Uraguchi parlent d’héritage culturel autant que de modernité alors que ces communautés ont connu de profondes mutations suite à la vague d’urbanisation qui a parcouru le Japon après la guerre. Son langage photographique – la force plastique de ses noirs et blancs contrastés, son sens du décadrage, les gestes saisis dans leur spontanéité – célèbre la liberté des corps, la solidarité et l’esprit d’indépendance. Pour éclairer les multiples facettes de ce travail, le corpus visuel est accompagné d’un texte de Sonia Voss qui dévoile le monde mystérieux de cette communauté, ainsi que d’un texte de Chihiro Minato qui inscrit cette oeuvre dans l’histoire de la photographie. Un glossaire, inspiré des écrits de l’ethnologue japonaise Kiyoko Segawa et dédié au monde de la pêche et de ces plongeuses, révèle toute la richesse et la technicité de leur discipline. Shima no Ama est un témoignage sensible et respectueux sur un mode de vie insulaire aujourd’hui menacé de disparition. Par son regard humble et immersif, Uraguchi transforme le documentaire en une mémoire visuelle profondément humaine. Le livre de 168 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Atelier EXB.

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LEE FRIEDLANDER – CHRISTMAS

Avec Christmas – publié par les éditions new-yorkaises Eakins Press Foundation – Lee Friedlander transforme l’une des fêtes les plus universellement célébrées en un théâtre visuel où le kitsch, la surcharge et la tendresse cohabitent sans jamais vraiment se toucher. Publié à partir d’un corpus de photographies prises sur plusieurs décennies, le livre rassemble ce que l’artiste sait faire de mieux : observer l’ordinaire jusqu’à ce qu’il devienne étrange. On y retrouve les ingrédients classiques du regard friedlandérien : compositions fragmentées, reflets qui brouillent les plans, silhouettes tronquées, détails incongrus. Noël, chez lui, n’est pas un moment suspendu de pure magie : c’est une accumulation de signes, de rituels et de débordements visuels. Entre vitrines surchargées, sapins malmenés par la perspective et visages absorbés dans des gestes familiers, Friedlander révèle la comédie involontaire des fêtes de fin d’année. Loin du sentimentalisme attendu, Christmas explore une esthétique du trop-plein : trop de décorations, trop de guirlandes, trop de symboles. C’est précisément dans cette exubérance que le photographe trouve son matériau. Ses images, souvent prises sur le vif dans des rues américaines, dévoilent une société où le sacré et le commercial cohabitent en permanence, où les Pères Noël en plastique veillent sur les trottoirs comme des totems familiers. Ce livre, pourtant, n’est pas cynique. Friedlander observe plus qu’il ne juge. Les scènes domestiques, les enfants en pyjama, les intérieurs modestes baignés d’une lumière d’hiver composent un contrepoint tendre et mélancolique. Noël apparaît alors comme un moment de suspension, une parenthèse où l’ordinaire se charge d’une intensité particulière. L’ensemble fonctionne comme un grand catalogue des mythologies de la fête. On y trouve l’Amérique telle qu’elle se représente elle-même : consumériste, foisonnante, parfois absurde, mais aussi profondément attachée à ses rituels. Friedlander, en archéologue de l’image, en révèle les strates : traditions familiales, commerce omniprésent, quête de chaleur dans un monde froid. En refermant Christmas, on comprend que Friedlander n’a jamais cherché à livrer une célébration festive. Il propose plutôt une observation minutieuse du spectacle collectif qui entoure Noël, un spectacle où chacun est acteur malgré lui. Le résultat est un livre à la fois drôle, tendre et acerbe, où la photographie devient un instrument d’inventaire et de décalage. Un classique pour quiconque veut redécouvrir Noël à travers le prisme d’un des plus grands observateurs de la vie américaine. Le livre de 112 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Eakins Press Foundation.

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CHRISTOPHER WOOL – SEE STOP RUN

Le livre See Stop Run de Christopher Wool, publié par les éditions allemandes Holzwarth Publications, accompagne et prolonge l’exposition éponyme en offrant une immersion dense dans l’univers visuel de l’artiste grâce à un ouvrage de 400 pages mêlant plus de 300 photographies issues tant de prises professionnelles que de clichés spontanés réalisés par les visiteurs, révélant ainsi la dimension collective de la réception de l’œuvre. Né de l’exposition présentée en 2024 au 19e étage brut et inachevé d’un immeuble de Greenwich Street, à New York, le projet affirmait déjà une rupture avec le white cube traditionnel en mettant en tension l’architecture industrielle du lieu et la vitalité plastique des peintures, sculptures, mosaïques et photographies produites par Wool au cours de la dernière décennie. L’ouvrage restitue cette expérience immersive tout en l’enrichissant d’un long entretien entre l’artiste et la commissaire Anne Pontégnie, éclairant les enjeux de documentation, de perception et d’espace qui sous-tendent sa démarche. En 2025, l’exposition a pris une seconde vie à Marfa, au Texas, dans le Brite Building, s’inscrivant dans un territoire essentiel à la pratique sculpturale de Wool et intégrant même trois sculptures monumentales installées en extérieur, ce qui élargit encore la portée du dialogue entre l’œuvre et son environnement. En réassemblant les images captées par une multitude de regards, See Stop Run dépasse le simple rôle de catalogue pour devenir une réflexion sur la manière dont les expositions contemporaines se vivent, se partagent et se prolongent au-delà du lieu physique. Il met en lumière la capacité de Wool à faire dialoguer ses formes fragmentées, ses superpositions picturales et ses expérimentations matérielles avec des contextes aussi opposés que la verticalité urbaine new-yorkaise et l’horizon désertique texan. Le livre apparaît ainsi comme une archive vivante, un espace de circulation des points de vue où l’exposition devient expérience, tandis que l’expérience devient mémoire visuelle et matière éditoriale. Par son ampleur, sa liberté formelle et son attention au regard des visiteurs, See Stop Run témoigne de la vitalité d’une pratique artistique qui interroge sans relâche la façon dont nous voyons, parcourons et réactivons les œuvres dans nos propres trajectoires. Le livre est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Holzwarth Publications.

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KRASS CLEMENT – FØDT AF MØRKET

Avec Født af mørket, publié par les éditions Gyldendal, le photographe danois Krass Clement signe l’une de ses œuvres les plus sombres et les plus introspectives. Réalisé à Saint-Pétersbourg, ce livre rassemble près de 350 images prises au fil de plusieurs séjours dans la ville, juste avant les bouleversements géopolitiques récents. Plus qu’un reportage, c’est une immersion sensorielle dans une atmosphère dense, mélancolique et presque suspendue. Clement ne cherche ni l’événement spectaculaire ni le portrait posé. Il s’attarde sur les gestes discrets, les regards perdus, les instants où rien ne semble se passer — mais où tout, paradoxalement, se révèle. Les rues, les tramways, les escaliers, les intérieurs défraîchis deviennent les scènes d’un théâtre silencieux où se joue le quotidien d’une ville marquée par son histoire. La palette visuelle oscille entre gris profonds, bruns éteints et lumières vacillantes. Même les éclats de couleur paraissent absorbés par la tristesse ambiante. Les habitants, souvent captés dans l’indifférence ou la fatigue, incarnent une humanité à la fois digne et vulnérable. On y ressent le poids du temps, l’usure des habitudes, une forme d’immobilité sociale qui enveloppe le lecteur au fil des pages. La lecture de Født af mørket impose un rythme lent, presque méditatif. Chaque photographie agit comme un fragment narratif, un poème en image qui, mis bout à bout, compose un portrait saisissant de Saint-Pétersbourg et de ceux qui y vivent. C’est une œuvre exigeante, contemplative, où la ville devient personnage central, à la fois familière et insaisissable. Krass Clement signe ici un livre d’une grande puissance émotionnelle — un voyage dans les marges du quotidien, entre solitude, gravité et beauté fragile. Født af mørket n’est pas seulement une exploration photographique : c’est un miroir tendu vers une époque, un lieu et, peut-être, vers nous-mêmes. Le livre de 352 pages est maintenant disponible sur la boutique en lligne des éditions danoises Gyldendal.

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SHIRO KURAMATA – ESSAYS & WRITINGS

À la croisée du design, de la poésie et de la transparence, Essays & Writings de Shiro Kuramata (publié par les éditions Phaidon) se présente comme un livre-objet rare, où la pensée du créateur semble flotter légèrement au-dessus du réel. Figure majeure du design japonais du XXe siècle, Kuramata y dévoile une sensibilité presque métaphysique à travers des textes brefs, véritables fragments lumineux révélant l’intuition derrière ses meubles immatériels et ses espaces épurés. L’ouvrage rassemble notes, lettres et réflexions, tout en laissant transparaître son désir obstiné de « dissoudre la matière ». Les mots deviennent ici aussi essentiels que le verre, l’acrylique ou le métal perforé, construisant un ensemble fidèle à l’esprit du designer : minimal, mais chargé d’émotion. Chaque page respire une pudeur maîtrisée ; Kuramata n’y explique pas son œuvre, il en dévoile plutôt la vibration intime, nourrie par ses obsessions pour la lumière, la pesanteur et la disparition. Ces écrits révèlent un rapport contemplatif au monde et ouvrent sur un imaginaire où l’objet est moins fonction qu’atmosphère, éclairant sa manière unique de travailler la frontière entre visible et invisible, dans une tension constante entre rigueur technique et rêverie. L’édition comporte également une contribution précieuse de Deyan Sudjic, critique, historien du design et ancien directeur du Design Museum de Londres. Son regard expert replace l’œuvre de Kuramata dans un contexte international, soulignant l’influence déterminante du designer sur la scène postmoderne et sa capacité singulière à marier technologie, poésie et radicalité formelle. Sudjic apporte un contrepoint analytique à la voix introspective de Kuramata, donnant au lecteur des clés de lecture historiques et culturelles qui enrichissent l’expérience du livre. Son texte agit comme une passerelle, permettant de comprendre comment l’esthétique éthérée de Kuramata a redéfini les frontières du design contemporain. Déjà remarquable par son contenu, l’ouvrage l’est encore davantage par son écrin : un boîtier en acrylique transparent, hommage direct à l’esthétique Kuramata, qui transforme le livre lui-même en pièce de design. Cette enveloppe rigide et cristalline prolonge son obsession pour la légèreté et la disparition, donnant l’impression que le volume flotte, suspendu dans un espace immaculé. Plus qu’un simple objet de protection, ce packaging renforce la dimension conceptuelle de l’ouvrage, brouillant les frontières entre livre, sculpture et manifeste. Essays & Writings devient alors une rencontre avec une pensée rare, une invitation à regarder l’immatériel autrement — à travers le prisme limpide de Kuramata. Le double livre de 406 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Phaidon.

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STEPHAN VANFLETEREN – TRANSCRIPTS OF A SEA

Dans Transcripts of a Sea (publié par les éditions belges Hannibal Books), Stephan Vanfleteren livre un hommage majestueux et intime à la mer, qu’il observe, affronte et interprète avec la patience d’un marin et la sensibilité d’un poète visuel. Pendant cinq ans, le photographe belge a sillonné les rivages, souvent immergé jusqu’à la taille, capturant l’eau sous toutes ses humeurs : calme comme un miroir, agitée comme une machine à laver en plein essorage, ou avalée par la brume. La mer n’est pas ici un décor, mais un être vivant, une présence silencieuse et puissante. Vanfleteren écrit lui-même : « La mer ne fait jamais la difficile. On n’a pas besoin de se justifier ou d’être poli. Je capte, j’interprète, je sublime, j’abstrais. » Ce livre réunit quelque 136 images d’une intensité rare, accompagnées de textes de Johan De Smet et Manfred Sellink, dans une mise en page ample et sobre qui laisse respirer les photographies. Chaque cliché devient une méditation sur la lumière, le temps, la mémoire. L’artiste ne se contente pas d’enregistrer la surface : il dialogue avec l’histoire de l’art, plaçant ses images en regard de la peinture marine, de Courbet à Spilliaert, d’Ensor à Turner. À travers cette correspondance visuelle, il explore la permanence du mystère maritime et l’éternelle fascination de l’homme pour l’horizon. Dans son « logbook », il note le vent, la marée, la phase de lune — comme un navigateur de l’image — et admet que la fidélité à la mer est impossible : chaque photo est un pacte avec l’imprévu. Objet d’art à part entière, le livre séduit par la qualité de son tirage, sa bichromie nuancée et sa couverture austère, presque monastique, qui reflète la rigueur et la poésie de son auteur. En écho à l’ouvrage, l’exposition Transcripts of a Sea se tient au Musée des Beaux-Arts de Gand (MSK) du 20 septembre 2025 au 4 janvier 2026. Elle présente les photographies de Vanfleteren en dialogue direct avec des toiles historiques issues de la collection du musée. Le visiteur y découvre la mer comme un langage universel, traversant les siècles et les médiums, du pinceau à l’objectif. Un voyage sensoriel et méditatif où l’on sort, un peu comme après une tempête, apaisé et songeur. Le livre de 292 pages est maintenant disponibles en trois versions (anglais/français/néerlandais) sur la boutique en ligne des éditions Hannibal Books.

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BRUCE DAVIDSON – THE WAY BACK

Avec The Way Back, le photographe américain Bruce Davidson propose une œuvre à la fois rétrospective et introspective, qui s’impose comme une méditation sur la mémoire, le temps et la persistance du regard. Publié par les éditions allemandes Steidl, cet ouvrage réunit des images inédites ou rarement diffusées, issues de plus de six décennies de création. L’artiste y revisite les territoires et les figures qui ont marqué son parcours, tout en interrogeant le sens même de son engagement photographique. Davison, figure majeure du photojournalisme humaniste, connu pour ses séries emblématiques sur les adolescents de Brooklyn (Brooklyn Gang, 1959), le mouvement des droits civiques (Time of Change, 1961–65) ou le métro new-yorkais (Subway, 1980), adopte ici une démarche plus réflexive. The Way Back ne se présente pas comme une simple anthologie d’images, mais comme un retour sur l’expérience du regard : chaque photographie est accompagnée de notes et de fragments de mémoire, qui composent un récit visuel et textuel à la tonalité intime. L’écriture lumineuse du noir et blanc, caractéristique de Davidson, confère à cet ensemble une dimension presque méditative. Loin d’une nostalgie complaisante, le photographe explore la continuité du réel, la survivance des émotions et des visages. The Way Back se lit dès lors comme une œuvre de transmission – une réflexion sur la manière dont la photographie, en fixant le fugitif, permet de renouer avec l’humain. Le livre témoigne d’une maturité artistique rare : il incarne le cheminement d’un regardeur revenu sur ses traces pour mieux en saisir la portée universelle. L’ouvrage de 144 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Steidl.

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RICHARD AVEDON – IN THE AMERICAN WEST (40TH ANNIVERSARY EDITION)

Les éditions Abrams Books publient une nouvelle édition du grand classique de la photographie américaine, In the American West, à l’occasion du 40ème anniversaire de la série. En 1979, Richard Avedon, célèbre pour ses portraits élégants de stars et de mannequins, décide de tourner le dos au monde de la mode. Pendant cinq ans, il traverse l’Ouest américain, appareil à la main, à la recherche d’un autre visage du pays. De 1979 à 1984, il photographie des travailleurs, des fermiers, des mineurs, des adolescents en errance. Loin des studios et des flashs, il installe un simple fond blanc, un dispositif minimaliste qui efface le décor pour ne garder que l’essentiel : le visage. Chaque portrait est frontal, précis, sans artifice. Le noir et blanc, d’une intensité presque clinique, met en lumière les marques du travail, de la fatigue, du temps. Avedon cherche la vérité brute, celle que la photographie de mode dissimule. Il ne s’agit plus d’idéaliser, mais de révéler. Ses modèles, souvent anonymes, incarnent une autre Amérique : celle des oubliés du rêve national. La série, exposée en 1985 au Amon Carter Museum de Fort Worth, provoque un débat passionné. Certains reprochent au photographe d’esthétiser la misère, d’autres saluent la puissance de son regard. Le projet rompt avec les codes de la photographie documentaire classique : ici, la neutralité du fond transforme chaque individu en icône. Avedon ne photographie pas « l’Ouest » au sens géographique, mais l’Ouest comme métaphore d’une humanité en marge. Chaque image devient un face-à-face troublant entre le photographe et son sujet. On y lit la dignité, la lassitude, parfois la défiance. In the American West révèle aussi un tournant dans l’œuvre d’Avedon : l’artiste du paraître devient témoin du réel. Ce livre, publié pour la première fois en 1985, reste une référence majeure de la photographie contemporaine. Il interroge la frontière entre art, reportage et portrait psychologique. Quarante ans après, ces visages continuent de hanter le regard. Leur force réside dans leur silence : une parole muette sur l’Amérique des marges. Avec In the American West, Avedon a fait tomber le masque du rêve américain — et ouvert un chapitre essentiel de la photographie moderne. Le livre de 174 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Abrams Books.

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MAGNUM SQUARE PRINT SALE 2025 – YOUTH

La nouvelle Magnum Square Print Sale ‘Youth’, en partenariat avec Aperture, se déroule du lundi 20 au dimanche 26 octobre 2025. Chaque photographe participant offre sa propre interprétation du thème. La vente comprend plus d’une centaine de tirages réalisés par certains des plus grands photographes de notre époque. Les tirages, 15,2×15,2cm, de qualité muséale, signés ou tamponnés par l’estate, sont en vente pour 7 jours seulement, à 120 € sur le site magnumphotos.com/shop/.

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MAI LUCAS – ALL EYES ON ME

Les éditions suisses Edition Patrick Frey publient All Eyes On Me, le nouvel ouvrage de Maï Lucas, reconnue pour son travail à la croisée de l’art, de la mode et du documentaire. Dans ce volume, la photographe française fait revivre l’esprit d’une époque et la fierté d’une jeunesse. Pendant plus de vingt ans, entre New York et Paris, elle a capté les visages, les gestes et les couleurs d’une culture en pleine effervescence : celle du hip-hop, avant qu’il ne devienne mondialement codifié. Son livre rassemble ces instantanés de rue où la beauté se niche dans un sourire, une pose ou un vêtement. Ici, rien n’est mis en scène : tout respire la vie, la spontanéité, la confiance entre photographe et modèles. Dans ses images, les jeunes des quartiers new-yorkais ne jouent pas un rôle : ils incarnent une identité. Les bandanas, les baskets, les bijoux ou les coiffures deviennent les emblèmes d’une liberté conquise. Maï Lucas ne photographie pas la mode, elle capture une manière d’exister, une façon de se tenir au monde. Le titre, emprunté à l’album de 2Pac, sonne comme un cri : « Regardez-nous ! » Tous les regards sont enfin tournés vers ceux que l’on n’a pas l’habitude de voir. Son travail échappe à la nostalgie. Ces images des années 1990 et 2000 sont d’une modernité brûlante : elles disent l’énergie, la fierté, la tendresse. Dans chaque regard, il y a une promesse ; dans chaque sourire, une victoire sur l’invisibilité. All Eyes On Me est une lettre d’amour à la rue, à la jeunesse et à la culture urbaine. Il célèbre la dignité et la créativité de ceux qui ont inventé de nouveaux codes esthétiques sans rien demander à personne. En refermant le livre, on comprend que, pour Maï Lucas, photographier, c’est rendre visible la beauté du vrai. L’ouvrage de 224 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne d’Édition Patrick Frey.

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