Category Archives: Art

CHRISTOPHER WOOL – SEE STOP RUN

Le livre See Stop Run de Christopher Wool, publié par les éditions allemandes Holzwarth Publications, accompagne et prolonge l’exposition éponyme en offrant une immersion dense dans l’univers visuel de l’artiste grâce à un ouvrage de 400 pages mêlant plus de 300 photographies issues tant de prises professionnelles que de clichés spontanés réalisés par les visiteurs, révélant ainsi la dimension collective de la réception de l’œuvre. Né de l’exposition présentée en 2024 au 19e étage brut et inachevé d’un immeuble de Greenwich Street, à New York, le projet affirmait déjà une rupture avec le white cube traditionnel en mettant en tension l’architecture industrielle du lieu et la vitalité plastique des peintures, sculptures, mosaïques et photographies produites par Wool au cours de la dernière décennie. L’ouvrage restitue cette expérience immersive tout en l’enrichissant d’un long entretien entre l’artiste et la commissaire Anne Pontégnie, éclairant les enjeux de documentation, de perception et d’espace qui sous-tendent sa démarche. En 2025, l’exposition a pris une seconde vie à Marfa, au Texas, dans le Brite Building, s’inscrivant dans un territoire essentiel à la pratique sculpturale de Wool et intégrant même trois sculptures monumentales installées en extérieur, ce qui élargit encore la portée du dialogue entre l’œuvre et son environnement. En réassemblant les images captées par une multitude de regards, See Stop Run dépasse le simple rôle de catalogue pour devenir une réflexion sur la manière dont les expositions contemporaines se vivent, se partagent et se prolongent au-delà du lieu physique. Il met en lumière la capacité de Wool à faire dialoguer ses formes fragmentées, ses superpositions picturales et ses expérimentations matérielles avec des contextes aussi opposés que la verticalité urbaine new-yorkaise et l’horizon désertique texan. Le livre apparaît ainsi comme une archive vivante, un espace de circulation des points de vue où l’exposition devient expérience, tandis que l’expérience devient mémoire visuelle et matière éditoriale. Par son ampleur, sa liberté formelle et son attention au regard des visiteurs, See Stop Run témoigne de la vitalité d’une pratique artistique qui interroge sans relâche la façon dont nous voyons, parcourons et réactivons les œuvres dans nos propres trajectoires. Le livre est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Holzwarth Publications.

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KRASS CLEMENT – FØDT AF MØRKET

Avec Født af mørket, publié par les éditions Gyldendal, le photographe danois Krass Clement signe l’une de ses œuvres les plus sombres et les plus introspectives. Réalisé à Saint-Pétersbourg, ce livre rassemble près de 350 images prises au fil de plusieurs séjours dans la ville, juste avant les bouleversements géopolitiques récents. Plus qu’un reportage, c’est une immersion sensorielle dans une atmosphère dense, mélancolique et presque suspendue. Clement ne cherche ni l’événement spectaculaire ni le portrait posé. Il s’attarde sur les gestes discrets, les regards perdus, les instants où rien ne semble se passer — mais où tout, paradoxalement, se révèle. Les rues, les tramways, les escaliers, les intérieurs défraîchis deviennent les scènes d’un théâtre silencieux où se joue le quotidien d’une ville marquée par son histoire. La palette visuelle oscille entre gris profonds, bruns éteints et lumières vacillantes. Même les éclats de couleur paraissent absorbés par la tristesse ambiante. Les habitants, souvent captés dans l’indifférence ou la fatigue, incarnent une humanité à la fois digne et vulnérable. On y ressent le poids du temps, l’usure des habitudes, une forme d’immobilité sociale qui enveloppe le lecteur au fil des pages. La lecture de Født af mørket impose un rythme lent, presque méditatif. Chaque photographie agit comme un fragment narratif, un poème en image qui, mis bout à bout, compose un portrait saisissant de Saint-Pétersbourg et de ceux qui y vivent. C’est une œuvre exigeante, contemplative, où la ville devient personnage central, à la fois familière et insaisissable. Krass Clement signe ici un livre d’une grande puissance émotionnelle — un voyage dans les marges du quotidien, entre solitude, gravité et beauté fragile. Født af mørket n’est pas seulement une exploration photographique : c’est un miroir tendu vers une époque, un lieu et, peut-être, vers nous-mêmes. Le livre de 352 pages est maintenant disponible sur la boutique en lligne des éditions danoises Gyldendal.

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SHIRO KURAMATA – ESSAYS & WRITINGS

À la croisée du design, de la poésie et de la transparence, Essays & Writings de Shiro Kuramata (publié par les éditions Phaidon) se présente comme un livre-objet rare, où la pensée du créateur semble flotter légèrement au-dessus du réel. Figure majeure du design japonais du XXe siècle, Kuramata y dévoile une sensibilité presque métaphysique à travers des textes brefs, véritables fragments lumineux révélant l’intuition derrière ses meubles immatériels et ses espaces épurés. L’ouvrage rassemble notes, lettres et réflexions, tout en laissant transparaître son désir obstiné de « dissoudre la matière ». Les mots deviennent ici aussi essentiels que le verre, l’acrylique ou le métal perforé, construisant un ensemble fidèle à l’esprit du designer : minimal, mais chargé d’émotion. Chaque page respire une pudeur maîtrisée ; Kuramata n’y explique pas son œuvre, il en dévoile plutôt la vibration intime, nourrie par ses obsessions pour la lumière, la pesanteur et la disparition. Ces écrits révèlent un rapport contemplatif au monde et ouvrent sur un imaginaire où l’objet est moins fonction qu’atmosphère, éclairant sa manière unique de travailler la frontière entre visible et invisible, dans une tension constante entre rigueur technique et rêverie. L’édition comporte également une contribution précieuse de Deyan Sudjic, critique, historien du design et ancien directeur du Design Museum de Londres. Son regard expert replace l’œuvre de Kuramata dans un contexte international, soulignant l’influence déterminante du designer sur la scène postmoderne et sa capacité singulière à marier technologie, poésie et radicalité formelle. Sudjic apporte un contrepoint analytique à la voix introspective de Kuramata, donnant au lecteur des clés de lecture historiques et culturelles qui enrichissent l’expérience du livre. Son texte agit comme une passerelle, permettant de comprendre comment l’esthétique éthérée de Kuramata a redéfini les frontières du design contemporain. Déjà remarquable par son contenu, l’ouvrage l’est encore davantage par son écrin : un boîtier en acrylique transparent, hommage direct à l’esthétique Kuramata, qui transforme le livre lui-même en pièce de design. Cette enveloppe rigide et cristalline prolonge son obsession pour la légèreté et la disparition, donnant l’impression que le volume flotte, suspendu dans un espace immaculé. Plus qu’un simple objet de protection, ce packaging renforce la dimension conceptuelle de l’ouvrage, brouillant les frontières entre livre, sculpture et manifeste. Essays & Writings devient alors une rencontre avec une pensée rare, une invitation à regarder l’immatériel autrement — à travers le prisme limpide de Kuramata. Le double livre de 406 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Phaidon.

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STEPHAN VANFLETEREN – TRANSCRIPTS OF A SEA

Dans Transcripts of a Sea (publié par les éditions belges Hannibal Books), Stephan Vanfleteren livre un hommage majestueux et intime à la mer, qu’il observe, affronte et interprète avec la patience d’un marin et la sensibilité d’un poète visuel. Pendant cinq ans, le photographe belge a sillonné les rivages, souvent immergé jusqu’à la taille, capturant l’eau sous toutes ses humeurs : calme comme un miroir, agitée comme une machine à laver en plein essorage, ou avalée par la brume. La mer n’est pas ici un décor, mais un être vivant, une présence silencieuse et puissante. Vanfleteren écrit lui-même : « La mer ne fait jamais la difficile. On n’a pas besoin de se justifier ou d’être poli. Je capte, j’interprète, je sublime, j’abstrais. » Ce livre réunit quelque 136 images d’une intensité rare, accompagnées de textes de Johan De Smet et Manfred Sellink, dans une mise en page ample et sobre qui laisse respirer les photographies. Chaque cliché devient une méditation sur la lumière, le temps, la mémoire. L’artiste ne se contente pas d’enregistrer la surface : il dialogue avec l’histoire de l’art, plaçant ses images en regard de la peinture marine, de Courbet à Spilliaert, d’Ensor à Turner. À travers cette correspondance visuelle, il explore la permanence du mystère maritime et l’éternelle fascination de l’homme pour l’horizon. Dans son « logbook », il note le vent, la marée, la phase de lune — comme un navigateur de l’image — et admet que la fidélité à la mer est impossible : chaque photo est un pacte avec l’imprévu. Objet d’art à part entière, le livre séduit par la qualité de son tirage, sa bichromie nuancée et sa couverture austère, presque monastique, qui reflète la rigueur et la poésie de son auteur. En écho à l’ouvrage, l’exposition Transcripts of a Sea se tient au Musée des Beaux-Arts de Gand (MSK) du 20 septembre 2025 au 4 janvier 2026. Elle présente les photographies de Vanfleteren en dialogue direct avec des toiles historiques issues de la collection du musée. Le visiteur y découvre la mer comme un langage universel, traversant les siècles et les médiums, du pinceau à l’objectif. Un voyage sensoriel et méditatif où l’on sort, un peu comme après une tempête, apaisé et songeur. Le livre de 292 pages est maintenant disponibles en trois versions (anglais/français/néerlandais) sur la boutique en ligne des éditions Hannibal Books.

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BRUCE DAVIDSON – THE WAY BACK

Avec The Way Back, le photographe américain Bruce Davidson propose une œuvre à la fois rétrospective et introspective, qui s’impose comme une méditation sur la mémoire, le temps et la persistance du regard. Publié par les éditions allemandes Steidl, cet ouvrage réunit des images inédites ou rarement diffusées, issues de plus de six décennies de création. L’artiste y revisite les territoires et les figures qui ont marqué son parcours, tout en interrogeant le sens même de son engagement photographique. Davison, figure majeure du photojournalisme humaniste, connu pour ses séries emblématiques sur les adolescents de Brooklyn (Brooklyn Gang, 1959), le mouvement des droits civiques (Time of Change, 1961–65) ou le métro new-yorkais (Subway, 1980), adopte ici une démarche plus réflexive. The Way Back ne se présente pas comme une simple anthologie d’images, mais comme un retour sur l’expérience du regard : chaque photographie est accompagnée de notes et de fragments de mémoire, qui composent un récit visuel et textuel à la tonalité intime. L’écriture lumineuse du noir et blanc, caractéristique de Davidson, confère à cet ensemble une dimension presque méditative. Loin d’une nostalgie complaisante, le photographe explore la continuité du réel, la survivance des émotions et des visages. The Way Back se lit dès lors comme une œuvre de transmission – une réflexion sur la manière dont la photographie, en fixant le fugitif, permet de renouer avec l’humain. Le livre témoigne d’une maturité artistique rare : il incarne le cheminement d’un regardeur revenu sur ses traces pour mieux en saisir la portée universelle. L’ouvrage de 144 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Steidl.

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RICHARD AVEDON – IN THE AMERICAN WEST (40TH ANNIVERSARY EDITION)

Les éditions Abrams Books publient une nouvelle édition du grand classique de la photographie américaine, In the American West, à l’occasion du 40ème anniversaire de la série. En 1979, Richard Avedon, célèbre pour ses portraits élégants de stars et de mannequins, décide de tourner le dos au monde de la mode. Pendant cinq ans, il traverse l’Ouest américain, appareil à la main, à la recherche d’un autre visage du pays. De 1979 à 1984, il photographie des travailleurs, des fermiers, des mineurs, des adolescents en errance. Loin des studios et des flashs, il installe un simple fond blanc, un dispositif minimaliste qui efface le décor pour ne garder que l’essentiel : le visage. Chaque portrait est frontal, précis, sans artifice. Le noir et blanc, d’une intensité presque clinique, met en lumière les marques du travail, de la fatigue, du temps. Avedon cherche la vérité brute, celle que la photographie de mode dissimule. Il ne s’agit plus d’idéaliser, mais de révéler. Ses modèles, souvent anonymes, incarnent une autre Amérique : celle des oubliés du rêve national. La série, exposée en 1985 au Amon Carter Museum de Fort Worth, provoque un débat passionné. Certains reprochent au photographe d’esthétiser la misère, d’autres saluent la puissance de son regard. Le projet rompt avec les codes de la photographie documentaire classique : ici, la neutralité du fond transforme chaque individu en icône. Avedon ne photographie pas « l’Ouest » au sens géographique, mais l’Ouest comme métaphore d’une humanité en marge. Chaque image devient un face-à-face troublant entre le photographe et son sujet. On y lit la dignité, la lassitude, parfois la défiance. In the American West révèle aussi un tournant dans l’œuvre d’Avedon : l’artiste du paraître devient témoin du réel. Ce livre, publié pour la première fois en 1985, reste une référence majeure de la photographie contemporaine. Il interroge la frontière entre art, reportage et portrait psychologique. Quarante ans après, ces visages continuent de hanter le regard. Leur force réside dans leur silence : une parole muette sur l’Amérique des marges. Avec In the American West, Avedon a fait tomber le masque du rêve américain — et ouvert un chapitre essentiel de la photographie moderne. Le livre de 174 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Abrams Books.

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MAGNUM SQUARE PRINT SALE 2025 – YOUTH

La nouvelle Magnum Square Print Sale ‘Youth’, en partenariat avec Aperture, se déroule du lundi 20 au dimanche 26 octobre 2025. Chaque photographe participant offre sa propre interprétation du thème. La vente comprend plus d’une centaine de tirages réalisés par certains des plus grands photographes de notre époque. Les tirages, 15,2×15,2cm, de qualité muséale, signés ou tamponnés par l’estate, sont en vente pour 7 jours seulement, à 120 € sur le site magnumphotos.com/shop/.

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MAI LUCAS – ALL EYES ON ME

Les éditions suisses Edition Patrick Frey publient All Eyes On Me, le nouvel ouvrage de Maï Lucas, reconnue pour son travail à la croisée de l’art, de la mode et du documentaire. Dans ce volume, la photographe française fait revivre l’esprit d’une époque et la fierté d’une jeunesse. Pendant plus de vingt ans, entre New York et Paris, elle a capté les visages, les gestes et les couleurs d’une culture en pleine effervescence : celle du hip-hop, avant qu’il ne devienne mondialement codifié. Son livre rassemble ces instantanés de rue où la beauté se niche dans un sourire, une pose ou un vêtement. Ici, rien n’est mis en scène : tout respire la vie, la spontanéité, la confiance entre photographe et modèles. Dans ses images, les jeunes des quartiers new-yorkais ne jouent pas un rôle : ils incarnent une identité. Les bandanas, les baskets, les bijoux ou les coiffures deviennent les emblèmes d’une liberté conquise. Maï Lucas ne photographie pas la mode, elle capture une manière d’exister, une façon de se tenir au monde. Le titre, emprunté à l’album de 2Pac, sonne comme un cri : « Regardez-nous ! » Tous les regards sont enfin tournés vers ceux que l’on n’a pas l’habitude de voir. Son travail échappe à la nostalgie. Ces images des années 1990 et 2000 sont d’une modernité brûlante : elles disent l’énergie, la fierté, la tendresse. Dans chaque regard, il y a une promesse ; dans chaque sourire, une victoire sur l’invisibilité. All Eyes On Me est une lettre d’amour à la rue, à la jeunesse et à la culture urbaine. Il célèbre la dignité et la créativité de ceux qui ont inventé de nouveaux codes esthétiques sans rien demander à personne. En refermant le livre, on comprend que, pour Maï Lucas, photographier, c’est rendre visible la beauté du vrai. L’ouvrage de 224 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne d’Édition Patrick Frey.

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TADAO ANDO – SKETCHES, DRAWINGS AND ARCHITECTURE

Tadao Ando est un architecte japonais né en 1941 à Osaka, autodidacte et ancien boxeur. Son travail se caractérise par l’usage du béton brut, de la lumière naturelle et du dialogue entre architecture et nature. Il cherche à créer des espaces calmes, spirituels et minimalistes, inspirés à la fois par la tradition japonaise et le modernisme occidental. Parmi ses œuvres emblématiques figurent l’Église de la Lumière à Ibaraki, le Musée d’art contemporain de Naoshima et le 21_21 Design Sight à Tokyo. Son architecture invite à la contemplation et à l’harmonie entre l’homme, la matière et l’environnement. Publié par les éditions allemandes Taschen, Tadao Ando. Sketches, Drawings, and Architecture est une vaste monographie qui retrace cinquante ans de création à travers plus de 700 croquis, plans et maquettes. Le livre révèle comment les idées de l’architecte japonais naissent d’un simple trait de crayon avant de se transformer en espaces concrets. On y découvre ses projets emblématiques, comme la Row House de Sumiyoshi, le Chichu Art Museum ou la Bourse de Commerce à Paris, accompagnés de commentaires personnels. Les dessins, parfois spontanés, parfois d’une précision millimétrée, montrent la tension entre intuition et rigueur technique. Ando y célèbre la main, le geste, la fragilité du trait, en opposition à la froideur du numérique. À travers ses voyages, il puise son inspiration dans la lumière, les paysages et la spiritualité des lieux. Le livre met en valeur son dialogue constant entre béton, nature et silence. Chaque page traduit une quête d’équilibre entre matière et émotion. Plus qu’un recueil visuel, c’est une réflexion sur la beauté, la mémoire et le temps. L’architecture devient ici un langage poétique reliant l’homme à son environnement. Véritable œuvre d’art éditoriale, ce livre est à la fois un document, un manifeste et une méditation sur la création architecturale. L’imposant ouvrage de 594 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Taschen.

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JOEL MEYEROWITZ – A SENSE OF WONDER 1962 2022

Joel Meyerowitz est un photographe américain né en 1938 à New York. Il est l’un des pionniers de la photographie couleur dans les années 1960, à une époque où le noir et blanc dominait encore la photographie artistique. Influencé par Robert Frank et Henri Cartier-Bresson, il s’illustre dans la photographie de rue avec un style spontané et vivant. Il capture avec sensibilité la lumière, l’ambiance et les détails du quotidien urbain. Son œuvre Cape Light (1979) est une référence majeure dans l’histoire de la photographie couleur. Il a également été le seul photographe autorisé à documenter la zone Ground Zero après le 11 septembre 2001. Publié par les éditions italiennes Skira à l’occasion de la grande rétrospective du photographe à la Fondazione Brescia Musei, A Sense of Wonder 1962 2022 présente une sélection de plus de 90 images qui retrace les moments les plus marquants de la carrière de Joel Meyerowitz, depuis ses premières photographies des années 1960 jusqu’à ses travaux les plus récents. L’ouvrage est organisé en chapitres thématiques qui analysent ses différentes séries, allant de ses natures mortes évocatrices à la tragédie du 11 septembre, en passant par ses recherches sociologiques qui ont contribué à redéfinir la photographie de rue, ainsi que ses images conceptuelles révélant l’individualisme américain durant la guerre du Viêt Nam. La photographie de Meyerowitz se distingue par une lecture humaniste précise. Grâce à son regard calme et méthodique sur le réel, il nous rappelle que la photographie peut être un outil de réflexion sur les expériences individuelles et collectives — une manière d’apprécier pleinement le présent dans toutes ses dimensions. Le livre de 224 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Skira.

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DAIDO MORIYAMA – QUARTET

Né au Japon en 1938, Daido Moriyama est l’un des plus importants photographes contemporains. Membre de l’avant-garde artistique japonaise d’après-guerre, il a commencé son œuvre au milieu des années 1960. Auteur de plus de 180 livres mêlant photographies, textes théoriques et techniques d’impression diverses mais aussi performances et dispositifs d’installations, il a exploité toutes les formes du medium photographique et a contribué à redéfinir la pratique de la photographie de rue. Membre du mouvement Provoke qu’il rejoint en 1968 pour la deuxième édition de la revue éponyme, Daido Moriyama produit une œuvre riche, dense et protéiforme. Ses photographies –souvent décrites comme brutes, floues et troubles (l’esthétique du “are, bure, boke”), ont donné naissance à une nouvelle pratique de la photographie de rue où l’artiste, qui rôde sur la route, est en prise avec l’espace public. Le travail de Daido Moriyama embrasse aussi la technique de la sérigraphie, qu’il utilise dès les années 70, tant pour produire des livres que des œuvres à exposer. Publié par Thames & Hudson et présenté par Mark Holborn, Quartet est un livre anthologique qui rassemble quatre ouvrages clés et qui couvrent quinze ans de son parcours artistique. Japan: A Photo Theater (1968) explore l’envers du Japon d’après-guerre à travers des portraits bruts de marginaux et de scènes théâtrales, révélant une société en mutation. A Hunter (1972) capture l’énergie chaotique du Japon urbain, avec un style instinctif et flou, traquant les fragments d’un monde moderne aliéné. Farewell Photography (1972) déconstruit radicalement le médium photographique : images surexposées, floues, granuleuses, c’est un adieu à la photo traditionnelle. Light and Shadow (1982) marque quant à lui un retour plus introspectif, opposant clarté et obscurité dans une exploration poétique des souvenirs et du quotidien. Ancrés dans la complexité du Japon pendant une période de transformation, de 1968 au début des années 1980, ces volumes fondateurs offrent non seulement un aperçu approfondi de l’évolution culturelle, économique et sociale du pays, mais retracent également l’émergence et le développement du style unique de Moriyama. Enrichi d’extraits de journaux intimes, le livre offre aussi un regard intime sur son processus créatif. Publié dans un très beau coffret, cet imposant ouvrage de 440 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Thames & Hudson, ainsi que sur Amazon.com.

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RICKY ADAM – BACK-TO-BACK

Publié par les éditions Audit / This is Ours, Back-to-Back est un livre de photographie documentaire réalisé par Ricky Adam, photographe originaire d’Irlande du Nord, qui vit à Leeds depuis 2003. Entre 2006 et 2024, Adam a parcouru les rues de Leeds pour capturer, avec un regard à la fois attentif et humain, les quartiers ouvriers construits autour des célèbres « terraces » en briques rouges — et plus particulièrement les maisons dites « back-to-back ». Ces habitations sont emblématiques de l’urbanisme victorien et de l’histoire industrielle de Leeds. Construites principalement à la fin du XIXe siècle pour loger la classe ouvrière, les maisons « back-to-back » sont des maisons mitoyennes très particulières : elles partagent un mur arrière avec une autre maison, ce qui les rend particulièrement denses et peu ouvertes. À Leeds, contrairement à d’autres villes britanniques, leur construction a été autorisée plus longtemps — jusqu’en 1937 — malgré leur interdiction nationale en 1909 pour des raisons sanitaires (absence de ventilation, manque d’installations de base, surpopulation…). Ricky Adam a voulu documenter cet environnement urbain unique, non pas comme une curiosité architecturale, mais comme un espace de vie, profondément humain et chargé d’histoire. À travers ses images, il met en lumière des scènes de rue, des façades délabrées, des détails ordinaires, des instants de la vie quotidienne — des enfants jouant, des passants, des objets abandonnés, des murs tagués, des ruelles étroites. Loin d’un regard misérabiliste ou froid, Adam adopte une approche chaleureuse, souvent poétique, et très sensible à la beauté cachée de ces quartiers souvent marginalisés. Ses photos sont prises dans des quartiers comme Harehills, Chapeltown, Beeston, Holbeck, Armley ou encore Burley — tous des lieux riches en diversité sociale et culturelle, avec une forte présence de communautés issues de l’immigration, de différentes générations et origines. Le livre de 144 pages, limité à 620 exemplaires, est maintenant disponible sur la boutique en ligne du site de Ricky Adam.

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