Category Archives: Art

STEPHAN VANFLETEREN – TRANSCRIPTS OF A SEA

Dans Transcripts of a Sea (publié par les éditions belges Hannibal Books), Stephan Vanfleteren livre un hommage majestueux et intime à la mer, qu’il observe, affronte et interprète avec la patience d’un marin et la sensibilité d’un poète visuel. Pendant cinq ans, le photographe belge a sillonné les rivages, souvent immergé jusqu’à la taille, capturant l’eau sous toutes ses humeurs : calme comme un miroir, agitée comme une machine à laver en plein essorage, ou avalée par la brume. La mer n’est pas ici un décor, mais un être vivant, une présence silencieuse et puissante. Vanfleteren écrit lui-même : « La mer ne fait jamais la difficile. On n’a pas besoin de se justifier ou d’être poli. Je capte, j’interprète, je sublime, j’abstrais. » Ce livre réunit quelque 136 images d’une intensité rare, accompagnées de textes de Johan De Smet et Manfred Sellink, dans une mise en page ample et sobre qui laisse respirer les photographies. Chaque cliché devient une méditation sur la lumière, le temps, la mémoire. L’artiste ne se contente pas d’enregistrer la surface : il dialogue avec l’histoire de l’art, plaçant ses images en regard de la peinture marine, de Courbet à Spilliaert, d’Ensor à Turner. À travers cette correspondance visuelle, il explore la permanence du mystère maritime et l’éternelle fascination de l’homme pour l’horizon. Dans son « logbook », il note le vent, la marée, la phase de lune — comme un navigateur de l’image — et admet que la fidélité à la mer est impossible : chaque photo est un pacte avec l’imprévu. Objet d’art à part entière, le livre séduit par la qualité de son tirage, sa bichromie nuancée et sa couverture austère, presque monastique, qui reflète la rigueur et la poésie de son auteur. En écho à l’ouvrage, l’exposition Transcripts of a Sea se tient au Musée des Beaux-Arts de Gand (MSK) du 20 septembre 2025 au 4 janvier 2026. Elle présente les photographies de Vanfleteren en dialogue direct avec des toiles historiques issues de la collection du musée. Le visiteur y découvre la mer comme un langage universel, traversant les siècles et les médiums, du pinceau à l’objectif. Un voyage sensoriel et méditatif où l’on sort, un peu comme après une tempête, apaisé et songeur. Le livre de 292 pages est maintenant disponibles en trois versions (anglais/français/néerlandais) sur la boutique en ligne des éditions Hannibal Books.

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BRUCE DAVIDSON – THE WAY BACK

Avec The Way Back, le photographe américain Bruce Davidson propose une œuvre à la fois rétrospective et introspective, qui s’impose comme une méditation sur la mémoire, le temps et la persistance du regard. Publié par les éditions allemandes Steidl, cet ouvrage réunit des images inédites ou rarement diffusées, issues de plus de six décennies de création. L’artiste y revisite les territoires et les figures qui ont marqué son parcours, tout en interrogeant le sens même de son engagement photographique. Davison, figure majeure du photojournalisme humaniste, connu pour ses séries emblématiques sur les adolescents de Brooklyn (Brooklyn Gang, 1959), le mouvement des droits civiques (Time of Change, 1961–65) ou le métro new-yorkais (Subway, 1980), adopte ici une démarche plus réflexive. The Way Back ne se présente pas comme une simple anthologie d’images, mais comme un retour sur l’expérience du regard : chaque photographie est accompagnée de notes et de fragments de mémoire, qui composent un récit visuel et textuel à la tonalité intime. L’écriture lumineuse du noir et blanc, caractéristique de Davidson, confère à cet ensemble une dimension presque méditative. Loin d’une nostalgie complaisante, le photographe explore la continuité du réel, la survivance des émotions et des visages. The Way Back se lit dès lors comme une œuvre de transmission – une réflexion sur la manière dont la photographie, en fixant le fugitif, permet de renouer avec l’humain. Le livre témoigne d’une maturité artistique rare : il incarne le cheminement d’un regardeur revenu sur ses traces pour mieux en saisir la portée universelle. L’ouvrage de 144 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Steidl.

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RICHARD AVEDON – IN THE AMERICAN WEST (40TH ANNIVERSARY EDITION)

Les éditions Abrams Books publient une nouvelle édition du grand classique de la photographie américaine, In the American West, à l’occasion du 40ème anniversaire de la série. En 1979, Richard Avedon, célèbre pour ses portraits élégants de stars et de mannequins, décide de tourner le dos au monde de la mode. Pendant cinq ans, il traverse l’Ouest américain, appareil à la main, à la recherche d’un autre visage du pays. De 1979 à 1984, il photographie des travailleurs, des fermiers, des mineurs, des adolescents en errance. Loin des studios et des flashs, il installe un simple fond blanc, un dispositif minimaliste qui efface le décor pour ne garder que l’essentiel : le visage. Chaque portrait est frontal, précis, sans artifice. Le noir et blanc, d’une intensité presque clinique, met en lumière les marques du travail, de la fatigue, du temps. Avedon cherche la vérité brute, celle que la photographie de mode dissimule. Il ne s’agit plus d’idéaliser, mais de révéler. Ses modèles, souvent anonymes, incarnent une autre Amérique : celle des oubliés du rêve national. La série, exposée en 1985 au Amon Carter Museum de Fort Worth, provoque un débat passionné. Certains reprochent au photographe d’esthétiser la misère, d’autres saluent la puissance de son regard. Le projet rompt avec les codes de la photographie documentaire classique : ici, la neutralité du fond transforme chaque individu en icône. Avedon ne photographie pas « l’Ouest » au sens géographique, mais l’Ouest comme métaphore d’une humanité en marge. Chaque image devient un face-à-face troublant entre le photographe et son sujet. On y lit la dignité, la lassitude, parfois la défiance. In the American West révèle aussi un tournant dans l’œuvre d’Avedon : l’artiste du paraître devient témoin du réel. Ce livre, publié pour la première fois en 1985, reste une référence majeure de la photographie contemporaine. Il interroge la frontière entre art, reportage et portrait psychologique. Quarante ans après, ces visages continuent de hanter le regard. Leur force réside dans leur silence : une parole muette sur l’Amérique des marges. Avec In the American West, Avedon a fait tomber le masque du rêve américain — et ouvert un chapitre essentiel de la photographie moderne. Le livre de 174 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Abrams Books.

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MAGNUM SQUARE PRINT SALE 2025 – YOUTH

La nouvelle Magnum Square Print Sale ‘Youth’, en partenariat avec Aperture, se déroule du lundi 20 au dimanche 26 octobre 2025. Chaque photographe participant offre sa propre interprétation du thème. La vente comprend plus d’une centaine de tirages réalisés par certains des plus grands photographes de notre époque. Les tirages, 15,2×15,2cm, de qualité muséale, signés ou tamponnés par l’estate, sont en vente pour 7 jours seulement, à 120 € sur le site magnumphotos.com/shop/.

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MAI LUCAS – ALL EYES ON ME

Les éditions suisses Edition Patrick Frey publient All Eyes On Me, le nouvel ouvrage de Maï Lucas, reconnue pour son travail à la croisée de l’art, de la mode et du documentaire. Dans ce volume, la photographe française fait revivre l’esprit d’une époque et la fierté d’une jeunesse. Pendant plus de vingt ans, entre New York et Paris, elle a capté les visages, les gestes et les couleurs d’une culture en pleine effervescence : celle du hip-hop, avant qu’il ne devienne mondialement codifié. Son livre rassemble ces instantanés de rue où la beauté se niche dans un sourire, une pose ou un vêtement. Ici, rien n’est mis en scène : tout respire la vie, la spontanéité, la confiance entre photographe et modèles. Dans ses images, les jeunes des quartiers new-yorkais ne jouent pas un rôle : ils incarnent une identité. Les bandanas, les baskets, les bijoux ou les coiffures deviennent les emblèmes d’une liberté conquise. Maï Lucas ne photographie pas la mode, elle capture une manière d’exister, une façon de se tenir au monde. Le titre, emprunté à l’album de 2Pac, sonne comme un cri : « Regardez-nous ! » Tous les regards sont enfin tournés vers ceux que l’on n’a pas l’habitude de voir. Son travail échappe à la nostalgie. Ces images des années 1990 et 2000 sont d’une modernité brûlante : elles disent l’énergie, la fierté, la tendresse. Dans chaque regard, il y a une promesse ; dans chaque sourire, une victoire sur l’invisibilité. All Eyes On Me est une lettre d’amour à la rue, à la jeunesse et à la culture urbaine. Il célèbre la dignité et la créativité de ceux qui ont inventé de nouveaux codes esthétiques sans rien demander à personne. En refermant le livre, on comprend que, pour Maï Lucas, photographier, c’est rendre visible la beauté du vrai. L’ouvrage de 224 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne d’Édition Patrick Frey.

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TADAO ANDO – SKETCHES, DRAWINGS AND ARCHITECTURE

Tadao Ando est un architecte japonais né en 1941 à Osaka, autodidacte et ancien boxeur. Son travail se caractérise par l’usage du béton brut, de la lumière naturelle et du dialogue entre architecture et nature. Il cherche à créer des espaces calmes, spirituels et minimalistes, inspirés à la fois par la tradition japonaise et le modernisme occidental. Parmi ses œuvres emblématiques figurent l’Église de la Lumière à Ibaraki, le Musée d’art contemporain de Naoshima et le 21_21 Design Sight à Tokyo. Son architecture invite à la contemplation et à l’harmonie entre l’homme, la matière et l’environnement. Publié par les éditions allemandes Taschen, Tadao Ando. Sketches, Drawings, and Architecture est une vaste monographie qui retrace cinquante ans de création à travers plus de 700 croquis, plans et maquettes. Le livre révèle comment les idées de l’architecte japonais naissent d’un simple trait de crayon avant de se transformer en espaces concrets. On y découvre ses projets emblématiques, comme la Row House de Sumiyoshi, le Chichu Art Museum ou la Bourse de Commerce à Paris, accompagnés de commentaires personnels. Les dessins, parfois spontanés, parfois d’une précision millimétrée, montrent la tension entre intuition et rigueur technique. Ando y célèbre la main, le geste, la fragilité du trait, en opposition à la froideur du numérique. À travers ses voyages, il puise son inspiration dans la lumière, les paysages et la spiritualité des lieux. Le livre met en valeur son dialogue constant entre béton, nature et silence. Chaque page traduit une quête d’équilibre entre matière et émotion. Plus qu’un recueil visuel, c’est une réflexion sur la beauté, la mémoire et le temps. L’architecture devient ici un langage poétique reliant l’homme à son environnement. Véritable œuvre d’art éditoriale, ce livre est à la fois un document, un manifeste et une méditation sur la création architecturale. L’imposant ouvrage de 594 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Taschen.

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JOEL MEYEROWITZ – A SENSE OF WONDER 1962 2022

Joel Meyerowitz est un photographe américain né en 1938 à New York. Il est l’un des pionniers de la photographie couleur dans les années 1960, à une époque où le noir et blanc dominait encore la photographie artistique. Influencé par Robert Frank et Henri Cartier-Bresson, il s’illustre dans la photographie de rue avec un style spontané et vivant. Il capture avec sensibilité la lumière, l’ambiance et les détails du quotidien urbain. Son œuvre Cape Light (1979) est une référence majeure dans l’histoire de la photographie couleur. Il a également été le seul photographe autorisé à documenter la zone Ground Zero après le 11 septembre 2001. Publié par les éditions italiennes Skira à l’occasion de la grande rétrospective du photographe à la Fondazione Brescia Musei, A Sense of Wonder 1962 2022 présente une sélection de plus de 90 images qui retrace les moments les plus marquants de la carrière de Joel Meyerowitz, depuis ses premières photographies des années 1960 jusqu’à ses travaux les plus récents. L’ouvrage est organisé en chapitres thématiques qui analysent ses différentes séries, allant de ses natures mortes évocatrices à la tragédie du 11 septembre, en passant par ses recherches sociologiques qui ont contribué à redéfinir la photographie de rue, ainsi que ses images conceptuelles révélant l’individualisme américain durant la guerre du Viêt Nam. La photographie de Meyerowitz se distingue par une lecture humaniste précise. Grâce à son regard calme et méthodique sur le réel, il nous rappelle que la photographie peut être un outil de réflexion sur les expériences individuelles et collectives — une manière d’apprécier pleinement le présent dans toutes ses dimensions. Le livre de 224 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Skira.

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DAIDO MORIYAMA – QUARTET

Né au Japon en 1938, Daido Moriyama est l’un des plus importants photographes contemporains. Membre de l’avant-garde artistique japonaise d’après-guerre, il a commencé son œuvre au milieu des années 1960. Auteur de plus de 180 livres mêlant photographies, textes théoriques et techniques d’impression diverses mais aussi performances et dispositifs d’installations, il a exploité toutes les formes du medium photographique et a contribué à redéfinir la pratique de la photographie de rue. Membre du mouvement Provoke qu’il rejoint en 1968 pour la deuxième édition de la revue éponyme, Daido Moriyama produit une œuvre riche, dense et protéiforme. Ses photographies –souvent décrites comme brutes, floues et troubles (l’esthétique du “are, bure, boke”), ont donné naissance à une nouvelle pratique de la photographie de rue où l’artiste, qui rôde sur la route, est en prise avec l’espace public. Le travail de Daido Moriyama embrasse aussi la technique de la sérigraphie, qu’il utilise dès les années 70, tant pour produire des livres que des œuvres à exposer. Publié par Thames & Hudson et présenté par Mark Holborn, Quartet est un livre anthologique qui rassemble quatre ouvrages clés et qui couvrent quinze ans de son parcours artistique. Japan: A Photo Theater (1968) explore l’envers du Japon d’après-guerre à travers des portraits bruts de marginaux et de scènes théâtrales, révélant une société en mutation. A Hunter (1972) capture l’énergie chaotique du Japon urbain, avec un style instinctif et flou, traquant les fragments d’un monde moderne aliéné. Farewell Photography (1972) déconstruit radicalement le médium photographique : images surexposées, floues, granuleuses, c’est un adieu à la photo traditionnelle. Light and Shadow (1982) marque quant à lui un retour plus introspectif, opposant clarté et obscurité dans une exploration poétique des souvenirs et du quotidien. Ancrés dans la complexité du Japon pendant une période de transformation, de 1968 au début des années 1980, ces volumes fondateurs offrent non seulement un aperçu approfondi de l’évolution culturelle, économique et sociale du pays, mais retracent également l’émergence et le développement du style unique de Moriyama. Enrichi d’extraits de journaux intimes, le livre offre aussi un regard intime sur son processus créatif. Publié dans un très beau coffret, cet imposant ouvrage de 440 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Thames & Hudson, ainsi que sur Amazon.com.

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RICKY ADAM – BACK-TO-BACK

Publié par les éditions Audit / This is Ours, Back-to-Back est un livre de photographie documentaire réalisé par Ricky Adam, photographe originaire d’Irlande du Nord, qui vit à Leeds depuis 2003. Entre 2006 et 2024, Adam a parcouru les rues de Leeds pour capturer, avec un regard à la fois attentif et humain, les quartiers ouvriers construits autour des célèbres « terraces » en briques rouges — et plus particulièrement les maisons dites « back-to-back ». Ces habitations sont emblématiques de l’urbanisme victorien et de l’histoire industrielle de Leeds. Construites principalement à la fin du XIXe siècle pour loger la classe ouvrière, les maisons « back-to-back » sont des maisons mitoyennes très particulières : elles partagent un mur arrière avec une autre maison, ce qui les rend particulièrement denses et peu ouvertes. À Leeds, contrairement à d’autres villes britanniques, leur construction a été autorisée plus longtemps — jusqu’en 1937 — malgré leur interdiction nationale en 1909 pour des raisons sanitaires (absence de ventilation, manque d’installations de base, surpopulation…). Ricky Adam a voulu documenter cet environnement urbain unique, non pas comme une curiosité architecturale, mais comme un espace de vie, profondément humain et chargé d’histoire. À travers ses images, il met en lumière des scènes de rue, des façades délabrées, des détails ordinaires, des instants de la vie quotidienne — des enfants jouant, des passants, des objets abandonnés, des murs tagués, des ruelles étroites. Loin d’un regard misérabiliste ou froid, Adam adopte une approche chaleureuse, souvent poétique, et très sensible à la beauté cachée de ces quartiers souvent marginalisés. Ses photos sont prises dans des quartiers comme Harehills, Chapeltown, Beeston, Holbeck, Armley ou encore Burley — tous des lieux riches en diversité sociale et culturelle, avec une forte présence de communautés issues de l’immigration, de différentes générations et origines. Le livre de 144 pages, limité à 620 exemplaires, est maintenant disponible sur la boutique en ligne du site de Ricky Adam.

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ANNA FOX & KAREN KNORR – U.S. ROUTE 1 (AFTER BERENICE ABBOTT)

Les éditions britanniques Trolley Books publient le nouveau projets des photographes Anna Fox et Karen Knorr: U.S. Route 1. Entre juillet et septembre 1954, la photographe étatsunienne Berenice Abbott, accompagnée de ses assistants et chauffeurs Damon et Sara Gadd, sillonne la Route 1, la plus ancienne route des États-Unis qui s’étend du Nord au Sud du pays entre Fort Kent, dans le Maine, à la frontière canadienne, et les Keys, en Floride. Tracée initialement pour relier les treize colonies originelles et bientôt contournée par un réseau routier inter-États, la Route 1 offre, selon Abbott, « une vision réaliste d’un échantillon représentatif de la vie américaine ». Avec l’idée d’un livre d’images en tête, la photographe documente la diversité des communautés, des paysages et des architectures rencontrés du Maine à la Floride. Abbott souligne également l’impact croissant de l’industrie automobile sur le consumérisme, les loisirs et le tourisme, faisant ainsi allusion à la standardisation accrue du paysage américain du milieu du siècle. Malgré l’élaboration d’une maquette et d’un document promotionnel destinés à convaincre les éditeurs, l’entreprise photographique d’Abbott sur la Route 1 des États-Unis ne fut jamais publiée et reste encore relativement méconnue à ce jour. Entre 2016 et 2019, suivant les traces de Berenice Abbott et de ses deux collaborateurs, les photographes Anna Fox et Karen Knorr prennent la route de Key West à Atlanta, puis de Washington à Atlanta. Elles se rendent ensuite à New York, Rhode Island et Providence (en 2017), Baltimore et Philadelphia (en 2022), et finalement dans le Maine, avant de revenir en Floride (en 2023-2024). Avec la même ambition que le projet méconnu d’Abbott, Fox et Knorr s’intéressent à la place occupée aujourd’hui par la Route 1, devenue un axe routier moins fréquenté, et documentent les conditions culturelles, sociales et environnementales des États-Unis d’aujourd’hui. Sur la route, à l’aide de différents formats et outils technologiques, de l’iPhone à la chambre grand format, elles photographient les petites villes, les communautés, les pharmacies, les cafés, les motels et les restaurants. Entamée au cours de la première campagne présidentielle de Donald Trump, la série de Fox et Knorr met en lumière les conséquences de la politique conservatrice du pays sur les droits des femmes et des minorités, les groupes économiquement défavorisés, le contrôle des armes à feu et l’intensification de la brutalité policière. Hommage à l’entreprise inachevée d’Abbott, l’enquête vibrante des deux artistes sur la Route 1 prolonge et actualise avec acuité l’étude photographique approfondie d’une « fraction de la “scène américaine” ». Le livre de 208 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des édtions Trolley Books.

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INVADER – RUBIKCUBIST / @INVADERWASHERE

Invader est un artiste français emblématique, célèbre pour ses mosaïques de style pixel inspirées des jeux vidéo rétro. Depuis le début des années 2000, il a envahi les villes du monde entier avec ses créations, transformant l’espace public en une galerie d’art à ciel ouvert. Chaque œuvre est souvent accompagnée d’un code QR, invitant le spectateur à interagir avec son art. Invader aborde des thèmes liés à la culture numérique et à l’identité urbaine, tout en questionnant notre rapport à l’espace public. Sa technique unique et son approche ludique ont fait de lui une figure incontournable du street art contemporain. Exposé dans des galeries internationales, il continue d’innover et d’inspirer de nouveaux artistes. L’engagement d’Invader pour l’art accessible et interactif a fait de lui un pionnier dans le mouvement street art. Les éditions britanniques HENI Publishing publient aujourd’hui deux ouvrages de l’artiste: Rubikcubist et @invaderwashere: Ten Years on Instagram. Le livre Rubikcubist, publié pour la première fois en 2023 par l’artiste lui-même (Control P Editions), est un catalogue de 439 pages accompagnant une exposition au MIMA de Bruxelles (du 24/06/22 au 08/01/23). Cet ouvrage explore le « Rubikcubisme », un terme inventé par Invader en 2005 pour décrire son travail artistique utilisant des Rubik’s Cubes comme médium. Détournant ce célèbre casse-tête, l’artiste crée des tableaux et sculptures évoquant une esthétique pixélisée rappelant ses mosaïques urbaines. Le livre retrace l’évolution de cette pratique depuis ses débuts en 2004, marquée par sa rencontre avec Ern? Rubik en 2009, jusqu’à l’exposition de 2022. Riche de plus de 500 images, il présente des œuvres, des photos d’expositions et des archives exclusives de l’atelier d’Invader. Les textes, incluant des contributions de l’artiste, de la critique Malika Bauwens et du journaliste Ian Scheffler, analysent l’influence du Rubik’s Cube sur son processus créatif. Inspiré par l’art classique et la culture populaire, Invader mêle transgression et humour, offrant une réflexion sur le pixel art et le street art. Le livre @invaderwashere: Ten Years on Instagram, publié à l’origine en 2024 par Control P Editions, est un ouvrage de 1584 pages compilant dix ans de publications Instagram de l’artiste, du 22 octobre 2013 au 22 octobre 2023. Conçu comme une « time capsule », ce livre transforme des données numériques éphémères en un archive physique durable, destiné à perdurer lorsque les réseaux sociaux ou Internet auront évolué ou disparu. Ce « instabook » retrace le parcours artistique d’Invader à travers des images de ses installations urbaines, des travaux en cours, des clichés de son atelier et des moments personnels, offrant un regard intime sur son processus créatif. Avec un format compact de 12 x 20,5 cm, il capture l’évolution mondiale de son art pixelisé. L’ouvrage, richement illustré, témoigne de l’impact d’Invader, suivi par plus de 700 000 abonnés sur Instagram, et explore l’intersection entre art urbain et médias sociaux. Disponibles sur la boutique en ligne des éditions HENI Publishing, ces deux livres offrent une plongée captivante dans un mouvement artistique unique, célébrant la créativité et l’innovation.

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RAGNAR AXELSSON – BEHIND MOUNTAINS

Ragnar Axelsson, dit Rax, est islandais. Sa photographie est tout entière empreinte de la culture et de la géographie si particulières à ce pays « terre de glace » situé au cœur de l’Atlantique nord. S’il voyage à travers le monde dans le cadre de son activité professionnelle, c’est à l’Islande et aux confins du Groenland qu’il consacre ses explorations les plus fascinantes. Depuis quarante-cinq ans, le photographe observe les fermiers de son pays lors des rassemblements de moutons. Cette tradition séculaire a lieu chaque automne à Fjallabak, l’une des merveilles naturelles les plus extraordinaires de l’Arctique subpolaire, dans toutes sortes de conditions météorologiques : tempêtes de neige, averses et ciel ensoleillé. Elle se déroule souvent à cheval ou à pied. Pour sa troisième publication chez Kehrer Verlag, Axelsson présente des photographies en noir et blanc puissantes et atmosphériques qui documentent de manière impressionnante l’interaction entre les hommes et leurs animaux, ainsi qu’avec le paysage accidenté. Dans cette région sauvage, les cascades d’éboulis de rhyolite, les sources chaudes, la glace et les pentes minérales verdoyantes créent un jeu particulier entre la lumière et la surface. De majestueuses collines ondulantes, assiégées par des tempêtes de neige et de pluie rugissantes, des roches de lave rugueuses et des formations rocheuses massives donnent une image réaliste et convaincante du lien extraordinaire entre l’homme et la nature. Axelsson a créé une magnifique série qui archive la lutte d’un peuple arctique contre les caprices de la nature et dépeint les changements sociaux qui ont progressivement érodé leurs traditions séculaires. Dans ce paysage surréaliste, les gens apparaissent comme des visiteurs dans un monde étrange. Ils ont laissé leur existence quotidienne derrière eux pour devenir des itinérants dans le royaume du mythe où le passé et le présent ne sont plus distinguables. Le livre de 192 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Kehrer Verlag.

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