Category Archives: Art

LEE FRIEDLANDER – REAL ESTATE

Reconnu comme l’un des meilleurs photographes de sa génération, Lee Friedlander reflète la vie quotidienne moderne, souvent aliénée, dans ses images en noir et blanc et est considéré comme un observateur critique de l’American Way of Life. Beaucoup de ses images font partie des icônes de la photographie américaine et sont devenues des documents historiques de notre époque. Couvrant près de 60 ans de l’œuvre du photographe, les images de Real Estate, publié par les éditions Eakins Press Foundation, mettent en évidence un fil conducteur dans la réponse complexe de Friedlander à ce à quoi ressemble l’Amérique lorsqu’elle est photographiée. L’idée conventionnelle de l’immobilier – terrains, bâtiments, construction, démolition – est éclatée en une itération beaucoup plus stratifiée, variée et humoristique qui inclut des idées d’orgueil démesuré, d’échec et de mortalité. Prises collectivement, ces 155 images constituent l’une des explorations visuelles les plus vastes et les plus nuancées de l’Amérique et, individuellement, elles sont remplies du type d’humour intellectuel et d’observation qui a fait la renommée de Friedlander. Au fil du temps, le photographe américain a bien sûr élargi notre perception de ce qui constitue un bien immobilier, tout comme il continue à nous obliger à reconsidérer la manière dont la photographie révèle des aspects essentiels de notre vie à travers le temps. Le miroir que Lee Friedlander nous tend est son miroir et tout ce qui s’y reflète a les traits communs de sa façon de voir – chaque photo est incontestablement une photo signée Friedlander. Real Estate est une série essentielle sur l’un de ses sujets de prédilection, et occupe une place centrale aux côtés d’autres ouvrages classiques sur sa quête pour photographier le paysage social en perpétuelle évolution. Le livre de 168 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Eakins Press Foundation.

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HARRY GRUYAERT – MOROCCO

Membre de l’agence Magnum depuis 1982, Harry Gruyaert décrit la photographie comme une expérience physique, un état d’excitation. Héritier de la tradition américaine incarnée par Saul Leiter, Joel Meyerowitz, Stephen Shore ou William Eggleston, très influencé par le cinéma, Harry Gruyaert a su créer une palette chromatique extrêmement personnelle, un rouge dense, un vert qui vibre, une manière de découper la lumière et ses ombres dans le cadre. Le photographe belge explique: « La couleur est plus physique que le noir et blanc, plus intellectuel et abstrait. Devant une photo en noir et blanc, on a davantage envie de comprendre ce qui se passe entre les personnages. Avec la couleur on doit être immédiatement affecté par les différents tons qui expriment une situation. » C’est en plongeant dans ses archives qu’Harry Gruyaert a redécouvert un grand nombre d’images qu’il avait faites au Maroc et qu’il avait oubliées. Depuis son premier voyage effectué en 1972, Harry Gruyaert n’a eu de cesse de revenir dans ce pays, à la recherche du choc initial ressenti : un accord splendide entre les formes, les couleurs, les gestes quotidiens des gens et la nature. Ce nouveau livre présente une suite de variations sur le même thème : l’envoûtement que ce pays exerce sur le photographe depuis son premier voyage. Du Haut Atlas au désert, des campagnes à Marrakech, Fès, Essaouira ou Erfoud, les images de Gruyaert constituent des théâtres imaginaires où s’exprime la fascination que ce pays exerce sur lui depuis plus de 50 ans. Mais ses photographies sont aussi paradoxalement très physiques. « Faire une photo, c’est à la fois chercher un contact et le refuser, être en même temps le plus là et le moins là. Sur le terrain, il s’agit d’une vraie “bagarre” avec la réalité, d’une sorte de transe pour enregistrer une image ou peut-être tout manquer. C’est dans cette bagarre que je me situe le mieux. » Près de dix ans après l’épuisement du mythique ouvrage Maroc, le design élégant de Morocco, publié par les Éditions Textuel, avec sa couverture toilée invite à une traversée sensorielle du Maroc à l’opposé des codes du photoreportage. Morocco est l’expression de cette tension particulière qu’éprouve le photographe, à mi-chemin entre l’exaltation et le ravissement. Le livre de 208 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des Éditions Textuel.

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ALBARRAN CABRERA – ESCUCHANDO A LOS ÁRBOLES

Depuis plusieurs années, le duo d’artistes de Barcelone Angel Albarrán et Anna Cabrera sont les imprimeurs privilégiés des musées et de certains photographes de renommée mondiale. Récemment, ils ont développé leur propre activité artistique, en expérimentant entre techniques d’impression modernes et traditionnelles, et en exposant dans le monde entier. En plus de maîtriser les techniques artisanales telles que les tirages platine et les cyanotypes, ils ont développé une technologie d’impression unique : imprimer des photographies avec des pigments sur du papier japonais fin, qui est ensuite placé sur une feuille d’or, imprégnant les images d’une qualité hors du commun. L’univers poétique de leur nouvel ouvrage publié par Editorial RM (et par Atelier EXB pour la version française), Escuchando a los Árboles, nous invite à nous immerger dans la nature, dans le pays des arbres et dans ce que les arbres peuvent nous apprendre sur la vie. L’idée du livre est née d’un texte écrit par Hermann Hesse qui peut être décrit comme l’une des plus belles lettres d’amour aux arbres. Hesse nous dit que « lorsque nous écoutons les arbres, nous découvrons le sens de la vie ». Ainsi, dans ce livre, Albarrán Cabrera explique qu’en photographiant les arbres, ils ont appris non seulement à les écouter, mais aussi à mieux se comprendre eux-mêmes. Les images alternent entre une palette de couleurs vives, à la limite de l’abstraction, et des tons plus monochromes, évoquant une certaine mélancolie, qui nous plongent dans des paysages intemporels. Il en résulte un univers onirique, presque surréaliste, propre au duo espagnol. Loin d’idéaliser la nature, les photographes cherchent à magnifier ce qui existe déjà. Ils expliquent: « Nous pensons qu’être humain, c’est comprendre la nature non seulement telle qu’elle est, mais aussi telle que nous la percevons. Si nous sommes attentifs et observateurs, nous pourrons la comprendre de ces deux points de vue. Comme si nous étions à la fois en train de voir et d’être vus. » Deux textes de l’écrivain, poète et peintre allemand Hermann Hesse ponctuent ce corpus visuel. Un essai d’Yves Darricau, ingénieur agronome et auteur, raconte l’histoire de la relation entre l’homme et l’arbre, de la préhistoire à nos jours. Il raconte comment chacun a contribué au développement de l’autre dans une relation d’interdépendance aujourd’hui menacée, nous faisant prendre conscience de l’importance de l’arbre face aux défis de notre siècle. Le livre de 184 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Editorial RM.

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SAUL LEITER – 100 AÑOS

Né en 1923 à Pittsburgh, Saul Leiter est considéré comme l’un des pionniers de la photographie couleur, qu’il pratique dès les années 50, dans les rues de New York. Il ne connait cependant le succès qu’au début des années 2000, avec le regain d’intérêt pour les clichés en couleur des années 70. Plus tôt, à partir de 1958, il travaille comme photographe de mode pour le magazine Harper’s Bazaar, où il restera plus de 20 ans. Maître incontesté de la photographie couleur, ses photographies de rue sont l’objet de sa renommée. Souvent prises en se promenant dans son quartier, elles ne semblent jamais datées. À mille lieux de la jungle urbaine qui lui servait de sujet, Saul Leiter a saisi un monde flottant, embué, tendant volontiers vers l’expressionnisme abstrait de ses peintures. Très en avance sur son temps, Saul Leiter investit la diapositive dès 1948 comme un médium artistique à part entière, via des projections qu’il organise. Après la grande exposition qui lui est consacré à Arles l’été 2023, cette rétrospective célèbre le centenaire de la naissance de Saul Leiter. Publiée par les éditions Editorial RM pour l’Espagne et par les Éditions Textuel pour la France, elle rassemble toutes les facettes de son œuvre d’une étendue considérable. Durant une vie entière consacrée à la création artistique, le photographe et peintre Saul Leiter a produit un corpus de plus de 20 000 tirages photographiques, 4 000 tableaux et quelque 40 000 diapositives. De la street photography à ses images pour la mode en passant par ses nus féminins et ses peintures, ce livre nourri de ses archives personnelles révèle une œuvre immense et inclassable. Enrichi de cinq essais signés Adam Harrison Levy, Michael Greenberg et Lou Goppard, éclairant tant la biographie que l’œuvre de l’artiste et puisant dans ses archives personnelles, ce livre révèle la sensibilité unique de Saul Leiter. Le livre de 352 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Editorial RM.

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EDDIE MARTINEZ – EXTRA DRAWINGS

Eddie Martinez est reconnu internationalement pour ses toiles grand format très dynamiques où s’accumulent les couches de peinture à l’huile et de peinture émaillée, ponctuées d’éléments de collages. Les coups de peintures puissants et vigoureux contrastent avec les faibles lignes de bombe aérosol et la riche texture de la peinture pressée directement du tube sur la toile. Synthétisant les compositions au format classique comme la nature morte, le portrait et le paysage avec l’approche rapide du “flux de conscience” de la main d’un enfant, l’artiste de Brooklyn arrive à un style qui n’appartient qu’à lui. Publié par les édidions belges Triangle Books, Extra Drawings est un voyage épique à travers 18 ans de pratique acharnée du dessin par Eddie Martinez. Dormeurs, oiseaux, fleurs, crânes, Fran le chien, Nature morte, dessus de table, mouches, mandalas et canettes aérosol Raid sont quelques-uns des motifs récurrents de l’artiste, que l’on retrouve dans ce nouveau livre, au cours d’un périple morphologique. Une conversation entre Martinez et Claire Gilman, conservatrice en chef du Drawing Center de New York, permet d’approfondir les subtilités de l’approche effrénée de la page blanche par l’artiste. Si l’œuvre de l’artiste américain peut paraître au premier abord difficile d’accès, ce dernier explique: « Je veux juste que les gens interprètent mon travail comme ils le veulent ». Ce très bel ouvrage de 448 pages, avec un tirage de 1000 exemplaires, est le troisième et dernier chapitre de la trilogie Drawings. Le livre est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Triangle Books.

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TAKASHI HOMMA – THIRTY-SIX VIEWS OF MOUNT FUJI

Takashi Homma (né en 1962, vit et travaille à Tokyo) est un photographe japonais parmi les plus actifs, reconnus et influents à l’international, dans le monde de la photographie aussi bien que dans celui de l’art contemporain. La photographie de Homma, qui porte sur ses sujets un regard singulier, neutre et distant, rejetant tout sentimentalisme, explore les relations entre les individualités et l’environnement urbain dans une perspective socio-politique. Takashi Homma, qui a débuté dans la publicité et les magazines de mode à la fin des années 1980, s’est installé à Londres au début des années 1990 pour travailler avec des magazines culturels légendaires comme i-D. De retour au Japon, il a développé une œuvre très personnelle, publiée notamment dans l’ouvrage Tokyo Suburbia, qui a reçu le Kimura Ihei Commemorative Photography Award en 1999. Les éditions britanniques MACK publient aujourd’hui le nouvel ouvrage du photographe: Thirty-Six Views of Mount Fuji. Cette série de nouveaux clichés aborde l’une des images les plus emblématiques et les plus représentées au Japon et dans le monde : le mont Fuji. Avec son titre qui fait référence à la célèbre série de gravures sur bois ukiyo-e de Hokusai, Homma évoque les traditions de représentation et d’illustration de son pays tout en proposant une nouvelle rencontre envoûtante avec son sujet. À l’aide de sténopés et de la technologie numérique, le photographe crée des images fantomatiques de la montagne située au sud-ouest de Tokyo, dans des collages qui la placent de manière ambiguë dans le paysage, évoquant et subvertissant à la fois le spectacle auquel elle est associée. Avec cette nouvelle monographie, Homma écrit un nouveau chapitre subtil et essentiel de l’histoire de la culture visuelle japonaise. Le livre de 80 pages, avec un essai de l’écrivain britannique Pico Iyer, est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions MACK.

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MIKE BRODIE – POLAROID KID

Né en Arizona, Mike Brodie arpente le territoire américain, nous livrant des images brutes – choquantes parfois, surprenantes toujours – de ces quatre années de voyages, de trains en trains, de rencontres en découvertes. Travaillant masqué, sous couvert de pseudonyme, l’amateur est tout d’abord le « Polaroid Kidd », le minuscule polaroïd, l’enfant du petit format. Enfant car c’est à dix-sept ans seulement qu’il se lance sur les routes et les rails, en 2002, avec quelques effets personnels pour un simple petit voyage… Qui s’avéra durer quelques jours à la suite desquels il partit cette fois discrètement pour un plus long voyage… La pudeur de ce surnom ne dit pourtant pas l’effet saisissant que ces photographies dessinant l’Amérique ont encore sur un monde photographique en mal de représentations novatrices de ce territoire déjà tant visité et si bien décrit. Après l’énorme succès de ses deux uniques ouvrages (A Period of Juvenile Prosperity et Tones of Dirt and Bone), les éditions britanniques Stanley / Barker publient un superbe coffret contenant 50 polaroïds magistralement reproduits et réalisés par Brodie, qui délivrent le véritable témoignage d’un mode de vie alternatif au début des années 2000: paysages évocateurs et portraits bouleversants, à la fois mélancoliques, intimes et troublants. Loin du rêve américain, Mike Brodie présente une toute autre réalité où la pauvreté et l’isolement sévissent de plein fouet. L’utilisation de la fameuse pellicule Time Zero offre un aspect encore plus mystérieux et poétique à l’ensemble de son travail. Les 50 polaroïds sont présentés dans un coffret en carton gris sérigraphié, fixé par un élastique épais – un design inspiré par l’éthique punk qui anime les personnes photographiées et par les wagons de train de marchandises dans lesquels ils voyagent. Ce superbe objet est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Stanley / Barker.

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WALTER PFEIFFER – CHEZ WALTI

Walter Pfeiffer (né en 1946, vit et travaille à Zurich) explore le territoire érotique, festif et intime du quotidien depuis plus de trente ans, avec la volonté de traduire visuellement et de façon inédite les notions de beauté et de liberté. D’abord reconnu par l’underground, ce travail désormais culte préfigure toute une iconographie qui aborde les notions de sexualité et d’identité. Il a notamment travaillé pour des magazines internationaux tels que Vogue et réalisé des campagnes pour des marques de luxe comme Bottega Veneta. Pfeif­fer a ou­vert de nou­velles voies à la pho­to­gra­phie par la ma­nière qu’il a de fixer le monde sur la pel­li­cule. Ce maître de la mise en scène est tou­jours actif au­jour­d’hui. Bien que ses ex­po­si­tions et son suc­cès re­montent aux an­nées 1970 et 1980, son im­por­tante œuvre connait au­jour­d’hui un nou­vel essor. Il a réussi à tra­vers les an­nées à res­ter au contact de son époque et est aujourd’hui considéré comme un pas­seur entre la pho­to­gra­phie clas­sique et la pho­to­gra­phie libre qui n’a au­cune dif­fi­culté à faire le lien entre ces deux pôles. Ses photographies ont influencé toute une génération d’artistes dont Jürgen Teller, Wolfgang Tillmans ou Terry Richardson. Les éditions suisses Edition Patrick Frey publient aujourd’hui Chez Walti, un magnifique ouvrage qui retrace l’évolution de ce travail au cours des 23 dernières années et montre comment Pfeiffer a affiné et renouvelé son regard photographique, absorbant les in?uences de l’air du temps tout en restant indubitablement lui-même, que ce soit dans son travail personnel ou dans ses travaux de commande. La légèreté et l’esprit de Pfeiffer, ainsi que son sens infaillible de la beauté, caractérisent ses hommes splendides et ses filles insolentes, ses natures mortes luxuriantes et ses paysages bucoliques, sa mode chic et sa peau nue. Chez Walti nous plonge dans l’univers parallèle en apesanteur de Walter Pfeiffer, dont la magie s’est intensifiée au cours des deux dernières décennies. L’ouvrage de 418 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne d’Edition Patrick Frey.

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GUIDO GUAZZILLI – HOME IS HOME (ALL ALONE)

Depuis 2010, le photographe italien Guidi Guazzilli construit un corpus d’œuvres sur l’identité et les conditions de l’être humain, à travers des récits personnels et subjectifs. Il passe le plus clair de son temps dans les rues, dépeignant les gens et les lieux comme des journaux intimes, en se concentrant souvent sur les sous-cultures et les scènes musicales des jeunes. Les éditions allemandes Kehrer publient aujourd’hui son nouvel ouvrage: Home is Home (All Alone). Il s’agit d’un journal d’images collectées au cours d’une longue recherche d’un « chez-soi », d’un lieu que l’on puisse définir comme tel. Profondément inspiré par la créature légendaire de la mythologie romaine du faune, Guidi Guazzilli s’est penché sur les poèmes de Gabriele Tinti, où cet être – créature dionysiaque par excellence – symbolise parfaitement la force créatrice qui atteint son intensité maximale et se transforme en destruction et en mort. Le photographe explique: « Home is Home (All Alone) est un journal photographique et une recherche à long terme. Des histoires de lieux et de personnes dans différents mondes, dans une société où j’explore les relations, les moments privés, la solitude, les abus, l’amour, la vie nocturne, la musique et la vie des artistes. J’étudie sans cesse la relation entre certaines personnes et l’espace dans lequel elles vivent. (…) Dans mes rencontres et ma recherche désespérée d’une maison, j’ai capté des tempêtes, des orages, des rêves et des vents légers, et parfois très froids. Cette collection d’images parle de la recherche d’une définition de l’identité et de l’inévitable prise de conscience qu’en tant qu’êtres humains, nous sommes profondément interconnectés mais fondamentalement seuls. » Le livre de 184 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Kehrer.

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MARK POWER – THE SHIPPING FORECAST

Mark Power (né en 1959 en Angleterre) est considéré comme l’un des plus importants et des plus éclectiques photographes d’aujourd’hui. En 1992, il rejoint l’agence Magnum dont il devient membre en 2007. Après des études de peinture à l’Université de Brighton, il effectue de nombreux voyages à travers le monde et se découvre une passion imprévue pour la photographie. Pendant quelques années, il travaille comme photographe indépendant pour de nombreux magazines et avec des organisations humanitaires britanniques, tout en développant parallèlement ses propres projets artistiques. Il y a trente ans, Power entreprend de photographier les trente et une zones maritimes autour des côtes des îles britanniques afin de créer une représentation visuelle des prévisions maritimes. Depuis près de 100 ans, les prévisions sont diffusées quatre fois par jour par la radio de la BBC et sont entrées dans la conscience du public britannique – c’est une constante dans un monde en constante évolution. Publié par les éditions britanniques GOST Books, le livre de Power, The Shipping Forecast, a été initialement publié en 1996. Cette nouvelle édition, révisée et considérablement augmentée, comprend plus de 100 photographies inédites. Les prévisions maritimes couvrent les eaux de l’Europe occidentale et les divisent en trente et une zones maritimes, de Trafalgar au sud-est de l’Islande, et de Sole à German Bight. Pendant quatre ans, Power les a toutes photographiées, à la recherche de métaphores visuelles du langage ésotérique des mots prononcés par les météorologues et de leur discours poétique, semblable à un mantra. Chaque cliché en noir et blanc est légendé par les prévisions de 6 heures du jour où il a été pris, créant ainsi une corrélation entre l’image et le texte. Jamais conçues comme un document, les photographies représentent une impression lyrique de chaque lieu observé par Mark Power. Le livre de 240 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions GOST Books. Une édition spéciale de l’ouvrage est proposée avec cinq tirages du photographe signés, datés et numérotés. Celle-ci est également disponible sur le site de l’éditeur.

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RAYMOND PETTIBON – FLYERS 2

L’artiste américain Raymond Pettibon (né Raymond Ginn en 1957), autodidacte, se consacre très vite au dessin des pochettes d albums produits par SST Records, label fondé par son frère, Greg Ginn, également à l’origine du groupe punk Black Flag. Fortement inspiré par la culture punk-rock californienne de la fin des années 1970-80 et dans l’esthétique des couvertures d’albums, BD, flyers et fanzines qui ont marqué ce mouvement, l’artiste est parvenu à imposer un genre bien à lui. Les éditions américaines Kill Your Idols publient aujourd’ui Flyers 2, la suite du premier ouvrage sorti en 2017 dans une édition confidentielle limitée à 100 exemplaires. Ce très beau catalogue de 92 pages compile soigneusement une centaine de flyers de concerts et de documents éphémères datant de la fin des années 70 au milieu des années 1980, magnifiquement conçus par Raymond Pettibon. La grande majorité d’entre eux ont été créés pour les concerts de Black Flag, mais également pour les Minutemen, Sacharine Trust, Wasted Youth, Red Cross, Circle Jerks, Descendents, D.O.A., Dead Kennedys, Throbbing Gristle, Firehose, Husker Du, Flipper, Meat Puppets, Jack Brewer Band et bien d’autres piliers du punk et du hardcore de l’époque. Les images étaient élaborées à partir de tout ce qui pouvait être trouvé, souvent photocopiées et, encore chaudes, agrafées au poteau téléphonique le plus proche pour avertir le monde du concert de la semaine suivante. Un seul coup d’œil suffit pour ressentir la frénésie de ces concerts. Tirées des archives personelles de Bryan Ray Turcotte, historien de la sous-culture, archiviste et collectionneur, ces œuvres d’art involontaires nous parlent à bien des égards. Elles permettent non seulement de contempler les premières œuvres de cet artiste désormais légendaire et acclamé, mais elles offrent également un aperçu de la scène musicale underground du hardcore DIY de l’époque. Ces affiches bricolées, déchirées et effilochées, récupérées sur d’innombrables poteaux téléphoniques et murs, agrafées, scotchées et collées, sont des représentations physiques de la scène musicale la plus influente du XXe siècle et de son artiste le plus renommé. Le livre est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Kill Your Idols.

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TETSUYA ISHIDA – MY ANXIOUS SELF

Tetsuya Ishida est un peintre contemporain né en 1973. Après l’obtention de son diplôme de la Yaizu Central High School, il se lance dans un cursus de conception de communication visuelle à l’université des arts de Musashino dont il sort diplômé en 1996. Il se lance alors dans une carrière d’artiste peintre, qui connaîtra un succès important à la suite d’une vente de ses œuvres chez Christie’s sur l’art d’avant-garde d’Asie de l’est, organisée en 1998. Sa brève carrière sera interrompue après seulement dix ans, lorsque l’artiste meurt en 2005, écrasé par un train. À l’occasion de la première grande rétrospective de l’artiste à New York à la galerie Gagosian (12 septembre – 21 octobre 2023), un magnifique catalogue a été publié: My Anxious Self. En l’espace de dix ans seulement, Ishida a produit un ensemble d’œuvres saisissantes centrées sur le thème de l’aliénation humaine. Il a émergé en tant qu’artiste pendant la  » Lost Decade  » (décennie perdue) du Japon, une récession qui a duré tout au long des années 1990, et ses peintures capturent les sentiments de désespoir, de claustrophobie et de déconnexion qui caractérisaient la société japonaise à cette époque. L’artiste explore les sensations d’incertitude, de désolation, d’isolement, d’aliénation, dans un système mû par des impératifs de productivité et de compétitivité. Avant sa mort prématurée, Ishida a imaginé des allégories des défis de la vie contemporaine dans des peintures et des œuvres sur papier chargées d’une absurdité kafkaïenne. Dans des scènes cauchemardesques, des personnages en costume fabriqués à l’image d’Ishida mais possédant des parties de machines ou d’animaux sont représentés en train d’être mis en boîte et réparés, comme des objets impuissants. L’avant-plan et l’arrière-plan sont rendus avec la même minutie et cette compression complexe des couches intensifie le sentiment d’enfermement. Les sujets masculins stoïques semblent habitués à leurs membres cyborg et à leur environnement lugubre et poursuivent leur routine commune. Certains hommes se confondent avec des objets ménagers, réduits à l’état d’outils et de meubles fonctionnels mais inanimés. Tetsuya Ishida semble malmener les humains dont il peint les traits sur ses toiles. Pourtant, il n’en est rien. L’oeuvre de l’artiste n’est selon lui qu’une allégorie de la société nippone qui tourmente ses membres, transformés en corps serviles et dociles. Le livre de 216 pages, avec des essais signés Kobo Abe, Cecilia Alemani, Larry Gagosian, Michiaki Ishida et Diethard Leopold, est maintenant disponible sur la boutique en ligne de la Galerie Gagosian.

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