Depuis 2010, le photographe italien Guidi Guazzilli construit un corpus d’œuvres sur l’identité et les conditions de l’être humain, à travers des récits personnels et subjectifs. Il passe le plus clair de son temps dans les rues, dépeignant les gens et les lieux comme des journaux intimes, en se concentrant souvent sur les sous-cultures et les scènes musicales des jeunes. Les éditions allemandes Kehrer publient aujourd’hui son nouvel ouvrage: Home is Home (All Alone). Il s’agit d’un journal d’images collectées au cours d’une longue recherche d’un « chez-soi », d’un lieu que l’on puisse définir comme tel. Profondément inspiré par la créature légendaire de la mythologie romaine du faune, Guidi Guazzilli s’est penché sur les poèmes de Gabriele Tinti, où cet être – créature dionysiaque par excellence – symbolise parfaitement la force créatrice qui atteint son intensité maximale et se transforme en destruction et en mort. Le photographe explique: « Home is Home (All Alone) est un journal photographique et une recherche à long terme. Des histoires de lieux et de personnes dans différents mondes, dans une société où j’explore les relations, les moments privés, la solitude, les abus, l’amour, la vie nocturne, la musique et la vie des artistes. J’étudie sans cesse la relation entre certaines personnes et l’espace dans lequel elles vivent. (…) Dans mes rencontres et ma recherche désespérée d’une maison, j’ai capté des tempêtes, des orages, des rêves et des vents légers, et parfois très froids. Cette collection d’images parle de la recherche d’une définition de l’identité et de l’inévitable prise de conscience qu’en tant qu’êtres humains, nous sommes profondément interconnectés mais fondamentalement seuls. » Le livre de 184 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Kehrer.
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MARK POWER – THE SHIPPING FORECAST
Mark Power (né en 1959 en Angleterre) est considéré comme l’un des plus importants et des plus éclectiques photographes d’aujourd’hui. En 1992, il rejoint l’agence Magnum dont il devient membre en 2007. Après des études de peinture à l’Université de Brighton, il effectue de nombreux voyages à travers le monde et se découvre une passion imprévue pour la photographie. Pendant quelques années, il travaille comme photographe indépendant pour de nombreux magazines et avec des organisations humanitaires britanniques, tout en développant parallèlement ses propres projets artistiques. Il y a trente ans, Power entreprend de photographier les trente et une zones maritimes autour des côtes des îles britanniques afin de créer une représentation visuelle des prévisions maritimes. Depuis près de 100 ans, les prévisions sont diffusées quatre fois par jour par la radio de la BBC et sont entrées dans la conscience du public britannique – c’est une constante dans un monde en constante évolution. Publié par les éditions britanniques GOST Books, le livre de Power, The Shipping Forecast, a été initialement publié en 1996. Cette nouvelle édition, révisée et considérablement augmentée, comprend plus de 100 photographies inédites. Les prévisions maritimes couvrent les eaux de l’Europe occidentale et les divisent en trente et une zones maritimes, de Trafalgar au sud-est de l’Islande, et de Sole à German Bight. Pendant quatre ans, Power les a toutes photographiées, à la recherche de métaphores visuelles du langage ésotérique des mots prononcés par les météorologues et de leur discours poétique, semblable à un mantra. Chaque cliché en noir et blanc est légendé par les prévisions de 6 heures du jour où il a été pris, créant ainsi une corrélation entre l’image et le texte. Jamais conçues comme un document, les photographies représentent une impression lyrique de chaque lieu observé par Mark Power. Le livre de 240 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions GOST Books. Une édition spéciale de l’ouvrage est proposée avec cinq tirages du photographe signés, datés et numérotés. Celle-ci est également disponible sur le site de l’éditeur.
RAYMOND PETTIBON – FLYERS 2
L’artiste américain Raymond Pettibon (né Raymond Ginn en 1957), autodidacte, se consacre très vite au dessin des pochettes d albums produits par SST Records, label fondé par son frère, Greg Ginn, également à l’origine du groupe punk Black Flag. Fortement inspiré par la culture punk-rock californienne de la fin des années 1970-80 et dans l’esthétique des couvertures d’albums, BD, flyers et fanzines qui ont marqué ce mouvement, l’artiste est parvenu à imposer un genre bien à lui. Les éditions américaines Kill Your Idols publient aujourd’ui Flyers 2, la suite du premier ouvrage sorti en 2017 dans une édition confidentielle limitée à 100 exemplaires. Ce très beau catalogue de 92 pages compile soigneusement une centaine de flyers de concerts et de documents éphémères datant de la fin des années 70 au milieu des années 1980, magnifiquement conçus par Raymond Pettibon. La grande majorité d’entre eux ont été créés pour les concerts de Black Flag, mais également pour les Minutemen, Sacharine Trust, Wasted Youth, Red Cross, Circle Jerks, Descendents, D.O.A., Dead Kennedys, Throbbing Gristle, Firehose, Husker Du, Flipper, Meat Puppets, Jack Brewer Band et bien d’autres piliers du punk et du hardcore de l’époque. Les images étaient élaborées à partir de tout ce qui pouvait être trouvé, souvent photocopiées et, encore chaudes, agrafées au poteau téléphonique le plus proche pour avertir le monde du concert de la semaine suivante. Un seul coup d’œil suffit pour ressentir la frénésie de ces concerts. Tirées des archives personelles de Bryan Ray Turcotte, historien de la sous-culture, archiviste et collectionneur, ces œuvres d’art involontaires nous parlent à bien des égards. Elles permettent non seulement de contempler les premières œuvres de cet artiste désormais légendaire et acclamé, mais elles offrent également un aperçu de la scène musicale underground du hardcore DIY de l’époque. Ces affiches bricolées, déchirées et effilochées, récupérées sur d’innombrables poteaux téléphoniques et murs, agrafées, scotchées et collées, sont des représentations physiques de la scène musicale la plus influente du XXe siècle et de son artiste le plus renommé. Le livre est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Kill Your Idols.
TETSUYA ISHIDA – MY ANXIOUS SELF
Tetsuya Ishida est un peintre contemporain né en 1973. Après l’obtention de son diplôme de la Yaizu Central High School, il se lance dans un cursus de conception de communication visuelle à l’université des arts de Musashino dont il sort diplômé en 1996. Il se lance alors dans une carrière d’artiste peintre, qui connaîtra un succès important à la suite d’une vente de ses œuvres chez Christie’s sur l’art d’avant-garde d’Asie de l’est, organisée en 1998. Sa brève carrière sera interrompue après seulement dix ans, lorsque l’artiste meurt en 2005, écrasé par un train. À l’occasion de la première grande rétrospective de l’artiste à New York à la galerie Gagosian (12 septembre – 21 octobre 2023), un magnifique catalogue a été publié: My Anxious Self. En l’espace de dix ans seulement, Ishida a produit un ensemble d’œuvres saisissantes centrées sur le thème de l’aliénation humaine. Il a émergé en tant qu’artiste pendant la » Lost Decade » (décennie perdue) du Japon, une récession qui a duré tout au long des années 1990, et ses peintures capturent les sentiments de désespoir, de claustrophobie et de déconnexion qui caractérisaient la société japonaise à cette époque. L’artiste explore les sensations d’incertitude, de désolation, d’isolement, d’aliénation, dans un système mû par des impératifs de productivité et de compétitivité. Avant sa mort prématurée, Ishida a imaginé des allégories des défis de la vie contemporaine dans des peintures et des œuvres sur papier chargées d’une absurdité kafkaïenne. Dans des scènes cauchemardesques, des personnages en costume fabriqués à l’image d’Ishida mais possédant des parties de machines ou d’animaux sont représentés en train d’être mis en boîte et réparés, comme des objets impuissants. L’avant-plan et l’arrière-plan sont rendus avec la même minutie et cette compression complexe des couches intensifie le sentiment d’enfermement. Les sujets masculins stoïques semblent habitués à leurs membres cyborg et à leur environnement lugubre et poursuivent leur routine commune. Certains hommes se confondent avec des objets ménagers, réduits à l’état d’outils et de meubles fonctionnels mais inanimés. Tetsuya Ishida semble malmener les humains dont il peint les traits sur ses toiles. Pourtant, il n’en est rien. L’oeuvre de l’artiste n’est selon lui qu’une allégorie de la société nippone qui tourmente ses membres, transformés en corps serviles et dociles. Le livre de 216 pages, avec des essais signés Kobo Abe, Cecilia Alemani, Larry Gagosian, Michiaki Ishida et Diethard Leopold, est maintenant disponible sur la boutique en ligne de la Galerie Gagosian.
ALESSANDRA SANGUINETTI – ON THE SIXTH DAY
Alessandra Sanguinetti est connue pour son travail qui explore les effets du passage du temps et les transitions de la jeunesse. Après l’énorme succès de son projet suivant les deux cousines Guille et Belinda dans leur intimité (voir ici), la photographe argentine ressort l’un de ses tout premiers ouvrage sorti à l’origine en 2005 (Nazraeli) et publié aujourd’hui par les éditions MACK: On The Sixth Day. En Argentine, dans les fermes éloignées près de Buenos Aires, Alessandra Sanguinetti s’est intéressée à la relation symbiotique entre les fermiers, leurs animaux et la terre. Les photographies saisissantes de Sanguinetti décrivant la coexistence des hommes et des animaux peuvent à première vue sembler brutales. Mais c’est une représentation honnête et touchante de la relation entre l’homme et la bête, l’un élevant l’autre pour le sacrifice ultime. Souvent photographiées près du sol, les images rendent compte du courage, des luttes et des aventures des poulets, des cochons, des chevaux et des vaches. Nous les voyons naître, jouer, rivaliser entre eux pour la nourriture, leur destin étant toujours incertain alors que les présences humaines se profilent inévitablement au-dessus d’eux. Avec leurs couleurs riches, presque surréalistes, ces photographies évoquent les fables traditionnelles ou les livres classiques pour enfants dans lesquels les animaux adoptent des comportements humains pour enseigner des leçons de morale. Pourtant, Sanguinetti dépeint ces animaux comme des individus à part entière, chacun doté d’un esprit mystérieux, racontant leur vie de la naissance à la mort avec un regard direct et non sentimental. Au bord des routes, dans les champs et dans les bois, elle a observé les rituels et les traditions des agriculteurs locaux dont les vies s’entremêlent avec une foule d’animaux pris dans le cycle de la vie et de la mort. Le travail réalisé dans On the Sixth Day dépasse la simple pratique documentaire et évoque une intimité que nous avons le privilège de partager, au mépris de nos sensibilités. Le livre de 96 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions britanniques MACK.
BURT GLINN – HALF A CENTURY AS A MAGNUM PHOTOGRAPHER
Après avoir étudié la littérature à Harvard, Burt Glinn (1925-2008) devient assistant des photographes du magazine Life puis photographe indépendant. Glinn menait une double activité de photographe-reporter pour des titres comme Life, Look, Paris Match ou Geo et de photographe de publicité. Il a occupé à deux reprises, de 1972 à 1975 puis en 1987, le poste de président de l’Agence Magnum. Mettant en lumière l’extraordinaire polyvalence de Burt Glinn et son talent pour représenter les scènes les plus emblématiques et les plus quotidiennes de la seconde moitié du XXe siècle, cet ouvrage publié par les éditions allemandes Kehrer est la première monographie couvrant l’ensemble de la carrière historique de Glinn. Avec des images rarement vues et acclamées, Burt Glinn. Half a Century as a Magnum Photographer célèbre les manières fascinantes, élégantes et toujours expressives dont Glinn a vécu le monde à travers la photographie. Avec Eve Arnold et Dennis Stock, il a été l’un des premiers Américains à rejoindre Magnum Photos, dont il est devenu membre associé en 1951. Il a reçu de nombreux prix pour ses photographies éditoriales et d’entreprise. Glinn a photographié des stars, des personnalités et des sujets de style de vie dans les années 1950 et 1960. Il est internationalement reconnu pour ses reportages lors de la guerre du Sinaï, l’invasion marine américaine du Liban et la prise de contrôle de Cuba par Fidel Castro. L’ouvrage de 144 pages, avec des essais d’Elena Prohaska Glinn, Sam Glinn, Mark Lubell, Susan Meiselas, Martin Parr, Gilles Peress, Sarah Stacke, Larry Towell, Alex Webb et Eelco Wolf, célèbre la vie et l’oeuvre du photographe qui écrivait « Je pense qu’il faut saisir la vérité essentielle de la situation et en donner un point de vue. » Le livre est diposnible sur la boutique en ligne des éditions Kehrer.
MAGNUM SQUARE PRINT SALE 2023 – WRITTEN BY LIGHT
La nouvelle Magnum Square Print Sale ‘Written by Light’, en partenariat avec la World Press Photo Foundation, se déroule du lundi 16 octobre au dimanche 22 octobre 2023. Chaque photographe participant offre sa propre interprétation du thème. La vente comprend plus d’une centaine de tirages réalisés par certains des plus grands photographes de notre époque. Les tirages, 15,2×15,2cm, de qualité muséale, signés ou tamponnés par l’estate, sont en vente pour 7 jours seulement, à 120 € sur le site magnumphotos.com/shop/.
SHELBY LEE ADAMS – FROM THE HEADS OF THE HOLLERS
Shelby Lee Adams (né en 1950) est un photographe américain connu pour ses photographies de la vie de famille dans les Appalaches. Le style distinctif de ses portraits a permis de créer un témoignage unique et bienveillant sur les habitants des zones rurales et des villages de cette région. Travaillant entièrement sur la base du bouche à oreille, Shelby Lee Adams a photographié plusieurs générations de familles qui sont devenues ses amis et ses sujets au fil des ans. À l’occasion de sa grande rétrospective à la Paul Paletti Gallery de Louisville, Kentucky, les éditions britanniques GOST Books publient le nouvel ouvrage d’Adams intitulé From The Heads of the Hollers. Chaque été pendant plus de 40 ans, il s’est rendu dans les montagnes de l’est du Kentucky pour prendre des photos. Aujourd’hui septuagénaire, Adams est retourné à ses archives d’images inédites prises entre 1974 et 2010. Son objectif était d’imprimer celles qui avaient pu être négligées, craignant que si elles n’étaient pas imprimées de son vivant, elles ne le soient jamais. Près de 90 de ces images inédites figurent dans son nouveau livre, qui dépeint la culture et les habitants de son pays natal. Le photographe explique: « Je demande aux gens de regarder l’objectif de l’appareil photo et de rechercher leur propre reflet tout en pensant aux événements significatifs de leur vie qui sont pour eux essentiels. Les expériences de la vie varient considérablement d’un individu à l’autre et s’impriment dans notre être profond, ce qui se répercute sur nos apparences. Lorsqu’un photographe est en contact avec ses sujets, les faux-semblants et les masques tombent, ce qui donne lieu à des portraits plus libres et plus engageants. » Certains clichés montrent des familles entières, des frères et sœurs, des amis ou des personnages isolés, mais les portraits sont unis par le regard sans faille du sujet vers Adams et son appareil photo. Le magnifique livre de 176 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions GOST Books. Un don de 10 % du produit de la vente du livre sera versé au fonds d’aide aux victimes des inondations du Kentucky. Enfin, une édition spéciale de l’ouvrage est proposée avec deux tirages du photographe signés et numérotés. Celle-ci est également disponible sur le site de l’éditeur.
YAO JUI-CHUNG
L’artiste contemporain taïwanais Yao Jui-chung a acquis une renommée internationale pour ses critiques imaginatives, audacieuses et incisives, et souvent humoristiques, de l’identité et de l’histoire complexes et contestées de son pays. Né en 1969, Yao a grandi pendant une période tumultueuse, lorsque Taïwan est passé de l’autoritarisme à la démocratie. Son art, qui comprend la photographie, la vidéo, l’installation et la peinture, s’inspire de l’histoire, de la politique et de la société, ainsi que des anciennes traditions artistiques et religieuses et des mondes mythiques de la Chine et de Taïwan. Dans ses paysages naturels, Yao Jui-Chung combine des éléments de la peinture de paysage chinoise traditionnelle avec une énergie moderne et vibrante, en insérant souvent des détails quotidiens pleins d’esprit ou des symboles occidentaux. Tout en générant une expérience visuelle esthétiquement belle et intellectuellement stimulante pour le spectateur, son travail aborde également les principales questions sociales – il présente de l’eau, de l’air et des arbres dorés comme un moyen de souligner la préciosité de la nature dans notre société contemporaine. Mais son oeuvre reflète et critique surtout la transition dramatique de Taïwan entre l’autoritarisme chinois et la démocratisation taïwanaise, ainsi que la manière dont elle a façonné et défini l’identité taïwanaise, tout comme sa propre expérience et son sens de l’identité. Publiée par les éditions suisses Scheidegger & Spiess, cette monographie est la première étude approfondie de l’œuvre de Jui-chung en anglais, examinant sa pratique au cours des trois dernières décennies. Elle comprend plus de 200 images, un essai de Sophie McIntyre, universitaire, conservatrice et spécialiste de l’art taïwanais, qui s’appuie sur des recherches primaires, notamment des entretiens qu’elle a menés avec l’artiste entre le milieu des années 1990 et aujourd’hui, ainsi que sur des données empiriques qu’elle a collectées lors de voyages à Taïwan. L’essai s’appuie également sur certains écrits inédits de l’artiste, ainsi que sur des documents secondaires et d’archives traduits du chinois. Le livre comprend aussi un entretien réalisé avec l’artiste par Hou Hanru, commissaire d’exposition de renommée internationale. Il s’agit du premier dialogue approfondi avec l’artiste sur des questions spécifiques explorées dans les œuvres d’art présentées dans ce livre. L’ouvrage de 208 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Scheidegger & Spiess.
BRUCE GILDEN – HAITI
Peu de photographes possèdent un style aussi frappant et reconnaissable que Bruce Gilden, membre de la célèbre agence Magnum Photos depuis 1998 et qui est largement considéré comme l’un des photographes de rue les plus importants et les plus influents de l’illustre histoire du genre. Les éditions françaises Atelier EXB publient aujourd’hui une nouvelle édition de Haiti, l’un de ses tous premiers livres paru en 1996. Le photographe new-yorkais découvre Haïti en 1984, à l’occasion des célèbres festivités de mardi gras. Fasciné par ce pays, il s’y rendra de nombreuses fois jusqu’en 1995, puis après le tremblement de terre de 2010. Gilden observe alors un territoire pauvre, en proie à de nombreuses catastrophes naturelles, mais riche d’une énergie unique. Comme à son habitude, le photographe s’éloigne des sentiers battus. Il sillonne l’île et rencontre ses habitants aux quatre coins du pays dans des situations que peu seraient prêts à voir. À l’image de sa pratique, Gilden s’approche au plus près de ses sujets ; de ses photographies se dégage alors une tension empreinte d’une atmosphère quasi surréaliste. Bruce Gilden nous ouvre les yeux sur ce pays à la fois fascinant et tragique. Bien qu’il ne soit qu’à une heure de vol de Miami et de l’Amérique continentale, Haïti reste le pays le moins développé de l’hémisphère occidental et l’un des plus pauvres du monde. Les images saisissantes de Gilden reflètent la violence inconsciente qui traverse cette société insulaire, de l’abattoir à la rue. L’importance du vaudou dans la culture haïtienne est également mise en évidence. Entre paganisme et catholicisme, c’est un mélange déconcertant de rage et d’extase qui traverse le livre. Avec près de la moitié d’images inédites dans cette nouvelle édition, Bruce Gilden complète sa trilogie photographique ; après Lost and Found (2019) et Cherry Blossom (2021), Haiti clôt le voyage. Un essai de l’auteur haïtien Louis-Philippe Dalembert, portant un regard littéraire et poétique sur son œuvre, vient compléter cette immersion en pays créole. Le magnifique ouvrage de 144 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Atelier EXB.
ED CLARK – THE BIG SWEEP
Mort le 18 octobre 2019 à l’âge de 93 ans, l’artiste afro-américain Ed Clark était l’un des derniers Expressionnistes abstraits américains. Au cours de sept décennies, ses expérimentations avec la couleur pure, la forme abstraite et la matérialité séduisante de la peinture ont donné naissance à une œuvre d’une originalité remarquable, élargissant le langage de la peinture abstraite américaine. Les innovations de Clark occupent une place importante dans l’histoire de l’art moderne et contemporain : à la fin des années 1950, il a été le premier artiste américain à exposer une toile façonnée, une innovation qui continue d’avoir des répercussions aujourd’hui. Sa recherche d’un moyen de dépasser les limites du pinceau conventionnel l’a conduit à utiliser un simple balai pour appliquer des pigments sur des toiles disposées sur le sol. Défiant les catégories discrètes de l’abstraction gestuelle et de l’abstraction pure et dure, Clark a magistralement imbriqué ces approches dans une forme unique d’expressionnisme. À l’occasion de la rétrospective de l’artiste chez Hauser & Wirth à New York (du 7 septembre au 21 octobre 2023), la galerie américaine publie The Big Sweep. Ce livre, qui constitue la publication de référence sur Clark, retrace l’histoire de sa vie et de son œuvre à travers des réimpressions de textes historiques majeurs écrits par des auteurs tels que Darby English, Anita Feldman, Geoffrey Jacques, Kellie Jones, April Kingsley et Corinne Robins, des entretiens avec Clark réalisés par Quincy Troupe, Jack Whitten et Judith Wilson, ainsi que des photographies, des lettres et des documents éphémères provenant des archives de la succession de Clark et de ses papiers conservés aux Archives of American Art, Smithsonian Institution, Washington, D.C. L’ouvrage de 248 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Hauser & Wirth.
RAYMOND MEEKS – THE INHABITANTS
Né en 1963 à Colombus (Ohio), le photographe Raymond Meeks se distingue par sa conscience aiguë de l’environnement dans lequel il évolue. Son travail est exposé dans les collections permanentes de la National Gallery of Art à Washington, de la George Eastman House à Rochester et de la Bibliothèque nationale de France à Paris. Le soin apporté à ses publications, souvent auto-éditées, fait l’objet d’une reconnaissance critique particulière. Sixième lauréat du programme Immersion, une commande photographique franco-américaine créée par la Fondation d’Entreprise Hermès, Meeks a séjourné en France pendant l’été 2022. Dans la région de Calais et au Pays basque, aux confins de la frontière espagnole, le photographe américain est parti sur les traces des réfugiés qui cherchent à franchir les limites imposées par les hommes. Les images issues de cette résidence, accompagnées d’un long poème de George Weld, sont aujourd’hui présentées sous la forme d’un ouvrage intitulé The Inhabitants, publié par les éditions britanniques MACK. Attaché aux lieux, à leur mémoire et aux êtres qui y évoluent, Raymond Meeks s’est immergé dans le territoire français à la rencontre de celles et ceux qui le traversent en quête d’une vie meilleure. Aux abords du fleuve Bidassoa, qui sépare la France de l’Espagne sur quelques kilomètres, comme autour de Calais, il a saisi les traces des migrants qu’il a croisés, ainsi que les paysages qu’ils ont traversés. Meeks désigne ces lieux de passage comme « les lignes du désir ». En noir et blanc comme en couleur, la série fait plonger le regard dans des espaces parfois anodins, parfois monumentaux, potentiellement hostiles, entre vastes horizons et vues grillagées. Cette série prolonge une démarche artistique consacrée à la manière dont l’être humain habite le monde et qui engage par là-même le photographe à travailler sur ce qui le relie aux autres. Son quotidien, sa famille ou encore la nature environnante lui offrent autant de sujets, qu’il traite avec une grande délicatesse. Le livre de 172 pages est maintenant disponible en anglais ou en français sur la boutique en ligne des éditions Mack.