Category Archives: Art

STEPHEN SHORE – VÉHICULAIRE & VERNACULAIRE

À la façon d’Eugène Atget ou de Walker Evans, les vues de Stephen Shore (né en 1947) présentent l’ordinaire, les coins de rue, les parkings, des maisons sans charme, une vitrine presque vide, des stations service, des chambres d’hôtel. Le photographe a collecté ainsi des images de tous les coins du pays : Floride, Californie, Texas, Montana, Ohio, Arizona… et même Canada. Le travail vise l’émotion, principalement au travers de la couleur et de la composition. À l’occasion de l’exposition Véhiculaire & Vernaculaire à la Fondation Henri Cartier-Bresson de Paris, les éditions Atelier EXB publient un très beau catalogue. Sur une idée de Clément Chéroux, cet ouvrage et l’exposition qu’il accompagne examinent l’oeuvre de Stephen Shore à travers le prisme inexploré de la photographie véhiculaire. Depuis les années 1960, Shore a réalisé la plupart de ses images depuis un moyen de locomotion, que ce soit la voiture, le train, l’avion ou même plus récemment le drone. Le voyage, aussi important que la destination, devient un prétexte pour expérimenter et construire une oeuvre photographique singulière. Stephen Shore explore ainsi le paysage contemporain en ce qu’il a de vernaculaire et ce qu’il révèle de la société américaine elle-même. L’ouvrage présente une dizaine de séries sous forme chronologique, de son travail en N&B réalisé à Los Angeles, alors qu’il n’a que 21 ans, à ses deux séries majeures American Surfaces et Uncommon Places ainsi que Topographies, conçue en 2020-2021, avec un appareil disposé sur un drone. Ces séries sont ponctuées d’extraits d’un long entretien entre Stephen Shore et Clément Chéroux. Ces derniers ont chacun signé un texte qui revient sur le sujet du road trip photographique considéré comme un genre à part entière dans l’histoire de la photographie, de Jacques Henri Lartigue en passant par Man Ray, Robert Frank, jusqu’à Joel Meyerowitz. Le livre de 190 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Atelier EXB.

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DAVID HURN – ON INSTAGRAM

David Hurn, membre de la célèbre agence Magnum, est l’un des photographes documentaires britanniques les plus influents de sa génération. Son travail se caractérise par une observation discrète et une perspicacité singulière, son penchant naturel pour les gens ordinaires dans leur vie de tous les jours. Les éditions britanniques Reel Art Press publient aujourd’hui un nouvel ouvrage du photographe: On Instagram. En 2016, Hurn ouvre discrètement un compte Instagram pour lui permettre de partager des conseils constructifs en matière de photographie : astuces, livres et recommandations. Son fil s’est développé pour inclure des réflexions sur les photographies de ses 60 ans de carrière, son ennui pendant les jours interminables d’enfermement, le travail de ses collègues photographes et une lutte avec les questions de l’IA et de l’artifice dans la photographie. On y trouve des photographies de la révolution hongroise en 1956, du tournage de A Hard Day’s Night des Beatles en 1964, des voyages en Arizona entre 1979 et 2001, des célébrations d’Halloween dans son village gallois pendant la période du covid, et bien d’autres encore. L’amour de la terre est également omniprésent dans la majorité de ses œuvres. Imprimé dans une qualité exquise, le grand format du livre fait honneur aux photographies de Hurn, tout en rehaussant ses propos. Expert dans son domaine, Hurn n’a aucune prétention et partage généreusement son parcours de photographe. Le thème de l’authenticité est présent tout au long des pages ; Hurn invite les photographes à laisser le monde être ce qu’il est, ou du moins à être honnêtes lorsqu’ils créent une image fictive. Hurn écrit : « Il me semble que, quelle que soit la forme de communication, qu’il s’agisse de peinture, de sculpture, de musique, de danse, de photographie ou même de discours, notre travail consiste à essayer de communiquer aux autres de la manière la plus honnête, la plus précise, la plus authentique possible, ce que nous avons vu, ressenti, pensé, à un moment donné ». Rassembler ces publications Instagram des sept dernières années dans un recueil a sa propre beauté. L’immédiateté d’une publication sur les médias sociaux est ici transformée en un journal plus expansif et contemplatif d’un véritable maître de son art. Le livre de 272 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Reel Art Press.

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MICHAEL WOLF / ARPAÏS DU BOIS – HONG KONG WHISPERS

Les éditions belges Hannibal Books publient aujourd’hui Hong Kong Whispers, un nouvel ouvrage du photographe Michael Wolf (1954 – 2019), en étroite collaboration avec la dessinatrice/peintre Arpaîs Du Bois. Les deux artistes ont réalisé des œuvres côte à côte à Hong Kong en 2014, nourries de leurs expériences et de leurs discussions. Le livre crée un dialogue fascinant entre deux approches artistiques contrastées mais mais complémentaires: les étonnantes séries de photographies de Wolf et les dessins acerbes et ambigus de Du Bois. À son arrivée à Hong Kong, Du Bois est submergée par une vague d’émotions, d’abandon, d’émerveillement, d’absorption, de surstimulation et d’aliénation, mais au milieu de tout cela, elle éprouve un étrange sentiment de reconnaissance. Ensemble, et parfois seuls, ils se sont plongés dans le biotope énigmatique des ruelles de la ville. Au cours de leurs explorations, Wolf lui a révélé des facettes cachées de la ville, telles que des salles lumineuses remplies de la ferveur des jeux d’argent. Ils marchent en silence et échangent des histoires, tentant d’articuler l’ineffable – les lumières, les couleurs, les émotions. Et au milieu de tout cela, ils savouraient les plaisirs simples, comme celui de trouver le tofu parfait dans diverses échoppes. Dans le chaos des rues de Hong Kong, Du Bois a cherché à s’immerger dans l’essence de la ville, à en absorber les images, les sons et les sensations, permettant ainsi au brouillard de se dissiper de son esprit. Alors que le temps passé ensemble touchait à sa fin, ils se sont assis sur le sol du studio du photographe, imaginant le livre qu’ils allaient créer, un témoignage de leurs expériences et de leurs souvenirs communs. Le livre de 160 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Hannibal Books.

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MASAHISA FUKASE – RAVENS – MADRID – OPENING

À l’occasion du festival PHotoESPAÑA 2024, le Circulos de Bellas Artes de Madrid accueille depuis ce soir une magnifique exposition du photographe japonais Masahisa Fukase (1934-2012). La série Karasu (Ravens) de Masahisa Fukase a été réalisée entre 1976 et 1982, à la suite du divorce entre l’artiste et sa femme Yoko Wanibe. Le récit visuel de la série tourne autour de la forme anthropomorphique du corbeau. Les paysages côtiers de Hokkaido servent de toile de fond à ses photographies profondément sombres et impressionnistes de nuées de sinistres corbeaux. Symbole de la solitude du photographe, cet oiseau de mauvais augure est également interprété comme une allégorie sinistre du Japon d’après-guerre. Ravens, par le biais de son imagerie envoûtante, continue d’inspirer les artistes et les écrivains d’aujourd’hui. Jusqu’au 8 septembre 2024.

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YASUHIRO OGAWA – INTO THE SILENCE

Né en 1968 à Chigasaki, Yasuhiro Ogawa vit et travaille à Tokyo. À l’âge de 23 ans, inspiré par le travail de Sebastiâo Salgado, il choisit la photographie comme mode d’expression artistique. Le voyage et le mouvement deviennent alors les moteurs de l’œuvre du photographe. Ogawa photographie souvent à travers les vitres embuées d’un train ou d’un bateau. Le monde qu’il capture semble pourtant calme, comme figé par le temps. Ces images au ralenti nous invitent à la contemplation de la beauté et à l’introspection. Après le succès de la première édition de son ouvrage Into the Silence paru en 2023, les éditions de Hong-Kong Blue Lotus Editions sortent une nouvelle édition reliée du livre. Cette série est une histoire visuelle inspirée par le livre Le Chemin étroit vers les contrées du Nord du poète japonais du XVIIème siècle Matsuo Bashõ, l’une des œuvres les plus influentes et les plus inspirantes de la littérature japonaise. Dans cette série de photographies, Yasuhiro Ogawa cherche à capturer l’essence du Tohoku, province reculée du Nord-Est du Japon de plus en plus désertée. Le dépeuplement de la région, l’isolement et la solitude de sa population sont perceptibles dans les trains vides, dans les intérieurs de bâtiments abandonnés, dans les paysages où le passage de l’homme a laissé ses traces, dans les rues désertes. La beauté de la nature de ces terres lointaines est sublimée par les intempéries que le photographe documente. Forêts dans la brume ou sous la neige, océans déchaînés, montagnes enneigées illustrent ce récit de voyage. Le livre de 100 pages, dévoilant un monde intemporel photographié de manière intimiste par Ogawa, comprend une préface de l’artiste et une postface de Sarah Green, directrice de la Blue Lotus Gallery. Il est maintenant disponible sur la boutique en ligne des édtions Blue Lotus Editions.

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EMMA KOHLMANN – WATERCOLORS

Emma Kohlmann, artiste visionnaire de renom, embrasse un processus créatif effréné et spontané, dépourvu de plans ou de restrictions prédéterminés. Guidée par le désir d’évoquer des ambiances spécifiques, elle puise dans son intuition et s’immerge dans un monde de symboles universels récurrents présents tout au long de son art. Ces symboles, tels que les oiseaux, les ouroboros, les figures androgynes, les araignées et les spirales, sont tous imprégnés de connotations expansive qui contribuent à la signification globale de l’œuvre de Kohlmann sans en porter seule la responsabilité. En quête d’expression authentique, l’artiste est attirée par le charme d’une esthétique naïve, la considérant comme un pur reflet de son subconscient. Elle s’inspire de l’essence poétique de l’inconscient, embrassant sa nature indomptée et instinctive. L’approche de Kohlmann remet en question les notions préconçues et les attentes sociétales, libérant ainsi son domaine artistique. Sa créativité coule librement, traçant un chemin unique. Le travail d’Emma Kohlmann captive par ses lignes et ses coups de pinceau intentionnels et significatifs, tissant une véritable atmosphère émotionnelle dans son art qui résonne à la fois avec elle-même et avec les spectateurs. Son processus créatif puise dans des humeurs pures, vécues à un niveau subconscient sans reconnaissance consciente. Les éditions américaines Anthology Editions publient aujourd’hui sa première monographie intitulée Watercolors. Contenant des centaines de sélections de 2011 à 2021, au cours desquelles Kohlmann a créé d’innombrables œuvres sur papier en utilisant des lavis d’encre japonaise Sumi-e et d’autres techniques, l’ouvrage est un aperçu d’une artiste qui travaille intuitivement pour générer des possibilités représentatives qui sont ludiquement étranges et résolument, passionnément libres. Le livre de 332 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Anthology Editions.

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TRENT PARKE – MONUMENT

Premier photographe d’origine australienne à être admis au sein de la prestigieuse agence Magnum, en 2007, Trent Parke est connu pour brosser un portrait brut et sans idéalisme de sa terre d’origine qu’il documente tous azimuts, depuis l’Outback rural jusqu’aux plus grandes villes côtières. Après le succès des deux premiers tirages de son nouvel ouvrage Monument, les éditions britanniques Stanley / Barker proposent un magnifique tirage final qui comprend plusieurs images inédites ajoutées récemment. Cette publication phare du photographe, est un portail par lequel nous assistons à la désintégration de l’univers sur 294 pages savamment imprimées. Cet impresionnant volume est minutieusement reliée à la main en cuir portant les coordonnées totémiques de la planète Terre, avec des feuilles de garde estampées à l’aveugle, des bordures peintes en noir et une plaque d’acier amovible qui, une fois enlevée, laisse le livre sans langage. Lorsque Trent Parke a quitté une petite ville de campagne australienne pour s’installer à Sydney, sa première impression a été le nombre impressionnant de personnes. Il prenait son appareil photo et partait à la découverte dès que l’occasion se présentait, fasciné par les cortèges interminables. « Quand j’ai emménagé à Sydney, en laissant toute mon enfance derrière moi, j’ai été fasciné par cette lumière qui transforme l’ordinaire en quelque chose de magique« , explique Parke. Aux heures de pointe, il observe les travailleurs de la ville qui se déplacent en masse, marchant tous sur le grand tapis roulant de la vie. Dans un état de transe, ils suivent le même chemin jour après jour, semaine après semaine, année après année… ils pointent, tous sous l’emprise de la ville. Parke se tenait à la lisière de la vague, à l’extérieur d’un nouveau monde, regardant à l’intérieur. Comme s’il observait une espèce nouvellement découverte. Réunies dans l’ouvrage, ces silhouettes prises en vitesse lente apparaissent tels des spectres. Un travail dont la dimension métaphysique interroge, estime-t-il, la place de l’homme dans le cosmos. L’excellent livre de 296 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Stanley / Barker.

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MAGNUM SQUARE PRINT SALE 2024 – FABLE

La nouvelle Magnum Square Print Sale ‘Fable’, en partenariat avec le magazine Granta, se déroule du lundi 29 avril au dimanche 5 mai 2024. Chaque photographe participant offre sa propre interprétation du thème. La vente comprend plus d’une centaine de tirages réalisés par certains des plus grands photographes de notre époque. Les tirages, 15,2×15,2cm, de qualité muséale, signés ou tamponnés par l’estate, sont en vente pour 7 jours seulement, à 120 € sur le site magnumphotos.com/shop/.

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OLE CHRISTIANSEN – MY VIEW

Né en 1955, le photographe danois Ole Christiansen est considéré comme l’un des photographes les plus estimés du Danemark. Il est connu pour ses photos à la une du magazine Euroman, ses portraits de Leonard Cohen, Iggy Pop, Yoko Ono et autres, ainsi que pour les nombreuses pochettes de disques qu’il a réalisées pour des musiciens. Depuis son petit balcon de Scharlingsvej à Valby (Danemark), Christiansen a choisi comme sujet pour son nouvel ouvrage My View publié par les éditions BOOK LAB, le coin de rue le plus proche, en diagonale. Une position classique si l’on veut avoir une vue d’ensemble depuis le troisième étage. Mais avec son zoom, le photographe se rapproche des gens qui apparaissent soudain en contrebas de l’appartement. On y distingue du macadam et des plaques de fer, des voitures garées et des promeneurs de chiens. Une variation incroyable dans les activités des gens et dans l’empreinte qu’ils laissent sur le monde lorsqu’on observe un coin de rue avec autant de persévérance que Christiansen l’a fait pendant six mois à cette adresse. Le ciel apparaît de façon spectaculaire sur certaines photos, et dans l’image suivante, une femme inquiète qui attend est serrée dans ses bras. Un portrait se transforme en scène de rue, et une scène de rue se transforme en paysage. Il n’y a pas beaucoup de plantes à voir en hauteur. Mais on peut alors tourner son regard vers la vie qui grouille, comme l’a fait Ole Christiansen. Ici, c’est un terrain de jeu pour les enfants. Un espace intérieur à l’abri de la circulation qui caractérise la sauvagerie des rues. Et les riverains et les voisins. Ils existent, même si on ne les voit pas toujours. Un chat à la fenêtre. Un oiseau sur le toit. Des sujets banals qui sont presque impossibles à considérer, mais qui deviennent des monuments graphiques à travers l’objectif d’Ole Christiansen. En quelques mouvements de caméra, le photographe parvient à raconter une histoire cohérente qui s’étend au-delà de l’espace limité de la scène. Le livre de 120 pages, qui comprend un essai du journaliste Erik Steffensen, est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions BOOK LAB.

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TODD HIDO – THE END SENDS ADVANCE WARNING

Depuis plus de 25 ans, Todd Hido élabore des récits à travers des scènes de banlieue informes et mystérieuses, des paysages désolés et des portraits cinématographiques. Indépendamment de son titre, ce livre traite de l’espoir et de la beauté, et des raisons pour lesquelles nous les recherchons si désespérément à l’heure actuelle. Pour ses dernières images, il est allé jusqu’aux îles Hawaï et à leurs opposés météorologiques, aux rives de la mer de Béring et aux fjords nordiques au-dessus du cercle polaire. Malgré cette diversité géographique, le photographe américain capture des lieux à la fois familiers et inconnus, accueillants et inquiétants. Avec cette nouvelle monographie publiée par les éditions Nazraeli Press (Royaume-Uni, États-Unis), Hido reprend le flambeau de son précédent ouvrage, Bright Black World, en présentant quelque 80 nouveaux clichés de paysages inédits. The End Sends Advance Warning est magnifiquement imprimé sur du papier d’art à fort grammage et relié en lin imprimé en offset. L’ouvrage comprend également 9 photographies encartées imprimées sur du papier d’art Kasadaka, ainsi que des livrets encartés. Todd Hido souligne que ce projet n’est pas un hommage au désespoir, mais un plaidoyer pour reconnaître les petits moments de beauté et faire face aux changements en cours avec espoir et grâce, en particulier dans les moments les plus sombres. La série remet en question les conventions de la photographie de bord de route, un genre exploré depuis les années 1950 par des sommités telles que Robert Frank, William Eggleston et Lee Friedlander, qui se sont collectivement attachés à capturer l’essence de l' »Amérique ». Contrairement à ses prédécesseurs, Hido maintient un point de vue à l’intérieur de son véhicule, insufflant de l’énigme, du détachement et du désir dans son travail. L’ouvrage de 104 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Nazraeli Press ainsi que chez Setanta Books.

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TEJU COLE – PHARMAKON

Écrivain, historien de l’art et photographe, Teju Cole est né en 1975 aux États-Unis et a grandi au Nigeria, d’où ses parents sont originaires. Il vit aujourd’hui à Brooklyn et est critique photo pour le New York Times Magazine. Il a également écrit pour le New York Times, the New Yorker, Granta et Brick. Salman Rushdie le tient pour « un des écrivains les plus talentueux de sa génération ». Les éditions britanniques MACK publient aujourd’hui Pharmakon, son nouvel ouvrage mêlant photographies et textes. Le titre Pharmakon est un mot grec qui signifie médicament, poison ou bouc émissaire, et dont le mot « pharmacie » tire son origine. Cole semble donc capitaliser sur l’idée que l’art peut être considéré, tour à tour, comme curatif, que ce soit par l’évasion ou le commentaire social. Rassemblant une séquence de photographies subtiles et inquiétantes avec une douzaine de nouvelles compactes, Pharmakon est une nouvelle œuvre surprenante de l’esprit singulier de Teju Cole. Les images sont entrecoupées de textes qui émergent comme des signaux intimes de notre époque de crise, exploitant davantage l’exquise maîtrise linguistique qui caractérise les romans de Cole, Open City (2011) et Tremor (2023). Le résultat est une œuvre d’une étrange beauté qui surprend et console à parts égales. Les photographies ont été prises à travers le monde et prolongent le point de vue oblique qu’il a développé dans Fernweh (2020). L’artiste explique: « J’ai commencé à écrire les histoires au début de l’année 2022. Je ne sais pas vraiment pourquoi. J’approchais de la fin de l’écriture de mon roman Tremor. Il y avait des choses que je devais explorer et qui ne faisaient pas vraiment partie de l’univers de ce roman. J’ai donc commencé à écrire ces courtes histoires. Elles sont arrivées lentement, environ une par mois. Même si elles sont très courtes, elles ont une sorte de compression et d’intensité que je n’avais jamais eues dans mon travail auparavant, ce qui était passionnant. Il est toujours excitant de découvrir que l’on peut encore se faire peur. J’étais conscient, avec les histoires, que je convoquais les mêmes énergies gnomiques et divinatoires qui avaient été à l’origine des photographies. Mais, ce n’est que bien plus tard, après avoir eu une douzaine d’histoires en main, que je me suis rendu compte qu’elles appartenaient aux photographies. Je me demande d’ailleurs si d’autres verront cette parenté entre eux, entre les histoires et les photographies. Elle est là, mais elle n’est peut-être pas immédiatement apparente. » Le livre de 200 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions MACK.

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MARK POWER – GOOD MORNING, AMERICA (VOLUME FOUR)

Au cours de ces douze dernières années, le photographe Mark Power – membre de la célèbre agence Magnum depuis 2007 – a parcouru les États-Unis pour créer le récit visuel complexe d’un pays en pleine mutation. Publié par les excellentes éditions britanniques GOST Books, ce nouveau livre, Good Morning, America (Volume IV), poursuit l’exploration personnelle et pertinente du paysage naturel et culturel américain, et de la divergence entre la réalité et le mythe. Power a lentement parcouru le Kansas, le Missouri, l’Iowa, le Nebraska et le Wyoming avant de retourner dans le Colorado. Lors d’un voyage ultérieur, il s’est rendu en Alaska, puis a effectué un autre long voyage dans le Connecticut, le Massachusetts, le New Jersey et le nord de l’État de New York. Ce nouveau livre comprend certaines de ces nouvelles images, ainsi que celles prises lors des voyages précédents. Power a décrit le processus comme « l’assemblage d’un puzzle vaste et compliqué, sans avoir la moindre idée de ce que sera l’image finale ». Chaque livre de la série a représenté un changement d’humeur ou de ton. Dans ce nouveau livre – l’avant-dernier de la série -, la présence humaine est subtilement passée de la périphérie ou de l’accessoire dans le paysage à une partie plus intégrante de certaines images. Le ton du livre est plus optimiste que précédemment, et la présence humaine atténue le sentiment d’isolement si souvent présent dans les vastes paysages. Publié dans une édition limitée à 1500 exemplaires, le livre de 166 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions GOST Books. Une édition spéciale limitée à 100 exemplaires signés par l’artiste et contenant un cliché numéroté et signé est également disponible ici.

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