Depuis les années 1970, la photographe néerlandaise Bertien van Manen réalise des photographies intimes et poignantes de scènes banales, réalisées lors de longs voyages en Europe, en Amérique, en Chine et dans l’ex-Union soviétique. Van Manen s’est imposée comme une voix unique dans la photographie documentaire, son langage visuel empreint d’empathie et de respect pour la vie quotidienne de ses sujets. Les éditions néerlandaises Fw:Books publient aujourd’hui son nouvel ouvrage intitulé I am the only woman there. Bertien van Manen photographie dans les années 1970 des femmes immigrées et des épouses d’immigrés qui s’installent aux Pays-Bas dans le cadre du regroupement familial. Elle réalise le portrait de femmes turques, marocaines, tunisiennes, espagnoles, yougoslaves, portugaises, grecques et italiennes. À la maison, au travail, lors de fêtes et d’activités de loisirs, elles luttent souvent pour survivre dans une culture étrangère. Ces photographies ont donné lieu à son premier livre Vrouwen te Gast, publié en 1979. En 2024, la photographe revisité ses propres clichés et textes pour réaliser une nouvelle édition, plus contemporaine, de son premier ouvrage. Pour cette nouvelle version, elle a actualisé le livre original en y ajoutant de nouvelles photographies découvertes dans ses archives et de nouveaux textes, de sa main et de celle de Kim Knoppers. Le volume de 160 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Fw:Books.
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STILLNESS (NORM ARCHITECTS)
Norm Architects est un studio fondé en 2008 et basé à Copenhague, qui travaille dans les domaines de l’architecture, des intérieurs, du design et de la photographie. Leurs réalisations, à la fois sensorielles et simples, visent à trouver un équilibre entre richesse et retenue, et entre ordre et complexité. S’appuyant sur des siècles d’échanges culturels entre le Japon et la Scandinavie, les années de collaboration étroite de Norm Architects avec des designers japonais ont façonné leur philosophie en matière de design. Publié par les éditions berlinoises Gestalten, Stillness présente des archives richement illustrées de visites de paysages, d’architectures et de sites culturels japonais, mettant en lumière l’influence des traditions japonaises sur les projets contemporains du studio, tels que le restaurant Äng en Suède ou la Heatherhill Beach House au Danemark. En juxtaposant des images du Japon avec les travaux de Norm Architects, le livre met en évidence les liens séculaires entre les deux cultures distinctes de conception, en soulignant le respect mutuel et les philosophies partagées. Les observations des collaborateurs experts des deux régions permettent de comprendre en profondeur les principes clés de la conception. À la fois ode au Japon, carnet de voyage personnel et manifeste esthétique, Stillness emmène les lecteurs sur les traces du cabinet Norm Architects qui, pendant dix ans, ont cherché à comprendre l’une des cultures créatives les plus vénérées au monde. Ce très bel ouvrage de 304 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Gestalten.
DAVID KATZENSTEIN – DISTANT JOURNEYS
Le photographe new-yorkais David Katzenstein a parcouru le monde tout au long de son aventure artistique, se faisant chroniqueur visuel de l’humanité. En utilisant le sujet, la lumière et la composition pour créer un dynamisme visuel, il prépare le terrain pour que le spectateur soit dans l’instant avec lui. Son objectif est de permettre aux spectateurs de vivre une scène à travers ses yeux, comme s’ils se trouvaient à ses côtés. Imprégné de la tradition de la photographie documentaire, Katzenstein imprègne son travail d’immédiateté, d’engagement émotionnel et d’un profond respect pour ses sujets. Les photographies rassemblées dans l’ouvrage Distant Journeys, publié par les éditions allemandes Hirmer Publishers, représentent le voyage artistique de Katzenstein, qui a duré toute sa vie. En allant dans de nombreuses régions du monde, il a fait l’expérience directe d’autres cultures et d’autres peuples. Les images présentées ici ont été tirées d’un corpus beaucoup plus vaste, dans l’espoir de créer un voyage à travers les voyages pour le spectateur. Le photographe a visité trente-sept pays en quarante-neuf ans. Ce qui a commencé comme un moyen de combiner ses deux passions – la photographie et le voyage – s’est transformé en une chronique visuelle de l’humanité. Imprégné de la tradition de la photographie documentaire, Katzenstein imprègne son travail d’immédiateté, d’engagement émotionnel et d’un profond respect pour ses sujets. Il emmène le spectateur avec lui dans ses voyages, partageant des moments publics et privés de façon directe. Le photographe explique: « Il m’est difficile de me rappeler quand la passion de la découverte est entrée dans ma conscience pour la première fois. Il s’agit peut-être du lointain souvenir d’avoir serré le dos de mon père à l’âge de trois ans, alors que nous partagions la selle d’une sémillante jument grise sur une plage de Cuba. Ou encore l’excitation et la peur ressenties à l’âge de sept ans en regardant, du haut d’un précipice en Norvège, une chute d’eau rugissante s’écraser dans la mer 500 mètres plus bas. S’il y a eu un événement unique qui a déclenché une vie d’exploration, il est probablement aujourd’hui mélangé à d’innombrables expériences de voyages lointains. La collection de photographies présentée dans cette série a été éditée à partir d’un ensemble de travaux beaucoup plus vaste, et l’intention n’est pas d’être exhaustif, mais plutôt de créer un voyage à travers les voyages pour le spectateur. » Le livre de 184 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Hirmer Publishers.
KYLER ZELENY – BURY ME IN THE BACK FORTY
Bury Me in the Back Forty est le successeur très attendu des livres à succès Out West et Crown Ditch du photographe canadien Kyler Zeleny et le dernier chapitre de sa trilogie sur les Prairies, publié par les éditions allemandes The Velvet Cell. Depuis une dizaine d’années, il documente sa ville natale, une communauté rurale des Prairies canadiennes aux profondes racines ukrainiennes, qui compte 915 habitants. Partant de l’idée que l’histoire d’un lieu évolue avec le temps, Zeleny a utilisé ses propres photographies, des objets récupérés, des archives de la communauté et des histoires oubliées pour réviser le livre d’histoire de la communauté datant de 1980. Ces documents et ces souvenirs s’enchevêtrent pour raconter une histoire intime de la ruralité. Le projet est à la fois un document, une enquête, une performance et une transgression. C’est une illusion cartographique, un album communautaire qui contient non seulement les roses mais aussi les nombreuses épines attachées à chaque tige. Il résume les vertus et les vices collectifs que l’on trouve au cœur de tout lieu complexe sur le point de disparaître. Plus important encore, il s’agit simplement d’une histoire enregistrée, remémorée et reconfigurée – un portrait stratifié de la vie dans une petite ville qui est à la fois unique et universel. Il en ressort le stoïcisme d’un lieu, une existence vécue, qui rugit parfois et souffre si discrètement à d’autres moments. Il ne s’agit pas d’un document simple, il est destiné à exciter, à émerveiller, à déconcerter, à ennuyer et, surtout, à être revisité. Il s’agit d’un récit fugace. Un lieu où le folklore et l’alchimie se mêlent à la communauté pour créer un récit collectif, quoique paradoxalement disjoint, de la vie dans les prairies. Une sorte de collisionneur de particules communautaire, qui force les récits à se rencontrer, à fusionner, à se frotter les uns aux autres jusqu’à ce que quelque chose de nouveau et d’indiscernable émerge, qu’il s’agisse de récits réels ou imaginaires. Ces collisions créent un entre-deux, une communauté imaginée. Bury Me est à la fois une machine à remonter le temps et une capsule temporelle qui nous guide vers l’un des nombreux destins qui attendent le monde rural, marquant ses constellations, nous indiquant quand il est temps de grandir et, plus important encore, quand il est temps de s’endormir et de mourir. Le livre de 168 pages, édité à seulement 600 exemplaires, est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions The Velvet Cell.
SHERRIE NICKOL – SHERRIE NICKOL
Sherrie Nickol est une photographe basée à New York. Elle a grandi à Osceola en Arkansas, et a fréquenté l’Université de Cincinnati et le Centre international de photographie, où ses études étaient centrées sur la photographie de portrait et de reportage. Les projets récents se sont concentrés sur la jeunesse, les personnages dans les espaces publics, des scènes d’été et des portraits de danseurs. La photographe capture des relations, des environnements et la vie quotidienne, à la fois intime et publique. Son premier livre, intitulé Sherrie Nickol et publié par les éditions allemandes Hirmer Publishers, nous emmène dans un voyage à travers le temps et l’espace. Cette nouvelle publication étonnante organise des scènes de familiarité, de domesticité, d’espaces publics et de vie privée en cinq sections distinctes. De By the Water, qui montre les jeunes dans leur environnement naturel, à Crowdscapes, qui capture la dynamique et la vie dans la foule, chaque chapitre offre une perspective différente sur la jeunesse. Par le biais du portrait et de la photographie de rue, Nickol a développé un corpus d’œuvres qui démontre son talent pour capturer la beauté dans la vie quotidienne domestique et urbaine en tant que membre d’une foule, l’essence de la narration dans chaque cliché. Les scènes n’ont pas d’époque définie mais évoquent l’ambiance d’une décennie révolue. À travers plus de 150 images en couleur et en noir et blanc, Nickol présente ses portraits de jeunes femmes, démontrant une sincérité dans son approche qui fait tomber les barrières et lui permet de se connecter profondément avec ses sujets. Le live de 208 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Hirmer Publishers.
KJETIL KARLSEN – WATCHING THE SILENCE
Kjetil Karlsen est un photographe du nord de la Norvège qui capture l’essence de l’influence de la nature sur les émotions humaines et l’expérience humaine collective. Il utilise une gamme variée de techniques photographiques analogiques et numériques et met l’accent sur l’authenticité en utilisant l’éclairage naturel pour capturer ses sujets. Karlsen s’inspire de la profondeur des émotions humaines et explore les thèmes de la vulnérabilité et du lien inhérent entre les individus et leur environnement naturel. Publiée par les éditions norvégiennes Skeleton Key Press, la première monographie de Kjetil Karlsen, Watching the Silence, invite le lecteur à s’aventurer dans les paysages isolés et reculés du nord de la Norvège, vus à travers l’objectif singulier de l’artiste. Ici, les expériences de vie de Karlsen sont distillées dans un monde qui est à la fois familier et intrigant. Le livre présente près de 90 clichés en noir et blanc, répartis en six chapitres et imprimés dans des tons sombres, riches et froids qui capturent la beauté et les extrêmes des éléments distincts du Grand Nord. Les photographies de Karlsen servent de passerelles vers des thèmes mythologiques et psychologiques, dévoilant le lien profond entre le corps, l’âme et la nature. Comme le décrit avec éloquence Arno Rafael Minkkinen, le célèbre photographe dont l’avant-propos ouvre le livre, Watching the Silence est « une sorte de visite non guidée par des fantômes, des vagabonds unijambistes et des étrangers sans âme qui exécutent leurs cascades défiant la gravité, réalisent de tendres accouplements et déploient leurs énergies psychiques dans un paysage énigmatiquement désolé, mais guère hostile ». Le photographe explique quant à lui : « Lorsque je crée, je suis entièrement tributaire de la lumière. Cependant, je cherche à exprimer des émotions universelles issues du silence profond qui règne en nous, tout au fond de l’échelle des gris. Nous portons tous cette noirceur, mais la plupart d’entre nous essaient de l’éviter à tout prix. J’aime la lumière et la joie, mais la lumière ne serait pas aussi précieuse sans la mélancolie de l’obscurité. C’est comme l’euphorie d’un nouvel été après un hiver long, sombre et froid ici dans le nord. » Le livre de 152 pages, avec un tirage limité de 500 exemplaires, est maitenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Skeleton Key Press.
INUUTEQ STORCH – NECROMANCER
Inuuteq Storch est un jeune photographe originaire du Groenland, où le paysage et le climat sont des éléments déterminants et où la nature règne sur les rythmes de la vie. Les images personnelles, poignantes et parfois surréalistes de Storch documentent le monde qui l’entoure et les personnes qui y vivent, que ce soit à New York, comme dans son livre de photos Flesh, ou dans sa ville natale de Sisimiut, qui est le point central du livre Keepers of the Ocean (voir ici). Le fil conducteur de l’œuvre de Storch est son héritage. Il cherche à créer des récits à partir d’une perspective groenlandaise et à offrir ainsi aux autres un aperçu du Groenland d’hier et d’aujourd’hui. Son nouveau livre publié par les éditions Marrow Press, Necromancer, explore plus particulièrement la société groenlandaise pendant le Covid. Storch s’intéresse ici aux effets et aux conséquences d’une pandémie sur une société comme celle du Groenland. Les images ne sont pas des archives classiques (et ne proviennent pas uniquement du Groenland), mais plutôt des aperçus arbitraires d’émotions et d’atmosphères, imprégnés d’une intimité et d’une mélancolie qui semblent fortement liées à la spiritualité. Pendant la création du livre, la fascination de Storch pour l’occultisme et le lien entre les mondes physique et spirituel s’est accrue – d’où son titre, Necromancer. Parallèlement, les images sont nées du contexte post-apocalyptique d’une pandémie mondiale, de ses conséquences personnelles accablantes et du sentiment d’être seul au monde. Comme toutes les œuvres de Storch, le livre possède une veine poétique distincte qui invite les lecteurs à s’immerger dans l’agitation de Storch ou à s’appuyer sur les images pour créer leurs propres récits. Ce livre consolide la position de Storch comme l’une des voix les plus importantes de sa génération dans le domaine de la photographie artistique et révèle un monde de mysticisme, de relations, d’isolement, de désir, d’amour et de complexité. Le livre est une manifestation convaincante du regard unique que Storch porte sur lui-même et sur son environnement, nous invitant à regarder de plus près la culture groenlandaise – vue à travers les yeux des Groenlandais. Le livre de 224 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions danoises Marrow Press.
KAREN KNORR – COUNTRY LIFE
Figure emblématique de la photographie contemporaine, Karen Knorr appartient à une génération d’artistes ayant remis en question la nature de la photographie. Américaine née à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, elle a grandi à San Juan, à Porto Rico, dans les années 1960 et a fait ses études à Paris et à Londres. L’œuvre de Knorr a développé un dialogue critique et ludique avec la photographie, utilisant différentes stratégies visuelles et textuelles pour explorer son sujet, en se concentrant sur des thèmes qui vont de la famille et du style de vie à l’animal et sa représentation dans un contexte muséal. Knorr utilise la photographie pour explorer les traditions culturelles occidentales, des clubs de gentlemen de Saint James aux élégantes maisons de campagne palladiennes, présentant et commentant la société britannique. Son travail entretient constamment un dialogue critique avec l’art conceptuel, la culture visuelle, le féminisme et les études sur les animaux. Série commandée à l’origine par la Photographers’ Gallery pour une exposition collective intitulée Britain in 1984, Country Life de Karen Knorr – aujourd’hui publié par les éditions Stanley / Barker – explore les attitudes de l’aristocratie britannique dans les années 1990 à travers l’image et le texte. Les images raffinées de Knorr ont été prises à Londres, en Écosse et dans l’Oxfordshire, dans des intérieurs privés et des jardins aménagés selon les canons pittoresques du dix-huitième siècle. Sa série rassemble un certain nombre d’indices à la manière d’un détective présentant des propositions qui, ensemble, mènent à l’exposition d’une petite partie de la société, qui, bien que peu nombreuse, reste indubitablement puissante et influente dans l’Angleterre de 1984. La photographe explique: « Bien que l’on m’ait demandé de documenter les changements créés par les nouvelles technologies, j’ai plutôt choisi de me référer aux attitudes et aux activités de la noblesse terrienne britannique, des aspects de la Grande-Bretagne de 1984 qui avaient peu changé. Country Life, comme mes œuvres précédentes Belgravia (1979-81) et Gentlemen (1981-83), parodie les attitudes de classe, les idées reçues des années 1980 sous le Thatchérisme. (Cette série diffère en ce sens que je m’approprie les genres de la nature morte et du paysage pour tracer les traces de la classe de loisir. La nature, comme les objets photographiés, est une propriété. Les objets à l’intérieur et à l’extérieur servent à commémorer les histoires familiales passées. En observant Country Life aujourd’hui, on constate que le développement de la société sans classe du travail est encore un projet auquel il faut aspirer. Les réseaux sociaux fondés sur la faveur, les privilèges et les accidents de naissance perdurent en dépit des nouvelles technologies et du progrès ». Le livre est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions britanniques Stanley / Barker.
JERRY HSU – THE BEAUTIFUL FLOWER IS THE WORLD
Après une carrière prolifique en tant que skateur professionnel, Jerry Hsu a entamé une nouvelle période de sa vie en tant que propriétaire, directeur artistique, team manager de la marque florissante Sci-Fi Fantasy, et photographe de renom. Après le succès de la première édition du livre The Beautiful Flower is the World du photographe californien sortie en 2019, les éditions américaines Anthology Editions publient une seconde édition de l’ouvrage. Le légendaire skateur et artiste a lancé son blog NAZI GOLD en 2009 pour y déposer les photos de téléphones portables qu’il collectionnait parallèlement à ses activités photographiques et cinématographiques plus traditionnelles : clichés d’amis et d’inconnus, curiosités routières et tout ce qui semblait mériter d’être partagé instantanément avec ses pairs et le grand public. Au cours des années qui suivirent, le site passa d’un exercice de prise de notes visuelles à une incarnation hystérique unique du sens artistique aigu de Hsu et de son esprit acéré. Documentant ses voyages à travers les hauts et les bas de notre culture, le travail de Hsu capture tout, des t-shirts bootlegs aux graffitis dans les toilettes, en passant par les vérités inattendues et les moments d’humanité surprenants qui surviennent occasionnellement. Le photographe explique: « J’ai aimé le fait que ce soit évident : les photos de téléphone portable étaient suffisamment mauvaises », explique Jerry Hsu. « Ce que je préfère, c’est qu’elles ne ressemblent ni à une pellicule, ni à une bonne photo numérique. Je pense qu’elles ont informé l’époque. Les photos sont destinées à être envoyées à un autre téléphone et la qualité se dégrade à chaque fois que vous les envoyez, que vous les publiez et que vous les affichez sur votre bureau. Il y a là quelque chose qui me plaît – elles ne sont pas vraiment destinées à survivre ». Chronique d’une créativité infaillible et d’une intelligence sans fin des ironies profondes de notre monde moderne, The Beautiful Flower Is the World rassemble le meilleur des photographies du blog de Hsu en un ensemble captivant et immersif. Le livre de 286 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Antholoy Editions.
JACK LUEDERS-BOOTH – WOMEN PRISONER POLAROIDS
En 1970, Jack Lueders-Booth a quitté sa carrière commerciale à 35 ans pour se consacrer à la photographie. Il a enseigné la photographie à l’Université de Harvard de 1970 à 1999, où il a été nominé trois fois pour le Harvard Joseph P. Levinson Memorial Award for Outstanding Teaching. À l’automne 1977, il commence à enseigner la photographie aux détenues du MCI Framingham, une prison pour femmes. Au cours des dix années passées dans l’établissement, il a réalisé une série d’images Polaroid en collaboration avec les femmes qui vivaient dans la prison. 32 de ces images sont présentées dans ce nouveau livre publié par les éditions britanniques Stanley / Barker, accompagnées de récits oraux et de poèmes recueillis à l’époque par le photographe. Fondé en 1878, le MCI Framingham a été ouvert pour accueillir les femmes incarcérées pour avoir donné naissance à un enfant hors mariage (le crime de Hester Prynne dans le roman de Nathaniel Hawthorne de 1850, La lettre écarlate). Quelques années plus tard, le centre de détention de Framingham a commencé à incarcérer des femmes pour vol à l’étalage, prostitution organisée, consommation et trafic de stupéfiants, vol à main armée, maltraitance d’enfants et meurtre. De nombreuses femmes incarcérées à Framingham ont été condamnées pour avoir aidé leur mari ou leur petit ami à commettre des crimes. Au milieu des années 70, l’établissement pénitentiaire faisait partie d’une expérience de normalisation en cours qui visait à atténuer les conséquences psychologiques de l’incarcération. Dans les images de Booth, ni les détenus ni les gardiens ne portent d’uniforme, les cellules ressemblent à des dortoirs et les détenus peuvent les meubler et les décorer dans le respect des directives. Les détenus de sexe masculin ont été introduits, constituant 20 % de la population carcérale. Booth explique: « Mon séjour devait se terminer en 1979, mais j’avais alors commencé à photographier ces femmes, et ce qui avait débuté à leur demande a fini par m’occuper personnellement et pleinement. J’ai souhaité continuer et je l’ai fait, en restant au MCI de Framingham pendant encore 7 ans, à photographier, tout en donnant des cours aux détenues qui s’intéressaient toujours à la photographie ». Le livre, décliné en quatre couvertures différentes, est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Stanley / Barker.
LOLA & PANI – BUMPS
À l’occasion de l’exposition de Lola Paprocka and Pani Paul à la galerie londonienne 10 14 Gallery, les éditions Palm* Studios publient Bumps, le nouvel ouvrage du duo de photographes établis à Londres. Réalisé au cours d’une décennie, ce nouveau corpus explore les joies et les difficultés de l’adolescence, y compris la quête apparemment sans fin d’identité, de sens et d’appartenance. Rassemblant des portraits et des paysages, l’ouvrage, co-édité par l’ancien rédacteur en chef d’i-D Alastair Mckimm et dirigé par Jonny Lu, présente une exploration de l’adolescence à la fois ludique et poignante. Dans les images prises entre la Pologne et l’Australie (les pays respectifs des deux photographes), mais également le Royaume-Uni, les États-Unis et la Serbie, on peut voir les sujets tenir des téléphones cassés, se raser la tête les uns les autres et montrer des coupures sur leur peau. Les récits implicites sont d’une grande sincérité et trouveront un écho chez de nombreux lecteurs, leur rappelant une époque à la fois insouciante et marquée par l’insécurité. Cette dichotomie de la jeunesse se retrouve tout au long de Bumps, et le duo affirme que le fait d’avoir documenté cette période au cours des dix dernières années leur a donné beaucoup d’espace pour réfléchir à leurs propres expériences formatrices. Lola explique: « L’adolescence recèle tant d’expériences, tant d’énergies à photographier. Nous voulions que le livre soit perçu comme une explosion de souvenirs. » Le livre de 134 pages, conçu avec un reliure à plis français, est limité à 750 exemplaires et est disponible sur la boutique en ligne des éditions britanniques Palm* Studios.
CHRIS KILLIP – SKINNINGROVE
Les efforts continus de Chris Killip pour mettre en valeur et documenter la vie des personnes touchées par les changements économiques dans le nord de l’Angleterre, tout au long des années 1970 et 1980, ont fait de lui l’une des figures les plus influentes de la photographie britannique. Les éditions Stanley / Barker publient aujourd’hui un nouvel ouvrage du photographe, Skinningrove, la dernière publication à laquelle Killip a travaillé avant son décès en 2020. Le village de Skinningrove se trouve sur la côte nord-est de l’Angleterre. Caché dans une vallée escarpée, il s’éloigne de la route principale et fait face à la mer du Nord. Les photographies de Chris Killip réalisées entre 1982 et 1984 sur cette communauté ouvrière farouchement indépendante, sont probablement son œuvre la plus intime. Le photogrape explique: «Comme beaucoup de communautés de pêcheurs très soudées, elle peut être hostile aux étrangers, en particulier à ceux qui possèdent un appareil photo. “Now Then” est la salutation standard à Skinningrove ; un substitut difficile au plus habituel « Hello ». L’endroit avait un avantage certain, et il a fallu du temps pour que cet étranger soit toléré. Mon plus grand allié pour me faire accepter était Leso (Leslie Holliday), le plus extraverti des jeunes pêcheurs. Leso et moi n’avons jamais parlé de ce que je faisais là-bas, mais lorsque quelqu’un remettait en question ma présence, il intercédait et se portait garant de moi en disant : « Il est OK ». Cette simple approbation suffisait. J’ai photographié pour la dernière fois à Skinningrove en 1984, et je n’y suis pas retourné pendant trente ans. Lorsque j’y suis retourné, j’ai été choqué par l’ampleur du changement, car seul un bateau pêchait encore. Pour moi, la raison d’être de Skinningrove était liée à son obsession collective pour la mer. Les pêcheurs de Skinningrove pensaient que la mer qui s’étendait devant eux était leur territoire privé, à eux seuls. Sans l’énergie compétitive issue de la pêche, l’endroit semblait n’être qu’un pâle reflet de ce qu’il était auparavant ». Connu pour sa passion pour les livres de photographie, Killip a supervisé tous les éléments de ce livre, qui présente de nombreuses images inédites. Il est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Stanley / Barker.